3.C.13. Conclusion

3.C.13. Conclusion du chapitre et introduction aux exemples géographiques :

La confrontation du schéma de questionnement aux 15 exemples ci-dessus montre la convergence des approches de chercheurs issus d’horizons variés. Il semble donc bien que les cinq réalités qui se retrouvent dans toute expérience ont un caractère universel. Il aurait été possible en plus de ces 15 exemples d’en citer beaucoup d’autres. Chacun pourra trouver dans son expérience et dans ses références de nombreux autres exemples. Chacun vérifiera pour lui-même la pertinence des liens, des formulations, et la consistance de chacune des cinq réalités d’expérience. Il y mettra ses propres mots : il ajoutera un point de vue particulier, un « angle de vue » (Rodrigo Vidal-Rojas), une perspective, … mais la réalité reste la même. On verra que ce constat s’explique par la nature ontologique forte de chacune de ces réalités, déchiffrée dans le schème organique (c’est là le plus grand apport de Whitehead à la compréhension du réel).

La réponse à la question « Pourquoi ces 5 réalités-là et pas d’autres ? et pourquoi dans cet ordre-là ? » est donc désormais étayée de nombreux exemples pratiques, issus de la réalité, d’études de cas. On peut affirmer que les cinq réalités d’expérience n’ont rien d’arbitraire. On retrouve bien ces cinq réalités-là dans l’ordre ou le désordre dans toutes les approches, sachant que toutes les démarches plus approfondies sur les « étapes » (Calame, 1995), les « phases » (A.N.Whitehead, 1929), les « directions » (Degermann, 2003), les dimensions (Vidal-Rojas, 2002) … donnent le même ordre logique. Il semble bien que « le fil directeur du lac Suisse » (Calame, 1995) ait effectivement quelque chose d’universel, pour la gouvernance des territoires, du local au global.

Mais comment sont articulées dans le détail ces réalités ? Qu’est-ce qui les « fait tenir » ensemble ? Comment expliquer leurs liens ? Comment détailler ces liens ? C’est ici que nous allons voir comment la pensée organique peut apporter un éclairage décisif. A.N.Whitehead a en effet détaillé toutes les articulations des phases entre elles. Il a puisé dans son expérience et dans le réel, mais il n’a donné que les résultats de synthèse. Tout ce chapitre 3 (et le chapitre 4 qui va suivre) semblent être autant d’exemples qui montrent la pertinence de son analyse.

Nous verrons en partie II comment dans l’approche organique ce processus d’émergence du changement est ni plus ni moins que la structure même de la réalité ultime du monde : « Chaque entité répète en microcosme ce que l’univers est en macrocosme »[1]. Le fait d’articuler les réalités de la dynamique de transformation des territoires dans un procès organique macroscopique et microscopique permettra de sortir de la dichotomie entre matériel et idéel. En effet, le « matériel » est constitué d’occasions d’expérience successives qui sont des procès de concrescence dans leur constitution interne et un procès de transition pour leur constitution externe. L’interne et l’externe sont indissociable­ment liés dans la succession des procès de concrescence.

Entrons donc maintenant dans la confrontation avec les expériences professionnelles …

[1] Alix Parmentier, PhW, 1968, p.284.

3.C.12. Autres confrontations

3.C.12. Autres confrontations

Ci-avant, 15 références sont déjà examinées. Cette rubrique est laissée ouverte aux exemples du lecteur, pour confronter lui-même ses références, ses auteurs, ses réseaux de référence au schéma de questionnement. Il suffit d’un seul exemple qui ne vérifie pas le schéma pour que celui-ci soit à modifier ou compléter …

3.C.11. A.I.T.F.

3.C.11. Confrontation avec l’AITF

Le schéma de questionnement a été à la base de la production de « fiches d’expérience » pendant les rencontres et les Congrès de 1999 à 2004. Vingt-cinq fiches d’expérience ont été présentées au Congrès AITF Grand-Est de Montbéliard en 2001. Les actes du Congrès ont été publiés sous forme de CDROM, joint en annexe. L’ensemble de l’expérience du Groupe de Travail « DST/Généralistes » est présenté au chapitre 5. La fécondité de l’approche a rendu crédible la transformation du groupe régional en groupe de travail national en 2003.

3.C.10. Augustin Berque

3.C.10. Confrontation avec la démarche d’Augustin Berque

Géographe et orientaliste, Augustin Berque est Directeur d’Études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Pour lui, le lieu relève de la « chôra » d’Aristote. C’est une notion essentiellement relationnelle : « le lieu y dépend des choses, les choses en dépendent, et ce rapport est en devenir (…) C’est le lieu du « croître-ensemble » (cum crescere, d’où concretus) des choses dans la concrétude du monde sensible. Il n’est donc pas question pour la géographie de l’ignorer, puisque c’est cela même en quoi elle se distingue d’une pure géométrie » [1]. Le rapprochement avec la notion de concrescence whiteheadienne (co-croissance, « croître-ensemble ») expliquée au chap.2.D p.40 est immédiat. Un premier travail de repérage des réalités expérientielles abordées par Augustin Berque dans L’Écoumène donne les deux schémas suivants :

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Figure 3‑17 : Schéma n°1 de l’approche d’Augustin Berque dans L’écoumène, Belin, 2000

Il est possible de détailler les notions clés présentées ci-dessus de la façon suivante :

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Figure 3‑18 : Schéma n°2 de l’approche d’Augustin Berque dans L’écoumène, Belin, 2000.

Il est clair que cela n’est qu’une première approche, car les notions traitées par Augustin Berque dépassent la culture européenne, et sa notion du symbolisme mériterait une comparaison fouillée avec l’approche processive. Elle est esquissée en partie II, chapitre 8.D. pp. 257-260.

[1] Lussault, Lévy, DGES, 2003, p.556. Le texte est accessible sur Internet à l’adresse suivante : http://espacestemps.net/document408.html à la rubrique « Augustin Berque, « ‘Lieu’ 1. » ».

3.C.1-2. Bill Twitchett & ISOCARP

3.C. L’expérience au niveau des territoires :

3.C.1. Confrontation avec la démarche de la thèse de Bill (William) Twitchett

L’intérêt de la thèse [1] de William Twitchett est de formuler des propositions à l’échelle de la planète à travers les exemples concrets des trois couples de villes Paris/Toulouse, Le Caire/Louxor, Sydney/Warraway : les idées sont enracinées dans une réalité de terrain. L’auteur a visité ces villes, ces régions, et formule des propositions qu’il a pu vérifier « les bottes au pied ». L’acteur principal n’est plus seulement le sujet d’un territoire, mais le territoire lui-même, appelé ici le site.

« En se référant plus particulièrement à la notion de site, nous n’avons nullement l’intention de limiter le phénomène de la ville d’aujourd’hui à cet aspect, mais le site d’une ville reste détermi­nant pour divers aspects de son développement, depuis le noyau initial jusqu’à la région urbaine épanouie ». La démarche exprime une confiance en l’homme et insiste sur l’importance du langage de la matière : «de façon analogue à nos propres corps, un site bien assumé par un groupe humain -même partagé avec un nombre impensable autrefois, d’autres personnes humaines- peut être source fondamentale d’épanouissement » [2].Ainsi, la dynamique qui est proposée ici est une dynami­que qui se veut non dualiste : « Au delà des questions de terrain, de réseaux, de pouvoirs, de revenus, nous voudrions pouvoir arriver à un art urbain significatif de cette nouvelle échelle, dans laquelle un site ferait effectivement partie d’une civilisation où le corps et l’esprit ne font qu’un » [3].

Le regard se porte de façon plus spécifique sur le lien entre les potentialités de développement urbain et la capacité des sites eux-mêmes à accueillir ce développement. En effet, combien de démarches généreuses et ouvertes ne bénéficient pas de l’extension qu’elles devraient avoir par défaut d’analyse du site d’accueil de l’initiative ? Dans d’autres cas, l’analyse est faite et vécue … mais les acteurs économiques et politiques peuvent avoir d’autres enjeux. L’analyse est alors un outil d’interpellation des élus, de confrontation, de débat citoyen pour faire évoluer la mentalité des décideurs, et s’orienter vers le souhaitable à partir des potentialités des territoires.

L’ingénieur territorial est appelé à développer ce sens du territoire, qui n’est plus la conception d’un territoire-surface avec une frontière administrative, mais qui est une approche relationnelle du terri­toire (Calame, 2003). B.Twitchett souligne parmi ces relations l’importance du lien de l’homme et des sociétés au site, le tout étant dans des sociosystèmes [4] très mobiles, imbriqués.

La dynamique d’analyse mise en œuvre n’est pas formulée explicitement, mais tous les éléments sont là, notamment le contraste fort entre le site bien matériel et un travail sur les potentialités, c’est à dire « ce qui n’est pas encore ». Cette dialectique entre ce qui est et ce qui n’est pas encore sous-tend l’œuvre de tous les grands philosophes et chercheurs. Une formulation saisissante, soulignée par Whitehead, en est fournie par Platon dans le Timée. La démarche de B.Twitchett est bien dans cette dialectique, suivant la proposition du schéma qui suit.

Cette démarche a été appliquée aux six régions, aux trois échelles de temps suivantes : la situation en 1800, le temps de l’agglomération entre 1800 et 1950, la période d’évolution vers la région urbaine, après 1950.

Elle est appliquée aussi à différentes échelles territoriales : de la ville à la région urbaine puis aux territoires nationaux. L’abondance de la documentation, les descriptions concrètes rendent saisis­sante et crédible l’expression des potentialités d’accueil des sites. L’approche se montre soucieuse de contribuer, tout comme la FPH, à la triple réconciliation de l’homme avec la société, avec la nature, et les sociétés entre elles [5]. Elle développe d’autre part un art de la fondation avec une appréciation politique fine de l’opportunité et la pertinence de la proposition [6].

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Figure 3‑7 : Schéma du questionnement de l’expérience géographique à travers l’approche de W.Twitchett dans sa thèse Le site urbain : potentialités sous la direction de Paul Claval, 1995

3.C.2. Confrontation avec la démarche de l’AIU à son 43e congrès de septembre 1997.

L’Association Internationale des Urbanistes (AIU, et en anglais ISoCaRP –International Society of City and Regional Planners– [7]) regroupe des urbanistes praticiens de tous les continents. Ces professionnels échan­gent sur leurs méthodes, à propos de leurs études de cas. Le thème du 43e Congrès concernait le fonctionnement du Trialogue Habitants/ Élus/Praticiens.

Ce qui est visé par le trialogue est la participation des habitants dans le processus de décision et dans le dessin des projets. Mais cela est très difficile à réaliser ! Un certain nombre de congrès sont revenus sur ce point comme celui de Braga au Portugal en 1984. Le trialogue est une vision pros­pective de ce que devrait être l’urbanisme.

Encore une fois, il est surprenant de constater qu’avec des noms différents, une expression diffé­rente, nous retrouvons directement trois des cinq réalités d’expérience constitutives de la dyna­mique de transformation des territoires, des sociétés et des hommes, à savoir les phases a (les interactions ou préhensions), b (la vision) et c (les objectifs ou propositions).

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Figure 3‑8 : Le lien entre le trialogue et les réalités de la dynamique territoriale

Dans le trialogue, manque-t-il deux réalités ? réalité ab (les valeurs) et réalité d (la mise en œuvre) ? Non ! la valorisation (le socle éthique, les valeurs, ou déontologie) est sous-entendue dans le trialogue : elle est le ciment de toutes les réalités (valeur de responsabilité dans la gestion de la planète ; valeur de convivialité dans l’organisation de nos régions). Les valeurs sont les liens entre les réalités. Manque-t-il encore la quatrième phase? Oui, effectivement. Mais il s’agit d’un oubli, qui a été corrigé dans l’organisation du Congrès. En effet, dans la pratique, au 43ème Congrès, le trialogue n’a pas fait l’objet de trois ateliers (un par élément du trialogue) mais de quatre: le quatrième a été créé pour les professionnels de l’urbanisme et du secteur privé qui produisent des projets urbains, afin de traiter le lien avec les habitants. Cette analyse en quatre phases est confortée par l’intervention de David Prosperi & Julia Lourenco, Le regard percutant du quadralogue: maîtriser la difficulté de maniement du Trialogue [8]. La démarche est riche de références américaines et d’exemples empruntés aux USA et au Portugal. On retrouve donc bien nos quatre réalités d’expérience (hormis les valeurs). Le schéma de questionnement est le suivant :

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Figure 3‑9 : Schéma du questionnement de l’approche de l’AIU/ISoCaRP

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Notes :

[1] William Twitchett, Le site urbain : potentialités : réflexions sur le développement responsable et équilibré des établissements humains à partir de six exemples français, égyptiens et australiens, Septentrion, 390 pages & annexes. Voir le site www.tercitey.org.
[2] Twitchett, Le site urbain : potentialités,Partie A, chapitre 4 p.8
[3] Twitchett, Le site urbain : potentialités, Parie H4, p385
[4] Le mot est de P.Arnould qui tente de décliner les forêts en éco, socio et même psychosystème. Arnould P., professeur des universités, ENS LSH,, Discours sur le paysage : à la croisée des regards et des systèmes, Géoconfluences, le 23 février 2003 (http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/transv/paysage/PaysageScient.htm). Voir aussi Christine Partoune, Laboratoire de méthodologie de la géographie, Université de Liège.La dynamique du concept de paysage in Revue Éducation Formation – n° 275, septembre 2004, texte accessible sur http://www.lmg.ulg.ac.be/articles/paysage/paysage_concept.html
[5] Voir notamment H2 et H4 p.382-384
[6] Voir H5, p.385 à 389
[7] www.isocarp.org. Les études de cas sont présentées sur http://www.isocarp.net/ puis « all case studies » : les études de cas de David Prosperi et de Philippe Vaillant sont téléchargeables au format PDF.
[8] David Prosperi & Julia Lourenco, The Keen Eye of the Quadralogue: Overcoming Intractability in the urban Trialogue  « The paper is organized as follows. First, the theoretical or rational considerations of the quadralogue are identified. Following a brief description of the chosen planning situations, the major portion of the paper is an assessment of these projects from the points of view of both the attributes of the “urban trialogue” as well as those in the “quadralogue “ ». Des conclusions et réflexions complètent le papier. Le texte complet est placé en annexe informatique.

3.B.3. : F.P.H.

3.B.3. Les propositions pour le territoire de la Fondation pour le Progrès de l’Homme (FPH, Paris) :

La Fondation, déjà présentée au chapitre 1, finance de multiples travaux et actions à travers la planète. Son constat est que le territoire est « la brique de base de la gouvernance » [1]. Elle inverse la formule traditionnelle diffusée depuis les années 1980 : « Penser globalement, agir localement ». Face à la crise mondiale des relations, seul le territoire permettra de réinventer de nouvelles relations : « Penser localement, agir globalement ».

La fondation anime une Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire. Un des chantiers se nomme « Gestion des territoires ». Il a produit en septembre 2001 un Cahier de propositions : Le territoire, lieu des relations : vers une communauté de liens et de partage. Il développe 10 propositions et 40 outils. La structure de présentation des propositions ressemble de façon étonnante à la dynamique de l’outil du schéma de base, avec d’autres mots. Le but de la démarche est de produire un changement de regard chez les intéressés. La question de fond est donc la même : comment permettre une avancée créatrice des personnes et des sociétés.

L’approche de la Fondation se situe à trois niveaux de propositions (Résister, Rêver à partir des valeurs et objectifs, Réaliser) et à trois niveaux de conscience (Conscience des faits, Conscience d’interprétation et Conscience de choix). Comme chaque niveau de conscience correspondait à chaque niveau de proposition suivant notre schéma d’hypothèse de base, nous proposons d’illustrer chaque niveau de conscience par chacun des vecteurs qui relient les phases de proposition. Cela respecte les définitions données, et rend compte en outre du fait qu’une prise de conscience est un mouvement d’un certain état vers un autre état.

D’autre part, la distinction entre rêve et objectifs est faite, mais au sein d’une même phase. Là aussi, l’idée exprimée dans les propositions ne nous semble pas dénaturée. En effet, les trois phases de chaque proposition étaient faites « en jouant avec les trois qualificatifs de l’Alliance (une Alliance responsable, solidaire, plurielle) qui nous semble convenir pour illustrer cette articulation du général au particulier » (p.8). Avec le même esprit de jeu et de créativité, tout en respectant l’articulation du général au particulier, le schéma propose quatre phases, en transformant en deux phases la distinction Rêve / Objectifs du deuxième niveau de proposition.

Nous montrerons en partie II que la « petite mort » de FPH est le périr éternel * de Locke, qui a donné la notion simultanée de périr et d’immortalité objective chez A.N. Whitehead [2]. On parle effectivement dans le langage courant « faire le deuil de … », « renoncer à » : ce n’est pas « oublier » mais c’est dépouiller l’événement de sa subjectivité (l’immédiateté subjective de la pensée organique) pour qu’il devienne objet -ou non- pour d’autres objectivations. Ici, la « petite mort » parle simultanément d’une naissance, c’est à dire effectivement d’une nouvelle objectivation sur une partie seulement des données de base (les data ou datum de l’approche organique) – ou sur de nouvelles données-. Whitehead proposera le terme de remplacement [3] à la place de périr éternel ou immortalité objective, pour une meilleure compréhension.

Le Cahier formule 10 propositions, regroupées en trois chapitres. A chaque proposition correspond un ou plusieurs outils (46 outils au total). On vérifie donc de façon étonnante sur ces propositions la pertinence du schéma de questionnement. Tout le cahier de propositions était en effet déjà structuré selon les phases du processus. Un tableau des propositions a été dressé ci-après suivant a, b, c et d.

La démarche foisonnante de la FPH est d’un grand intérêt pour entrer à la fois dans un nouveau mode de pensée de façon générale, et pour la mise en œuvre concrète de ce mode de pensée. On observe (c’est un constat, rien de plus) que le mode de pensée de la FPH est proche du mode de pensée organique (on pourrait dire : du « type organique »). C’est une coïncidence intéressante. Cette coïncidence ne dénature pas la créativité de la FPH, et n’enlève rien à l’originalité et l’identité de l’approche du monde.

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Figure 3‑5 : Schéma du questionnement de l’expérience sociétale à travers l’approche de la FPH dans le cahier de proposition : Le territoire, lieu de relations ( 2001).

On retrouve comme dans le cas précédent la notion d’un mode de pensée général (ou dynamique de pensée) qui permet d’induire un changement, une évolution. Ce mode de pensée se décline suivant un certain nombre de thèmes, non-limitatifs. L’insistance est mise là aussi sur la personne dans ses liens sociétaires et naturels, et sur les liens des sociétés entre elles et leur environnement. C’est l’appel à la triple réconciliation de la Plateforme pour un monde solidaire [4] (1993).

Le même travail pourrait être fait pour les 12 notions-clés de la FPH. Le modèle du « lac suisse », décrit au chapitre 2 permet effectivement de servir de fil directeur pour une analyse selon les « réalités d’expériences », ou les étapes du « processus organique de régulation ».

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Figure 3‑6 : Tableau de synthèse du cahier de proposition « Le territoire », FPH, 2001

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Notes :

[1] Document de travail des éditions Charles Léopold Mayer, Repenser les territoires : construire des perspectives communes à partir de l’échange d’expériences, dossier n°107 coordonné par Ina Ranson, juillet 1998, page 6 ; Voir aussi Pierre Calame La démocratie en miettes, Ed. CLM – Descartes & Cie, 2003, chapitre 5 ;
http://www.alliance21.org/fr/themes/territ.htm
http://www.institut-gouvernance.org/fr/document/fiche-document-29.html
http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/fiche-analyse-26.html
http://www.fph.ch/fr/strategie/thematique/territoire-brique-de-base/theme-territoire.html
http://www.developpement-local.com/article.php3?id_article=169
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/agenda21/intro/calame.htm
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-5195.html
http://www.ccic-cerisy.asso.fr/prospective05.html
[2] Ce point est abordé en partie II au chapitre 7.D.2. p.213
[3] Article paru en 1927 dans les « Proceedings of the Sixth International Congress of Philosophy », réimprimé dans The Interpretation of Science (IS) par A. H. Johnson (Indianapolis: Bobbs-Merril, 1961), pp. 240- 247 et par L. S. Ford en Annexe 2 de The Emergence of Whitehead’s Metaphysics.
[4] http://www.alliance21.org/2003/rubrique.php3?id_rubrique=234

3.B.2. Bernard Vachon

3.B.2. La démarche du développement local, à travers la synthèse proposée par Bernard Vachon

Cette démarche est une dynamique. « Ni mode, ni modèle, le développement local est une dynamique qui met en évidence l’efficacité des relations non exclusivement marchandes entre les hommes pour valoriser les richesses dont ils disposent » exprime Bernard Pecqueur [1]. C’est aussi une stratégie.

Comme pour la FPH dans son cahier de proposition Le territoire, lieu des relations : vers une communauté de liens et de partage (2001), le point de départ est un refus [2]. Refus de la paupérisation, de l’exclusion, de la dépendance, et de la mise à l’écart de la croissance. Refus de la seule rentabilité, efficacité, rendement, spécialisation, modernisation, centralisation, modernisation [3] Sur la base de ce refus, une concertation devra permettre aux personnes de se connaître, de mener un effort de compréhension et de résoudre les conflits de relation [4].

Pour réagir, une adhésion des acteurs est nécessaire [5]. La réaction (ou proaction) est basée sur des valeurs de souplesse, d’adaptabilité, d’initiative, de leadership d’animation, d’esprit d’initiative, de rigueur et de souci de la qualité, de la rapidité de réaction, … [6]. L’enracinement dans l’identité collective, appuyé sur le sentiment d’appartenance à un territoire commun est important (culture basée sur les valeurs familiales, communautaires, professionnelles).

Ces valeurs sont mises en œuvre pour réaliser la finalité (ou vision) visant à mettre l’homme au cœur des finalités de la croissance, dans une approche microéconomique articulée sur l’approche macroéconomique [7]: la personne est le moteur du changement, et c’est son intelligence qui façonne les sociétés [8].

L’objectif visé est la reconquête d’une identité collective  [9]. Ce n’est pas la ressource qui crée le projet, c’est le projet qui crée la ressource, et permettra l’autonomie locale et une force endogène [10]. L’intuition et la subjectivité sont importantes pour la mise en œuvre [11]. L’action réalisée devra faire l’objet d’une évaluation [12].

C’est un processus : toute une série d’événements et d’actions permettra d’atteindre ces objectifs [13]. Ce système a une logique, c’est à dire qu’il fonctionne selon des règles qui s’établissent dans une suite cohérente d’événements nécessaires à sa dynamique  [14].

« Bien sûr, dans la réalité quotidienne, les actions de développement ne se déroulent pas de façon parfaitement linéaire : jamais il ne sera donné de voir des événements et des interventions se succéder les unes aux autres en parfaite conformité avec l’ordre planifié, dans une stratégie ou un plan d’action » [15].

Cette remarque rejoint celle de P.Braconnier, ainsi que la remarque préliminaire d’A.N. Whitehead en ce qui concerne la concrescence, à savoir qu’il s’agit de phases logiques, et non de phases successives.

Tous les éléments relevés ci-dessus sont intégrés dans la confrontation au schéma de questionnement. Les schémas de Bernard Vachon des pages 121 et 178 sont cohérents avec la formalisation présentée, avec une différence principale : les valeurs et attitudes n’apparaissent pas dans le schéma de la page 121 et ils apparaissent comme l’étape centrale des 5 étapes proposées sous la dénomination « Choix d’une démarche ou d’un modèle théorique servant de cadre de référence ». Nous suggérons que les valeurs et attitudes soient les vecteurs (les flèches) entre les différentes étapes, le premier vecteur se trouvant entre l’étape du refus et de la finalité (ou vision).

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Figure 3‑4 : Schéma de l’approche de Bernard Vachon dans Le développement local : Théorie et pratique : Réintroduire l’humain dans la logique de développement, 1993.

On note la référence spontanée à la nécessité d’une « succession d’événements » pour enclencher la dynamique de changement.

[1] Vachon, 1993, p.91

[2] Vachon, 1993, p.49 à 67.

[3] Vachon, p.75.

[4] Vachon, 1993,p. 170 à 181

[5] Vachon, p.111.

[6] Vachon, 1993, p.83, p.117

[7] Vachon, 1993, p.74-77

[8] Vachon, 1993, p.86 à 89

[9] Vachon, 1993, p.188

[10] Vachon, 1993,p.95 à 97

[11] Vachon, 1993, p.188

[12] Vachon, 1993, p.182 à 202

[13] Vachon, 1993, p.188

[14] Vachon, 1993, p.74

[15] Vachon, 1993, p.110

3.B.1. La Chênaie

3.B. L’expérience au niveau des sociétés :

3.B.1. L’outil pédagogique de l’école de citoyenneté « Hommes Femmes dans la Cité »

Cette école de citoyenneté [1] est placée ici juste après PRH, car elle en est issue. Elle développe depuis 1983 une pédagogie d’apprentissage collectif pour déchiffrer et articuler entre elles les notions disparates du quotidien, pour tracer les liens entre les éléments de l’expérience, tout en déchiffrant les origines de la fragmentation, de l’éclatement ou de la disjonction-réduction tant dénoncée par Edgar Morin. Cette pédagogie est celle du passage du « micro » au « macro », du cloisonnement des disciplines à transdisciplinarité, de la séparation stérile entre matériel et idéel (Di Méo & Buléon) à une dynamique globale.

Les liens s’établissent progressivement pour chaque participant à travers des ateliers de 5 jours. Ils ont pour thèmes « Hommes, Femmes dans la Cité » (HFC), « Cité réalité politique » (CRP), « Croissance et déploiement » (CD), « L’Homme et la Création », « L’événement provoque ma créativité », « Citoyen au quotidien », « Réconciliation », …. Pour les trois premiers ateliers, les notions articulées sont respectivement :

  • Valeurs / Interactions / Structures / Objectifs / Vision
  • Attitudes / Participation / Autorité / Bien commun / Politique
  • Émergences / Enracinement / Déploiement / Engagement / Cité

les dynamiques développées ici fonctionnent chacune de manière intuitive sur une même dynamique de base entre plusieurs réalités, dont l’expression s’ajuste à chaque thème abordé. Ces réalités se saisissent de manière intuitive en référence à l’expérience et au-delà des limites du langage. Compte tenu de ses multiples liens avec des travaux d’urbanisme et de géographie, cette dynamique de base nous semble récapitulée dans le premier atelier : « Hommes Femmes dans la Cité ».

Seule cette introduction vivante et expériencielle à une dynamique générale du réel nous a permis de constater en Avril 2002 l’analogie avec le travail de Jacques Degermann pour L’étude de préfiguration de l’agglomération de Sarrebrück-Moselle-Est, avec les travaux de Bernard Vachon, de Pierre Calame, et avec les phases de la concrescence de l’approche organique de Whitehead.

La valeur est la composante de base de toute interaction (le terme employé par Whitehead pour interaction serait la préhension). Ainsi, en un sens, elle est partout, dans toutes les phases. Elle est une composante de tous les vecteurs entre les réalités.

Il n’est pas possible d’entrer ici dans le détail de chaque atelier. Le schéma fourni est le schéma général intuitif de tous les ateliers. Nous disons intuitif, car il est adapté pour chaque atelier, et ce n’est pas un cadre rigide. Il exprime le parcours intérieur et les principales articulations de ce parcours intérieur.

Chacune des réalités de ce schéma a fourni le matériau de base du schéma d’hypothèse de base présenté ci-dessous, dans un ordre différent. C’est l’ordre du schéma ci-dessus qui correspond le mieux au vécu, et au déroulement d’une formation. L’ordre de l’hypothèse de base est un ordre logique de présentation, mais pas un ordre pour la formation. Il convient de redire ici que les phases logiques ne sont pas des phases successives, mais des phases qui peuvent être simultanées. C’est ce qu’exprime bien par ailleurs P.Braconnier dans sa thèse (p.147 [2]) et la FPH en distinguant 3 phases et 3 types de consciences, sans les lier explicitement entre elles. C’est un ordre logique d’analyse, ce qu’analyse bien Whitehead avec son approche organique (PR 283).

Transposée sur notre proposition de schéma de base, cette approche donne le schéma suivant :

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Figure 3‑3 : Schéma du questionnement de l’expérience sociétale à travers l’approche de la Fondation « Hommes, Femmes dans la cité

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Notes :

[1] Association dont le siège est au Château de Brainville, Route de Malaincourt, 52 150 Brainville-sur-Meuse. Le sigle « Hommes, Femmes dans la Cité » est un label déposé.
[2] « le processus ne constitue pas une succession mais une superposition d’étapes … »

3.A. P.R.H.

3.A. L’expérience au niveau de l’homme : L’outil pédagogique de Personnalité et Relations Humaines (PRH)

Toute démarche de recherche présuppose une anthropologie. Et pour être scientifique, le présupposé anthropologique se doit d’être précisé. L’anthropologie présupposée par la présente thèse sera celle de PRH [1] qui a plus de 260 formateurs à travers le monde. Les apports théoriques viennent aujourd’hui surtout des universités canadiennes. La principale justification de la référence à PRH est mon expérience propre : cet organisme a fortement contribué à ma formation initiale d’ingénieur territorial dans les années 1990 à 1993, financée par le CNFPT et l’employeur, la Ville de Soissons. D’autre part, il est l’organisme d’où a émergé la Fondation Hommes Femmes dans la Cité (chapitre suivant). De façon étonnante, le schéma de base peut illustrer cette approche d’une façon différente et à la fois fidèle, nous semble-t-il, au contenu.

Le CNFPT rappelle dans ses formations l’adage de Socrate « Connais-toi toi même ». PRH est une des solutions possibles. Chacun pourra faire la démarche de confrontation avec sa propre approche anthropologique.

L’école PRH a développé à partir de l’expérience personnelle ordinaire et des sensations de tous les jours un outil de croissance de la personne dans toutes ses dimensions. André Rochais, le fondateur, a développé en collégialité avec les formateurs une approche d’analyse des sensations sur la base sur l’approche du psychologue Carl Rogers.

L’anthopologie PRH distingue 5 instances : l’être, le moi-je, le corps, la sensibilité et la conscience profonde. Chaque instance peut fonctionner comme un centre autonome, c’est à dire sans qu’il y ait forcément accord avec les autres instances [2]. Ce sont les lieux de la personne où « fonctionnent l’intelligence, la liberté, la volonté et dont le rôle est de gouverner la personne en fonction de la croissance de son être et de son harmonie globale » [3]. Il pourrait paraître contradictoire de dire que chaque instance peut fonctionner de manière autonome, alors que le but de l’instance du « moi-je » est de gouverner la personne en fonction de son harmonie globale. En approfondissant, on pourrait dire que l’unité intérieure n’est jamais acquise, et des instances peuvent être éludées, « court-circuitées » et donc absentes dans la décision finale. C’est souvent le cas pour la conscience profonde, qui demande un effort particulier. Dans le quotidien ordinaire, les actes peuvent être répétitifs et sans nouveauté. Ils peuvent aussi introduire de la nouveauté en faisant confiance aux intuitions de l’être, et en vérifiant au niveau du « moi-je » leur pertinence, en référence à la conscience profonde d’un côté, et à l’environnement de l’autre. La conscience profonde est le lieu de l’unité intérieure, qui conjugue l’identité et la diversité. Cela sera précisé en partie II dans les termes de la pensée organique.

Nous notons l’utilisation des notions de potentialité et d’actualisation dans les explications du dynamisme de la personne: « Derrière les aspirations, il y a les potentialités constitutives de l’être qui cherchent à s’actualiser » (p.71) « L’action est aussi un révélateur précieux de l’identité profonde d’une personne (…). Cela permet d’identifier les potentialités de l’être qui s’actualisent déjà ». Ces notions sont quasi-organiques, et seraient également retrouvées également en partie II.

La confrontation avec le schéma de questionnement aboutit au schéma suivant :

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Figure 3‑2 : L’approche PRH (Personnalité et relations humaines) décrite dans La personne et sa croissance : fondements anthropologiques et psychologiques de la formation PRH

PRH peut contribuer à une nouvelle approche scientifique du monde, en y reconnaissant une ontologie organique. Même l’étude des thromboses veineuses cérébrales (S.Maillard, 1990) pourra se trouver profondément renouvelée, par le chemin Vers le concret (J. Wahl, 1932, 2004).

PRH a ouvert la voie à une réflexion plus large en termes de société et d’évolution de la société. Celle-ci est en liaison directe avec l’aménagement/ménagement des territoires que nous habitons, investissons. Ce schéma a conduit progressivement l’association « Hommes Femmes dans la Cité » à sa propre formulation dans laquelle on retrouve la dynamique de base. Elle est présenté dans la section qui suit.

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Notes :

[1] http://www.prh-france.fr/homepage.php[2] PRH, La personne et sa croissance, fondements anthropologiques de la formation PRH, Ouvrage collectif réalisé par PRH -International, 1997, Glossaire , p.290
http://www.prh-international.org/fr/la-personne-et-sa-croissance
http://www.prh-international.org/fr/la-personne-en-ordre
http://www.prh-international.org/fr/l-etre
http://www.prh-international.org/fr/le-moi-je
http://www.prh-international.org/fr/le-corps
http://www.prh-international.org/fr/la-sensibilite
http://www.prh-international.org/fr/la-conscience-profonde
[3] idib, p.291

2.H. Le schéma de questionnement

2.H. Mise au point et critique du schéma de question­nement :

2.H.1. Mise au point du schéma de questionnement :

Le tableau de la figure 2.8 est présenté suivant le schéma organique structuré en cinq phases (figure 2.9). Cette figure reprend exactement les termes de l’étude, résumés selon les phases (ou réalités) a, b, c et d du même tableau.

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Figure 2‑9 : Correspondance des 5 approches (J.Degermann, HFC, B.Vachon, P.Calame, A.N.Whitehead)

La contrainte de la schématisation est encore de rendre compte de « la dichotomie du matériel et de l’idéel » (Guy Di Meo & Pascal Buléon, Espace social), pour contribuer au fil des analyses à tracer le passage entre l’approche dualiste classique et une approche non dualiste, c’est-à-dire l’approche de terrain du géographe. Le géographe-architecte-urbaniste-ingénieur [1] est en permanence confronté au réel. Pour qualifier son expérience, la nommer, il ne peut plus se contenter d‘une ap­proche dichotomique. C’est pourquoi il a été rajouté sur le schéma qui précède un trait vertical pour distinguer ce qui n’existe pas encore (« l’idéel », à droite), et ce qui a été réalisé ou va être réalisé (« le matériel », à gauche). Ce trait ne fait pas partie de la schématisation de Donald W.Sherburne. Il est ajouté pour permettre dans la présente thèse de répondre au chapitre 10 à la question de Guy Di Méo sur « la dichotomie du matériel et de l’idéel ».

De ce précédent schéma, nous pouvons formuler une hypothèse de base du schéma de questionne­ment, en conservant que l’expression qui est commune à toutes les approches, et nous l’illustrons immédiatement avec l’exemple géographique de la Moselle-Est :

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Figure 2‑10 : Proposition de schéma de questionnement de base

Aucun des éléments du tableau et des schémas n’apparaît séparables des autres. Or, dans la pratique professionnelle ordinaire, ils sont séparés : les élus s’occupent de la vision, les géographes-ingé­nieurs-urbanistes-aménageurs-architectes traitent des propositions qui en découlent, les entrepre­neurs les réalisent, et les habitants « participent », « interagissent » de façon plus ou moins confuse -si on ne les oublie pas-. Pourtant le constat est régulièrement fait que seul un processus qui regroupe et tisse ces notions peut avoir une efficacité pour atteindre le but espéré.

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L’association du schéma et de la carte montre comment le territoire est constitué des réalités d’expérience a, ab, b, c, d, associées étroitement entre elles. Dans le vécu ordinaire, elles sont si­multanées, le plus souvent de façon inconsciente. Attirer l’attention sur leur expression, leur articu­lation, leur enchaînement, c’est se donner les moyens d’analyser l’expérience, et d’en rendre compte. C’est passer de l’inconscience à la conscience, c’est trouver sous les mots du quotidien l’explication sous-jacente, les présupposés. C’est faire un travail scientifique, non plus seulement de prédiction, mais d’explication. Cela n’exclut pas une efficacité: exprimer chacune des réalités per­met d’atteindre une plus grande cohérence, harmonie, et intensité dans l’expérience. Une interpré­tation adéquate permet une meilleure applicabilité de celle-ci. C’est pourquoi, il sera intéressant de réaliser d’autres observations, afin de permettre en partie II une généralisation.

Cet exemple étant bien posé et assimilé, il est possible de proposer un schéma de questionnement plus affiné dans son expression. Pour permettre d’autres observations, le schéma précédent peut en effet être présenté sous forme de questions générales, afin de permettre dans les chapitres suivants d’interroger l’expérience professionnelle, et de montrer comment dans le quotidien professionnel ordinaire se conjuguent en permanence les réalités d’expérience. Le schéma proposé est bâti à partir des correspondances établies ci-dessus et exprimées dans le tableau de synthèse. Il s’appuie sur les termes communs aux 5 approches considérées.

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Figure 2‑11 : Schéma de questionnement de base sur l’expérience ordinaire.

Il est souhaitable d’apprendre à tisser les cinq « réalités d’expérience ». Les sections qui suivent tentent de repérer les liens les plus justes possible avec les auteurs, groupes ou démarches théori­ques, dans le respect de leur identité, de leurs différences, mais dans une unité d’approche. L’enjeu de cette « unité dans la diversité » apparaît important. Le langage, avec des noms différents, recouvre bien souvent les mêmes réalités, et c’est ce regroupement autour de réalités communes d’expériences différentes qui est tentée. La polysémicité des mots clés de chaque question (chaque réalité) nous y aide.

A ce premier niveau de présentation du schéma, le dictionnaire Larousse suffit pour préciser le sens des mots, exprimer un premier commentaire et tracer les premières articulations, avant de décliner le schéma dans chaque cas. On ne retiendra du Larousse que les sens qui concernent la démarche, en gardant le numéro de la définition du dictionnaire. L’énumération qui suit et consiste à exposer, confronter les définitions est nécessaire pour bâtir la suite de la réflexion même si elle peut paraître fastidieuse

  • Appréhension : sens n°2 : « PHILOS. Acte par lequel l’esprit saisit un objet de pensée, com­prend qqch. » Le sens n°3 d’appréhender est « Litt. Comprendre, saisir intellectuellement. Appréhender un problème dans toute sa complexité ».
  • Décision : sens 1 : « Acte par lequel qqn décide, se décide ; chose décidée, résolution prise » ; sens 2 : « Action de décider après délibération ; acte par lequel une autorité décide qqch après examen ».
  • Détermination : sens 1 : « Action de déterminer, de définir, de préciser qqch. » ; sens 2 : « Décision, résolution qu’on prend après avoir hésité ».

Les mots décision ou détermination sont utilisés dans le présent travail au sens 2.

  • Diagnostic [2]: sens 1 : « MED. Identification d’une maladie par ses symptômes. » et sens 2 : « Identification de la nature d’un dysfonctionnement, d’une difficulté ». L’utilisation géo­graphique de ce terme ne figure pas au Larousse, ni au Dictionnaire géographique (DGES). La définition sera détaillée lors de l’analyse de l’approche de P.Braconnier.
  • Évaluation : sens 1 « Action d’évaluer ». Évaluer est défini par « Déterminer la valeur, le prix, l’importance de. »
  • Interactions : sens n°1 : « Influence réciproque de deux phénomènes, de deux personnes . » . Au cœur de la notion d’interaction est la question de la relation sujet/objet, sujet/sujet.
  • Objectif : nom ; sens 1 : « But, cible que qqch ou qqn doit atteindre (…) ».
  • Objectif : adjectif : sens 1 : « Qui existe indépendamment de la pensée (par oppos. à subjec­tif). » ; sens 2 : « Qui ne fait pas intervenir d’éléments affectifs ou personnels dans ses ju­gements ; impartial. » ; sens 3 : « Dont on ne peut pas contester le caractère scientifique. » Notons que l’adjectif « subjectif » est expliqué par : « Qui relève du sujet défini comme être pensant (par opposition à objectif) » au sens 1 et « Se dit de ce qui est individuel et est suscepti­ble de varier en fonction de la personnalité de chacun. » au sens 2.

On remarque que la définition d’« objectif » en tant que nom n’a rien à voir avec sa définition en tant qu’adjectif. Dans la pratique, la distinction n’est pas si claire, et beaucoup de confusions peu­vent en naître. Il sera nécessaire en partie B de revenir sur ce point, et discuter les oppositions ob­jectif/subjectif, objectif/affectif, sujet/objet, et leur place dans l’expérience.

  • Proposition : sens 1 : « Action de proposer ; chose proposée pour qu’on en délibère. » ; sens 2 : « Condition qu’on propose pour arriver à un arrangement. » ; sens 4 : « LOG. Enoncé susceptible d’être vrai ou faux ».
  • La définition de proposer est la suivante : sens 1 « Offrir au choix, à l’appréciation de qqn ; soumettre. »

On note que le sens 1 est large et ouvert par rapport au sens 4 binaire que le mot a en logique (vrai ou faux). C’est le sens 1 qui sera toujours considéré dans la suite de notre travail.

  • Prospective : « Science portant sur l’évolution future de la société, et visant, par l’étude des diverses causalités en jeu, à favoriser la prise en compte de l’avenir dans les décisions du présent. (La prospective a été créée par le philosophe Gaston Berger ). »
  • Politique : sens 1 : « Ensemble des options prises collectivement ou individuellement par le gouvernement d’un État ou d’une société dans les domaines relevant de son autorité. » ; sens 2 : « Manière d’exercer l’autorité dans un état ou une société. » ; sens 3 : « Manière concer­tée d’agir, de conduire une affaire ; stratégie. ». La politique est liée à l’autorité. On voit ici directement comment la politique introduit la stratégie.
  • Stratégie : sens 1 : « Art de coordonner l’action de forces militaires, politiques, économiques et morales impliquées dans une guerre … » ; sens 2 : « Art de coordonner habilement des actions de manœuvre pour atteindre un but. ».

On note ici que la stratégie, aussi bien dans le sens 1 que dans le sens 2, est liée à la coordination. P.Braconnier a choisi de privilégier le terme de coordination, plus explicite que le mot stratégie dans le cadre d’alliance de personnes que d’un projet urbain … ou d’une guerre.

L’utilisation du mot stratégie dans ce sens est reprise par Jacques de Courson dans son dernier ou­vrage L’appétit du futur, Éditions ECLM, 2005, 122 pages. En fait, le sens de ce mot est très simple : c’est d’après Le Petit Robert un « ensemble d’objectifs opérationnels choisis pour mettre en œuvre une politique préalablement définie ». Rien de plus.

  • Réalisation : sens 1 : « Action de réaliser quelque chose » ; sens 2 : « Ce qui a été réalisé ». Réaliser est défini par « Rendre réel et effectif ; concrétiser, accomplir » au sens 1, et par « Prendre conscience de la réalité d’un fait, se le représenter clairement dans tous ses détails » au sens 5.

C’est le sens 1 qui sera utilisé, sans autre précision. Le sens 5 sera discuté sur un point particulier de l’analyse du procès de concrescence en partie B.

  • Valeurs : sens n°1 « ECON. Prix … » ; sens n°2 « Quantité … » ; sens n°4 « MUS. Durée … » ; sens n°5 : « PEINT. Degré de clarté … » ; sens n°6&7 : « 6.Litt. Courage. 7.Ce par quoi on est digne d’estime sur le plan moral intellectuel, physique, … » ; sens n°8 : « Importance, prix attaché à qqch » ; sens n°11 « Ce qui est posé comme vrai, beau et bien selon des critères personnels ou sociaux, et sert de référence, de principe moral. ». Selon le sens n°11, la valeur a un caractère particulier, spécifique à une personne ou à un groupe.

Whitehead de son côté prend la notion d’importance comme une notion globale, et y consacre tout un chapitre dans Modes de pensée. On rejoint alors le sens n°8, plus général.

  • Vision : Sens n°3 « Manière de voir, de concevoir, de comprendre quelque chose. J’ai une autre vision que vous de ce problème » ; sens n°4 : « Perception imaginaire d’objets irréels : hallucinations. » ; sens n°5 : « Apparitions surnaturelles » ; puis « ENCYC. La vision com­prend 4 fonctions : vision des formes …, distances …, mouvements …, couleurs …. ».

Le sens usuel du quotidien ne semble être que partiellement exprimé dans les sens 3 et 4. C’est pourquoi on lui ajoute souvent un qualificatif : vision politique du territoire, vision prospective… On parle de « vision du monde » d’une personne ou d’un organisme. Les termes de visée, finalités, enjeux, direction, cap, envisagement, appétition, « goût du futur » , … éclairent une facette du mot sans en couvrir tout le sens. Il reste donc irremplaçable.

2.H.2. Critique du schéma de questionnement :

Lors d’un séminaire des Chromatiques whiteheadiennes [3], ont été successivement présenté l’exemple concret qui a déclanché la réflexion (l’étude de préfiguration d’une agglomération trans­frontalière Sarrebruck / Moselle-Est), le schéma des autres démarches de l’expérience et la nouvelle symbolisation en cercle du schéma de Sherburne. Ce schéma a été soumis à la critique des philosophes présents. Le fait que le schéma de questionnement concerne des faits macroscopiques alors que le schéma de concrescence concerne des faits microscopiques n’a pas soulevé de question. La raison est expliquée en partie II au chapitre 10. On peut la résumer en disant que Whitehead est parti de l’analyse de l’expérience ordinaire pour en déduire une analyse des faits microscopiques. « Chaque entité répète en microcosme ce que l’univers est en macrocosme » [4]. La démarche de la présente thèse est donc d’appliquer directement au domaine macroscopique les analyses micros­copiques de Whitehead inspirée du réel ordinaire : elle fait le lien entre l’analyse microscopique et l’analyse macroscopique et par là s’inscrit aussi dans les logiques multiscalaires des géographes.

Lors du colloque, la discussion a aussi porté sur le danger d’utiliser cette démarche comme une « grille ». En même temps, il était confirmé que ce schéma n’était pas relatif [5], dans la mesure où il est applicable à toute expérience. En effet, si tel n’était pas le cas, l’expérience devrait amener à le modifier. La démarche rationnelle est adéquate s’il ne se trouve aucune expérience qui ne soit pas une application ou exemplification du schéma. Ainsi, elle est universelle: il n’y a rien à chercher « derrière », puisque aucun fait n’est écarté. C’est en ce sens qu’elle est pleinement rationnelle. Au nom de quelle rationalité écarter quelque fait que ce soit, y compris une éventuelle présence divine ? [6] Le moyen d’écarter le danger est de rester à un niveau de généralité suffisant et de relative simplicité pour ne pas créer de problèmes artificiels, avec une « maille de grille trop petite » (J.C. Dumoncel). Même les schèmes de Hegel, de Peirce, … étaient simples. Ils sont composés de 3, 4 ou 5 éléments de base, rarement plus. On a parlé de la « triadomanie » de Peirce. Ainsi, les convergences que nous pourrons observer ne seront que l’heureuse confirmation de la pertinence du schème organique et de la défi­nition du procès whiteheadien, et les divergences en seront des précisions.

Lors du même séminaire, une deuxième objection a porté sur la circularité du schéma. Chez Hegel, la synthèse s’ouvre sur d’autres synthèses. Dans Les visées de l’éducation [7], le cycle whiteheadien de l’éducation est composé de trois éléments : la romance, l’exactitude et la généralisation. Mais la généralisation est une ouverture. Cela correspond chez Hegel au second moment, celui de la rencontre : Whitehead le réserve pour la troisième rencontre, ce qui sort du schéma circulaire. Chez Hegel, ce serait plutôt une spirale ascensionnelle, comme chez Leibniz. Il conviendra de symboliser le fait que chaque cercle n’est qu’une « goutte d’expérience momentanée», qui saisit en entrée des gouttes d’expériences, et est donnée en sortie à d’autres gouttes d’expériences.

Une troisième objection a été faite par Jean-Claude Dumoncel [8] pour souligner l’importance du « but subjectif », c’est-à-dire de la motivation du regard porté par l’urbaniste. Chaque analyse a une finalité, ce que pourrait bien rendre la notion de fonction. Cette notion de but ou de visée (aim) doit apparaître très vite. La réponse apportée réside dans le fait que dès que la phase « a » est commencée, l’appréhension de la situation est indissociable d’une visée, d’un but. C’est le sens de l’analyse au niveau de l’homme en premier, avant l’analyse sociétale et territoriale. L’expérience de l’homme et la visée de ses actions sont la mesure de la démarche. Le schéma le signifie par la flèche de l’évaluation entre a et b, au début de l’analyse génétique.

2.I. Conclusion :

En conclusion, il est curieux de constater qu’un certain nombre de notions toutes articulées entre elles proposent en définitive une définition des notions d’expérience, d’observation (au sens C), de personne, de sujet. La perspective reste en général dualiste, avec des éclairages qui pourraient permettre le passage à des notions non dualistes à travers les notions d’actant [9] (ou entité actuelle [10]), d’agencement [11] (ou nexus [12]), de société. Mais il sera montré que ce passage ne pourra pas se faire sans l’abandon (pas total, mais radical) de la notion de substance qui imprègne toutes les notions dérivées d’espace et d’objet.

Le travail réalisé va permettre une confrontation, à partir du schéma de questionnement. S’il fallait une référence géographique pour appuyer la pertinence de ce schéma et de ses questions, citons Michel Godet. Celui-ci, dans sa préface à un ouvrage de Guy Loinger [13] introduit … cinq questions. Ses cinq questions attirent chacune l’attention (une fois de plus) sur les cinq réalités d’expérience. Ces cinq questions sont les suivantes :

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Figure 2‑12 : Les cinq questions de Michel Godet (Loinger, 2004, p.12 [14])

Il explique que cette formulation en cinq questions résulte d’une réflexion commune avec Hughes de Jouvenel et Jacques Lesourne en septembre 1997, à l’occasion de la préparation de son manuel de prospective stratégique. Il avait appelé la première question Q0 « parce qu’ils l’avaient oubliée dans une première réunion, ce qui montre que le tropisme pour Q1 et les scénarios n’épargnent personne ». En faisant le lien entre Q5 et les valeurs (la « manière de faire »), il pourrait être posé une question Q6 « Qu’ai-je fait ? » tant il est vérifié dans le concret l’écart entre ce que « je veux faire », et ce que « j’ai fait ». La question Q6 correspondrait alors à la phase e dite « de transition », qui sera expliquée en partie II. Ces questions peuvent aussi faire penser aux 3 questions fondamentales de Kant : que puis-je connaître ? Que m’est-il permis d’espérer ? Que dois-je faire ? [15] La première correspond à Q0, la deuxième à Q1 et Q2, la troisième à Q3 et Q4.

En aucun cas il n’est question de « tout ramener au procès ». La rigueur est ici de rendre compte des convergences, mais aussi des différences. La question n’est pas de « tirer les faits » dans telle ou telle direction. La question est d’en rendre compte et de trouver leur place dans un « schéma de réalités expérientielles » avec leurs expressions propres et leurs nuances spécifiques : plus l’analyse sera nuancée, meilleure sera la qualité des liens tracés. Il ne s’agit pas non plus « de remplir toutes les cases », car un vide sur telle ou telle réalité est également « parlant ».

Nous avons montré qu’il y a convergence des approches de Jacques Degermann, HFC, Bernard Vachon, Pierre Calame et la FPH et peut-être A.N. Whitehead. Le schéma de base proposé n’est pas un moule, une grille arbitraire : il est l’articulation de questions de base dans le langage de tous les jours. L’articulation proposée est celle la plus souvent retenue « dans la pratique » (la « pratique » révèle les présupposés). Ce schéma de questionnement n’est pas celui des auteurs, des groupes et des démarches présentées. Il appartient à la présente thèse. C’est le croisement fait au moment de la rédaction définitive de toutes les réflexions, avec les mots de tous les jours.

Entrons maintenant dans la confrontation avec des expériences au niveau de l’homme, de la société et des territoires.

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Note :

[1] L’utilisation de ce groupe de mots sera commentée en partie II, car il existe des distinctions entre les approches, même s’ils travaillent tous sur les même territoires. L’intérêt de la schématisation sera justement de permettre les distinctions tout en soulignant les liens, et donc les apports des uns aux autres.
[2] Minot, Didier (éd.) ; Rochas, J.P. (collab.) ; Bregeot, G. (collab.) ; Pellerin, S. (collab.) ; Calça, M.D. (collab.), Le projet de territoire : élaboration et conduite partagées d’un projet de territoire, Rambouillet : École des Territoires, Bergerie nationale, 2001, 177 p.
[3] Séminaire du Samedi 15 octobre 2007 à la Sorbonne.
[4] Voir PR 215 :

« Chaque entité actuelle, bien qu’elle soit complète en ce qui concerne son procès microscopique, est cepen­dant incomplète en raison de ce qu’elle inclut objectivement le pro­cès macroscopique » (PR 215).

Sur les rapports du microscopique et du macroscopique en fonction de la notion d’organisme, voir PR 128 ; en fonction des notions combinées d’organisme et de procès : PR 215.
[5] Mais les nexus urbains qui seront caractérisés dans l’approche de Rodrigo-Vidal-Rojas, vue plus loin, sont eux relatifs, dans le sens qu’ils peuvent évoluer, changer, intégrer de nouveaux faits, … Le fait concret qui ne change pas et qui n’est pas relatif est par exemple « d’ être plaqué au rugby ». (exemple de Whitehead). Un urbaniste pourra prendre l’exemple de « planter une tour » dans le triangle de la folie à La Défense.
[6] Cette remarque vaut aussi pour Dieu, comme cela est expliqué en partie II-2 : il sera montré comment on évite l’arbitraire de faire appel à Dieu quand plus aucune explication ne semble possible, comme l’a fait Descartes, ou même Leibniz, repris par Kant. C’est à ce prix que l’approche est pleinement rationnelle .
[7] Whitehead Alfred North, Les Visées de l’Éducation et autres essais, Articles de 1912 à 1928, traduction Jean-Marie.Breuvard, 1994.
[8] Auteur de nombreux ouvrages sur Whitehead, dont Les 7 mots de Whitehead ou l’Aventure de l’être (Créativité, Processus, Evénement, Objet, Organisme, Enjoyment, Aventure) : une explication de Processus & Réalité, Cahiers de l’Unebévue, EPEL, Avril 1998.
[9] Michel Lussault (2007) et Bruno Latour (2000)
[10] Whitehead. Voir l’explication en partie II, chap. 9 & 10.
[11] Michel Lussault (2003 & 2007).
[12] Whitehead. Voir l’explication en partie II, chap. 9 & 10.
[13] Guy Loinger, Directeur d’ouvrage, La prospective régionale, de chemins en desseins, Éditions de l’Aube, DATAR, bibliothèque des territoires, Paris, 2004, 278 p.
[14] « Q1 : Que peut-il advenir ? Cette question prospective naturelle conduit généralement les territoires comme les entreprises à refaire le monde pour mieux oublier de se poser la question essentielle des projets en partant de son identité, de son histoire, de ses forces, de ses faiblesses et finalement du fameux « Connais-toi toi même » des Grecs anciens. La question Q1 doit être précédée par la question Q0 : « Qui suis-je » ? Cette question préalable impose un retour aux sources sur des racines de compétences, des leçons des échecs et succès passés du territoire.

La prospective est généralement centrée sur le « Que peut-il advenir ? (Q1) Elle devient stratégique quand une organisation s’interroge sur le « Que puis-je faire ? «  (Q2) pour s’en poser deux autres « Que vais-je faire ? » (Q3) et « Comment le faire ? » (Q4). D’où le chevauchement entre la prospective et la stratégie » Ibid, p.12

Guy Loinger fait le lien direct entre les cinq questions et les cinq types de prospective. Jacques de Courson développe trois des cinq questions et les prospectives correspondantes (voir les textes complémentaires en annexe).
[15] Voir le site « Mémo » à l’adresse suivante : http://www.memo.fr/article.asp?ID=PER_MOD_027, fourni en texte complémentaire en annexe informatique à l’adresse suivante : 00_Annexes\Annexe00_Textes-Complementaires\01_PartieI_KANT-Les-trois-questions.doc