8.B.2. Concrescence en détail

(Ce texte est un « texte complémentaire » joint au DVDrom de la thèse, qui est dans le prolongement direct de 8.B.1, et qui n’a pas été joint à la thèse à cause de la longueur de celle-ci. Il est joint, car vu l’importance de la notion de concrescence dans la thèse, et les 5 phases, le détail de chaque phase est éclairant).

8.B.2 La concrescence : Présentation détaillée des phases supplémentales (b, c & d).

La première phase a est la plus importante : elle définit l’ampleur de la remise en cause des notions antérieures à l’approche organique, notamment la notion de perception sensible et de représentation. Jusqu’ici a été détaillée la notion d’entité actuelle concrescente (CX1[1]) et la préhension (CX2). Le travail qui a été fait sur la préhension pourrait être aussi détaillé sur chacune des catégories d’existence et d’obligation. Plutôt que de reformuler les approches cités en section 1 du présent chapitre, il est proposé de commenter chaque schéma et de donner des exemples puisés dans la partie I, pour éclairer les notions par la pratique. Toutes les références à la théorie sont indiquées pour permettre les approfondissements techniques.

 Phase « b » : description du sentir conceptuel :

Un objet éternel est une potentialité générale, ou potentialité pure.

Le travail de Rodrigo Vidal-Rojas nous permet de nommer dans le domaine de l’urbanisme/architecture un certain nombre de potentialités générales, susceptibles de faire ingression dans le réel et de produire une transmutation. Il s’agit des potentialités suivantes :

  • potentialité morphologique, liés aux rapports vide-plein
  • potentialité typologique lié aux ordres et styles architecturaux
  • potentialité connective lié aux convergences ou continuité des flux
  • potentialité systémique lié à un ordre d’un ensemble
  • potentialité écologique, lié à l’autonomie du lieu (ou à l’inverse son intégration)
  • potentialité d’espacement, intervalle ou marge entre les quartiers
  • potentialité structurelle, comme facteur de continuité ou de changement,
  • potentialité matérielle, lié à l’organisation de l’espace autour d’un élément matériel significatif
  • potentialité fonctionnelle, lié à l’intégration d’activités différentes
  • potentialité connotative, lié aux lieux de réunion des hommes dans une mémoire commune
  • potentialité imaginaire, lié non plus au lieu en tant que tel, mais à ce qu’il suscite
  • potentialité sociale, lié aux possibilité d’échanges sociaux
  • potentialité économique, lié aux facteurs de liens des échanges

Le détail de ces potentialités et leur articulation globale dans la concrescence a été présentée en partie I, chapitre 3.

D’autres potentialités générales apparaissent dans les travaux cité note 147 de la rubrique 8.B.2. ci-dessus. Alain Borie explique « La géométrie a des exigences spécifiques et des règles tout à fait indépendantes des circonstances »[2]. Les règles de composition[3], les rapports de production, font partie des objets éternels. Philippe Panerai note un rapport dialectique et non causal entre la typologie des édifices et la forme urbaine[4], ainsi qu’une « similitude de la succession des phénomènes ». De nombreux exemples pourraient être tirés des travaux de Denise Pumain et Therèse Saint-Julien. L’intérêt de les situer dans une approche processive est que leur préhension résulte d’une évaluation : la valeur est donc une composante de base qui exclut toute actualité vide (principe ontologique présenté ci-dessus) : la potentialité générale fait ingression dans le réel au sein d’une succession de phases dont l’évaluation est un mécanisme premier.

Tous insistent sur « l’absence de jugement de valeur » (Braconnier, Vachon)

Cette remarque introduit toutes les ambiguïtés de ces deux termes : valeurs, et jugement. L’expression les associe : la valeur semble devoir faire l’objet inéluctablement d’un jugement. Or toute l’approche processive est la tentative de dissocier le jugement et la valeur d’une part, et la valeur d’avec la vérité d’autre part. Suivant les cultures, les valeurs ne sont pas les mêmes, mais le réel dans toutes les cultures fait l’objet d’un mécanisme d’évaluation. Lorsque l’on va voir Carmen à l’opéra, la valeur est l’esthétique, le drame présenté et non la moralité de Carmen : les critères esthétiques font place aux jugements moraux sur Carmen. Pour dissocier complètement valeur et jugement, Whitehead met en évidence dans Modes de pensée[5] le concept d’importance, à la place de celui de jugement. C’est ce qui a de l’importance dans telle ou telle culture qui indique la valeur, quelle qu’elle soit. Pour connaître les valeurs d’une personne, d’une groupe où d’une société, il suffit de poser la question : « Qu’est-ce qui a de l’importance ? ». L’évaluation intervient à tous les niveaux de la concrescence. Le jugement, lui, est une phase ultérieure aux propositions. L’intérêt des schémas présentés ci-après est de bien dissocier (et lier) ces notions de valeurs, proposition, conscience et jugement.

Ces potentialités peuvent être complétées, surtout dans la dimension régionale : cela fera partie des applications de la présentation du procès, en partie III .

En fait, il ne semble pas qu’il y ait une seule approche qui ne puisse bénéficier d’une analyse en terme de procès, ce qui est cohérent avec le fait qu’il s’agisse d’une description de la réalité ultime de la nature. Il est significatif que sans créer de rubrique Procès, ou processus, le Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés[6] en indique plus de 320 occurrences dans son index. Il s’agit d’une catégorie d’explication (CE9) significative[7]. Dans l’état de notre recherche et de nos lectures, nous n’avons pas encore trouvé d’analyse aussi poussée en matière régionale, et la proposition d’une description complète reste probablement à construire, par confrontation de tous les éléments existants. La démarche systématique Le site urbain : potentialités[8] fait sous la direction de Paul Claval par William Twitchett est un exemple sous une thématique précise de l’extension de la présentation ci-dessus au phénomène régional.

Phase « c » : les sentirs propositionnels :

Il y a deux types de sentirs propositionnels : les sentirs perceptifs et les sentirs imaginatifs[9]. Ils seront étudiés successivement.

8.B.2.1. Les sentirs propositionnels perceptifs :

Capture d’écran 2016-04-17 à 09.53.52

Figure Chapitre 8.B‑1 : Schéma de sentir propositionnel perceptif (authentique) (Source utilisée : schéma n°3 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph.Vaillant-)

Le schéma qui suit indique la définition
– des sujets logiques, c’est-à-dire l’ensemble des entités actuelles contenues dans la proposition[10]
– du sentir indicatif et de la recognition physique (la recognition physique est le sentir physique impliquant un certain objet éternel parmi les déterminants qui définissent son donné[11]).
– du prédicat : c’est l’objet éternel, dont le lien au sentir indicatif est la recognition physique.

Une fois bien situées sur le schéma, ces définitions sont pratiques et permettent de caractériser les éléments d’un travail géographique ou urbanistique pour la mise au point d’une typologie, pour la « construction d’une idée » ou de tout concept permettant une transmutation, selon l’approche présentée dans l’explication de la transmutation. Tout travail minutieux de terrain en urbanisme ou en géographie sont la collecte d’autant de « sujets logiques » pour l’émergence de prédicat par recognition physique, permettant par contraste la formulation d’une proposition.

Capture d’écran 2016-04-17 à 09.55.42

Figure Chapitre 8.B‑2 : Schéma complémentaire de sentir propositionnel perceptif (authentique) (Source utilisée : schéma n°3 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

Le but global de cette présentation est de montrer comment la logique peut intervenir sans faire appel forcément à la conscience et au jugement[12]. Elle est de ne pas confondre les croyances/jugements avec les sentirs perceptifs et d’imagination, tout en donnant aux valeurs, à travers la catégorie de l’évaluation (CO4) présente dans toutes les phases, donc dans toute la nature, une dimension ontologique, donc constitutive de la réalité elle-même. Mais l’évaluation ne dit rien de son contenu ! Celui-ci fluctue en fonction de la personne, du groupe ou de la société …

Capture d’écran 2016-04-17 à 09.57.10

Figure Chapitre 8‑B.3 : Schéma de sentir propositionnel perceptif (inauthentique) (Source utilisée : schéma n°5 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-))

Le sentir propositionnel perceptif inauthentique se produit quand il y a réversion dans la phase conceptuelle, c’est-à-dire que l’objet éternel senti n’est pas celui qui correspond au sentir datif.

8.B.2.2. Les sentirs propositionnels imaginatifs :

Ces sentirs concernent directement l’activité principale des ingénieurs-architectes-urbanistes-géographes, dans leur travail d’interprétation du réel.

Un sentir imaginatif est défini comme un sentir propositionnel dans lequel la reconnaissance physique est distincte du sentir indicatif[13], suivant le schéma qui suit. Citons toute de suite deux exemples : la démarche de prospective en urbanisme de William Twitchett pour exprimer les potentialité d’urbanisation de sites actuellement quasiment « vides » de la planète, et la démarche de la Fondation pour le Progrès de l’Homme pour tracer les liens entre les hommes et leur territoire (voir ces deux exemples en partie I.3.).

Capture d’écran 2016-04-17 à 09.59.56

Figure 8.B.4 : Schéma d’un sentir imaginatif (Source utilisée : schéma n°6 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

Ici, m –réduit à un pur « cela », comme l’indique le carré a1 – est le sujet logique, et a1 est le sentir indicatif, puisque c’est par a1 que m entre dans la concrescence. B est le sentir prédicatif à partir duquel le sentir c fait dériver le modèle prédicatif. Mais b est dérivé non de a1, le sentir indicatif, mais de a, ou a est séparé et distinct de a1. A est donc la reconnaissance physique, et celle-ci est tout à fait distincte du sentir indicatif. Par conséquent, c satisfait au critère pour être un sentir imaginatif[14].

Capture d’écran 2016-04-17 à 09.59.56

Figure Chapitre 8.B‑5 : Schéma d’un sentir imaginatif avec réversion (Source utilisée : schéma n°7 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

La réversion est la reconnaissance d’objets éternels qui sont partiellement différents de ceux qui sont préhendés directement dans le sentir conceptuel [15]. Dans ce schéma, on peut noter que dans un sentir imaginatif, la présence ou l’absence de réversion dans l’entité actuelle concrescente est normalement une affaire ayant peu de conséquence. La raison en est facilement observée en ajoutant une réversion au diagramme précédent.[16].

Franklin prend un exemple concret, artificiellement simplifié : supposons que m soit un rouge profond, et m1 un bleu profond. a et a1 , naturellement sont des préhensions physiques simples de m1 et m respectivement. Supposons que c sente a1 (réduit à un pur cela) comme un rouge profond (alors qu’il est bleu profond). Supposons que dans le diagramme ci dessus le sentir conceptuel b donne naissance à au sentir réversé b’ dont le datum est l’objet éternel « bleu léger du type spécifié ». Il se produit donc accidentellement que c est plus proche de la vérité (à savoir le caractère réel de m1) en préhendant b’ qu’en préhendant b. Ainsi, il ne sert à rien de distinguer entre un sentir imaginatif qui a eu une réversion dans sa genèse, et un autre qui n’en a pas[17].

Cet exemple est simplifié. En fait, de nombreux sentir propositionnels ont un groupe (ou même plusieurs groupes) d’entités actuelles, faisant toutes office de sujet logiques[18]. Whitehead affirme presque sans exception seuls les sentirs physiques transmués parviennent à entrer dans la conscience. Le sentir propositionnel a donc de nombreuses entités faisant office de sujets logiques, réunis ensemble en un seul groupe au moyen du mécanisme de transmutation. Cela est illustré dans le schéma suivant :

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.00.42

Figure Chapitre 8.B‑6 : Schéma d’un sentir propositionnel perceptif avec transmutation (Source utilisée : schéma n°8 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

En un sens, sur ce diagramme, le sentir indicatif est l’ensemble des sentirs physiques simples m, m1, m2. Mais en un autre sens, le sentir indicatif est t. Il est clair que c est un sentir perceptif. Mais c sent que la potentialité de l’objet éternel préhendé en b est un déterminant du nexus des entités actuelles a, a1 et a2 ; ceci veut dire que c applique l’objet éternel préhendé en b à l’unité, le tout, le groupe d’entités actuelles a, a1, a2. Le sentir c est en mesure de considérer a, a1, a2 comme une unité du fait de la transmutation en t. Un diagramme analogue pourrait être tracé pour le sentir imaginatif. Le plus souvent, le nombre d’entités actuelles transmuées sera de l’ordre de millions ou de milliards[19].

Une autre façon de relier la transmutation aux sentirs propositionnels est celle dans laquelle la transmutation a déjà pris place dans les data initiaux. Ici encore, nous illustrerons notre discussion par un diagramme[20].

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.03.19

Figure 8.B‑7 : Schéma d’une transmutation et réversion dans une entité actuelle dative (Source utilisée : schéma n° 9 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

L’entité actuelle A est l’entité actuelle concrescente, et a’ est un de ses sentirs physiques simples (l’entité actuelle A a d’autres sentirs physiques simples qui ne sont pas connus). De a’, l’entité actuelle concrescente produit le sentir conceptuel b’’. Ceci permet à c’ de sentir le contraste entre a’ (réduit à un pur cela comme l’indique le carré autour de a’), et l’objet éternel préhendé en b’’ (objet éternel qui est focalisé sur a’.

L’entité B a transmué l’objet éternel obtenu en b’ en un déterminant des entités m, m1 et m2, considérées comme une unité, comme un nexus.

8.B.2.3. Les fins physiques :

Elles sont un type de sentir propositionnel rudimentaire ou primitif[21]. L’intérêt est celui-ci : une préhension d’une entité actuelle passée au moyen d’une fin physique rend disponible à l’entité actuelle concrescente une variété plus grande de formes subjectives que ne le ferait une préhension physique ordinaire[22]. « En effet, cela semble être un effet empirique que la vaste majorité des entités actuelles de notre époque cosmique n’ont pas la complexité de structure et d’environnement requise pour soutenir la production de sentirs propositionnels importants. Mais les entités actuelles de notre époque sont suffisamment dotées pour soutenir les sentirs physiques[23]. Whitehead suggère que les entités actuelles qui constituent les électrons et les protons se conservent et perdurent au moyen de fins physiques »[24].

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.03.41

Figure Chapitre 8.B‑8 : Schéma d’une fin physique (Source utilisée : schéma n°10 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

L’intérêt de la fin physique est de montrer comment tout élément naturel est fruit d’un procès de concrescence, même simplifié. Ce procès ne fait pas intervenir la conscience, mais fait intervenir des propositions. Whitehead explique longuement la fin physique pour contribuer à tisser une notion de proposition qui soit à la fois présente dans tout élément vivant, avec ou sans conscience. Il permet ainsi d’ouvrir la compréhension des échelons de la vie dans leurs différents paliers d’évolution, à la frontière échancrée de la conscience. Il permet de sortir du dualisme tranché entre vie et non vie, conscience et non conscience : la proposition est à l’articulation de ces deux couples, avec un statut ontologique (catégorie d’existence n°6) aussi fort que dans chacune des autres phases[25].

Franklin exprime que c’est l’existence largement répandues de fins physiques, semblerait-il, qui rend possible la création des préhensions propositionnelles. Il y a un continuum entre les fins physiques et les préhensions propositionnelles, les fins physiques se fondant progressivement en sentirs propositionnels[26].

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.04.47

Figure Chapitre 8.B‑9 : Schéma d’une fin physique avec réversion (Source utilisée : schéma n°11 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

La fin physique peut faire l’objet d’une réversion.

8.B.2.4. Conclusion sur les propositions :

L’intérêt d’une proposition est qu’elle est un « attrait pour le sentir » [27]. Les propositions ont le pouvoir de susciter un sentir parce qu’elles introduisent une potentialité dans l’entité actuelle concrescente. Mais, à la différence de l’objet éternel, dont la potentialité est générale, cette potentialité s’applique à des éléments précis de l’environnement. « Une proposition est une nouvelle sorte d’entité. C’est un hybride entre les potentialités pures et les actualités pures » [28]. C’et une nouvelle entité. « Elles ne relèvent pas au premier chef de la croyance, mais du sentir au niveau physique de l’inconscient »[29]. C’est ici que Whitehead rejoint la psychanalyse, et en particulier Jung.

Une proposition est un contraste entre un objet éternel et le sentir physique lié.

Une proposition est donc une première intégration.

Elle n’est ni vraie, ni fausse. Le jugement que portera sur elle le logicien en terme de vrai ou faux est secondaire par rapport à la capacité de la proposition de susciter un sentir de la part du sujet qui préhende cette proposition. D’autre part les préhensions de propositions n’impliquent pas toutes la conscience. Mais on peut aussi impliquer la conscience. Whitehead suggère qu’un chrétien qui médite sur la Bonne Nouvelle peut ne pas toujours faire des jugements vrai ou faux, pour chacune des propositions de la Bonne Nouvelle. Il peut au contraire fort bien n’accueillir ces propositions pour nulle autre raison que de jouir de leur impact puissant sur ses sentiments. En fait, il peut même éventuellement juger que les propositions de la Bonne Nouvelle sont vraies de par leur capacité de susciter des émotions puissantes[30]. Un autre exemple déjà cité de Whitehead est celui de Carmen à l’opéra : on ne juge pas Carmen sur sa moralité, à savoir s’il s’agit d’une fille de mauvaise vie ou non, mais sur la beauté et l’esthétique de l’opéra. Le jugement esthétique domine sur le jugement moral. Il cite également le monologue d’Hamlet « Etre ou ne pas être … » : ce monologue et purement théorique, simple appât pour le sentir [31].

8.B.2.5. Le géographe-Urbaniste-Ingénieur-Architecte et les propositions :

La proposition est ce qui caractérise le mieux le travail des urbanistes, architectes et ingénieurs, chacun dans sa technique respective. L’ensemble de ces techniques forment l’Architecture avec un grand « A », d’après l’urbaniste-architecte Edmond Bonnefoy [32]. Il caractérise également plusieurs courants géographiques: la géographie volontaire dans la lignée de Jean Labasse, la géographie active dans la lignée de Pierre Georges, la géographie prospectiviste (De Courson, Destattes, Malhomme, Gaudin, …). Elle caractérise également le travail de chercheurs dans le domaine de la gouvernance (Calame). Le travail sur les propositions est complètement intégré dans l’approche processive de fait d’Alain Reynaud, Guy Di Méo, Michel Lussault, … L’intérêt pour toutes ces approches est de donner un statut métaphysique clair à la proposition, détachée de tout jugement, fruit d’une évaluation, et d’une intégration du réel et des potentialités. La clarté du statut métaphysique permet la clarté du statut scientifique, toute science étant basée sur une métaphysique exprimée ou implicite. La pensée organique fournit une explication détaillée de l’émergence de la proposition, comme nouveauté proposée au monde, et source d’avancée créatrice.

3. Phase « c » : La transmutation :

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.07.55

Figure Chapitre 8.B‑10 : Schéma de la transmutation dans Procès et réalité (Source utilisée : schéma de Donald W.Sherburne n°3 dans Clés pour Procès et réalité, 1965 -réinterprété par Ph. Vaillant-).

C’est par une transmutation que les gens, les maisons, les pierres, les parlements et les livres émergent comme des objets unifiés de la multitude d’entités actuelles séparées et distinctes[33]. La transmutation est le principe maître de l’ordre. En effet, dans le monde les structures (patterns) sont perdues dans la nuée d’entités actuelles séparées.Mais simplifié par la transmutation, l’ordre inhérent à la jungle apparemment chaotique d’entités actuelles commence à s’affirmer hors de son arrière plan. L’ordre est accentué ; et dans l’expérience consciente (qui n’apparaît que plus tard dans la concrescence on se trouve capable d’appréhender le monde comme un royaume d’ordre et de structure[34]. La transmutation est la façon dont le monde actuel est ressenti comme une communauté, et ce, en vertu de l’ordre qui y prévaut[35].

La transmutation assure le passage de la multiplicité des entités microscopiques à la perception macroscopique. C’est par le fait même aussi cette transmutation qui conduit au sophisme du concret mal placé, en présentant comme réalités concrètes ce qui n’est en fait que le produit d’une abstraction par rapport aux occasions actuelles initiales. Mais la transmutation est inévitable[36].

Explication de la figure 8.16 :

Les trois cercles à gauche repréentent les entités actuelles datives et a, a1, a2 sont les préhensions physiques simples de ces entités. Chaque trait indique que a, a1, a2 « incluent » les entités actuelles passées, c’est-à-dire que les entités actuelles passées s’inscrivent dans les entités concrescentes (relation interne). On peut imaginer que chaque trait est un « tube » indiquant que chaque préhension n’est pas « venue de nulle part »[37]. L’utilisation de trait à la place de tubes ne doit pas induire en erreur : les préhensions n’existent pas d’abord, pour établir ensuite une relation vers les data. La préhension est l’inclusion par la nouvelle entité actuelle des data. La relation est interne, et non externe. Ainsi, l’objet éternel préhendé en b est présent à a, a1, a2 ; a, a1 et a2 donnent toutes naissance à une préhension conceptuelle du même objet éternel. b et toutes les préhensions conceptuelles pures dérivant de préhensions physiques simples constituent la deuxième phase de la concrescence.

L’insistance sur le caractère interne de la relation est d’autant plus important que le présupposé culturel d’une substance inerte[38] fait ressurgir la relation comme externe. Prenons un exemple géographique concret qui sera développé plus loin : « Par nature, les pratiques se répètent : elles provoquent, elles matérialisent l’interaction sociale et spatiale. Elles reformulent, reconstruisent en permanence les héritages. Elles créent ainsi de la nouveauté »[39]. Les pratiques sont l’espace, et ne sont pas dans l’espace, sinon dans la transition fugitive, le passage entre l’entité arrivée à satisfaction et l’entité concrescente. L’espace n’est pas un réceptacle des pratiques : il est constitué des pratiques. L’incessant oubli de la relation interne amène à l’opposition d’une géographie du « vécu » et une géographie de « l’espace ». Le mode de pensée organique propose le dépassement de cette opposition, sur la base d’une approche élargie de la perception que les urbanistes et géographes pratiquent de fait.

Dans la troisième phase c, l’entité actuelle concrescente applique maintenant, en c, l’objet éternel qui est le datum de la préhension conceptuelle b et qui est dérivée de a, a1, a2, individuellement aux 3 entités actuelles datives (à gauche du schéma) considérées comme un groupe, comme un tout, comme une unité, un nexus. C’est ainsi que l’ensemble des 3 entités actuelles datives seront maintenant vues par l’entité actuelle concrescente comme une unité actuellement et concrètement caractérisée par cet objet éternel qui est le datum d’une préhension conceptuelle b. On peut préciser ce dernier point en disant que dans la transmutation, l’objet éternel senti en b est appliqué au nexus physiquement. [40]. L’entité concrescente sent donc le nexus composé des 3 entités datives (c’est-à-dire le nexus comme un tout) comme s’il était la source de l’objet éternel senti en b. Autrement dit, l’entité concrescente sent le nexus transmué comme si ce nexus était une unité authentique dans le monde, concrètement caractérisée par l’objet éternel en question[41].

8.B.2.4. Exemples de transmutation en géographie et en urbanisme ; Pierre Sansot, Philippe Panerai, Rodrigo Vidal-Rojas[42] :

La transmutation est le mécanisme que nous pouvons exemplifier chez Pierre Sansot dans sa Poétique de la ville aux pages 33, 68, et 468. Pierre Sansot rappelle le rôle des « princes de l’imaginaires », les peintres et les poètes pour nommer les véritables lieux urbains : ce sont eux qui métamorphosent la ville en objets ou en lieux urbains, qui opèrent cette transmutation. Il parle de mutations aux pages 68 et 468 pour marquer l’introduction de la démocratie urbaine à Athènes, et l’ancrage dans la ville du propriétaire/locataire d’un appartement.

Rodrigo Vidal-Rojas parle de « construction d’une idée »[43] : c’est le même mécanisme de réunion d’un ensemble de faits liés entre eux, qui sont alors symbolisés par une seule préhension et un seul nom. Il émerge de ce travail un fragment, par transmutation.

Guy Di Meo et Pascal Buléon parlent de Catégorie socio-spatiales (CSS) et de Formation socio-spatiales (FSS), suivant le degré de netteté de l’analyse au regard des faits considérés, et de leur intensité. Ils parlent de matrices. Les éléments de la matrice sont les sujets logiques et les prédicats organiques. L’ensemble des faits rassemblés permettent de faire émerger des caractères communs à un ensemble de faits, et des liaisons constantes. Cette émergence permet l’expression des CSS et FSS.

C’est le sentir propositionnel transmué qui permet de définir les typologies du bâti (caractère architectural lié à l’usage), les morphologies urbaines (condition des rapports des vides et des pleins), les caractères de la connectivité, la monumentalité, la fonctionnalité, la connotativité, la sociabilité, la puissance d’imaginaire, l’économicité, … Ces différents nexus urbains sont en effet caractérisés par le croisement d’une caractéristique générale et des faits particuliers pertinents (les sentirs indicatifs et leurs sujets logiques).

La mise au point d’une typologie, telle qu’elle est décrite par Philippe Panerai dans Analyse urbaine [44] est un travail de transmutation, à partir des données de bases, qui sont autant de sujets logiques permettant par l’identification d’une caractéristique déterminante commune et l’explicitation des liens d’opérer la transmutation : le résultat est l’expression d’une typologie.

Le travail de mise au point d’une typologie des régions conviviales peut devenir un travail de transmutation, à l’issue d’une comparaison systématiques des points de ressemblance en fonction des critères de la région conviviale.

Dans le langage courant, on entend parler de « mise au point d’un concept ». C’est la même démarche, à condition de toujours garder trace de l’origine, c’est-à-dire des faits constitutifs du concept, pour éviter le concret mal placé.

Le concret mal placé a lieu lorsque le « concept » n’est plus relié aux faits de base. Prenons par exemple le concept de « banane bleue ». Si ce concept n’est pas relié étroitement aux faits qui le justifient, il semble exclure tout ce qui est en dehors de ce concept, notamment en ce qui concerne justement la région « entre Vosges et Ardennes », où « SarreLorLux+ » : l’importance des passages entre la vallée du Rhin (entre Koblenz et Düsseldorf) et le sillon lorrain justifie d’autres schémas, surtout en ce qui concerne les potentialités d’évolution. Un schéma ne dit rien de l’avenir, mais peut contribuer à l’émergence de cet avenir. La démarche de Roger Brunet de partir de l’abstrait pour se confronter au réel est le contraire de la démarche organique. Le réel, le concret sont premiers. Les obstacles à l’évolution de la région entre Paris et la « banane bleue » sont parfois plus une habitude de pensée que la prise en compte sérieuse de l’ensemble des faits / des potentialités pouvant amener à des analyses différentes. Ces potentialités sont de nature écologique, culturelles, économiques, sociales, … L’étude Schéma de Développement de l’Espace SaarLorLux+ (2003) est une approche remarquable de telles potentialités.

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.09.23

Figure Chapitre 8.B‑11 : Schéma de transmutation avec réversion (Source utilisée : schéma n°2 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

Description du schéma de transmutation avec réversion :

La situation est fondamentalement la même que celle du diagramme 1, sauf dans la seconde phase, où la préhension conceptuelle b donne naissance à une préhension conceptuelle supplémentaire b’. La différence entre les objets éternels préhendés par b et b’ peut être petite et sans importance, ou grande et vitale, mais ils diffèrent. Dans la transmutation, représentée par c, c’est l’objet éternel préhendé par b’ qui est prédicat du groupe des 3 entités actuelles datives. Puisque cet objet éternel b’ ne se trouve pas dans les entités datives, il s’ensuit que l’entité actuelle concrescente ne sera pas précise dans son sentir du nexus des entités datives. Il faut noter cependant que cette imprécision peut être aussi bien heureuse que malheureuse.

8.B.2.5. Phase « d » :Les sentirs intellectuels. Au-delà de la pré-conscience (awareness), la conscience.

Cette phase pourrait aussi être appelée réflexivité, pour emprunter le terme de Michel Lussault et de Bruno Latour et esquisser un lien avec leurs approches.

C’est la phase de détermination, décision, de choix, de jugement.

Toute la description antérieure avait pour but de montrer que les perceptions conscientes ne sont pas présupposées dans l’approche des propositions, et qu’elles sont une phase avancée du procès. La conscience peut ne pas avoir lieu. Dans la métaphysique de Whitehead, la conscience ne peut exister que sur un fondement de sentirs propositionnels.

Il y a deux façons de sentir la proposition correspondant aux deux types de sentirs propositionnels : les perceptions conscientes, et les jugements intuitifs[45] :

  • Une perception consciente est le sentir d’un contraste entre la proposition sentie dans un sentir perceptif et les entités actuelles dont il dérive[46].
  • Un jugement intuitif est le sentir d’un contraste entre la proposition sentie dans un sentir imaginatif et les entités actuelles dont il dérive[47].

Il s’agit donc d’une deuxième intégration (la première intégration est la proposition). Le diagramme qui suit est identique jusqu’au sentir c au diagramme du sentir propositionnel perceptif. .b est un sentir perceptuel authentique. d est le contraste entre la proposition sentie en b et l’entité actuelle préhendée en a. a est sentie comme une entité actuelle pleinement revêtue de ses caractéristiques et non réduite à un pur cela.

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.11.43

Figure Chapitre 8.B‑12 : Schéma d’une perception consciente (Source utilisée : schéma n°12 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

8.B.2.5.1. Les jugements :

Le jugement est la décision par laquelle une proposition devient un objet de croyance intellectuelle[48].

Le diagramme qui suit est le même que le diagramme précédent, à l’exception de la substitution d’un sentir imaginatif au lieu et place d’un sentir perceptif.

Capture d’écran 2016-04-17 à 10.13.16

Figure Chapitre 8.B‑13 : Schéma d’un jugement intuitif (Source utilisée : schéma n°13 de Stephen T. Franklin dans Parler depuis les profondeurs, 1990 -réinterprété par Ph. Vaillant-)

Les jugements intuitifs sont de trois ordre :

  • – les jugements intuitifs sous forme « oui »
  • – les jugements intuitifs sous forme « non »
  • – les jugements intuitifs sous forme « en suspens ».

La science progresse grâce aux jugements en suspens.

Dans cette phase, les propositions peuvent être acceptées, ou rejetées. C’est la phase ou la liberté de détermination intervient, dans l’acceptation- ou non- de la nouveauté. Un exemple frappant de cette liberté est cité par Manuel Castells dans La société en réseau[49] : l’acteur de télévision Aoshima, en 1995, a fait campagne aux élections municipales sur un seul thème : l’annulation de la Foire mondiale de la ville. Il a été élu, et à la stupéfaction des grandes entreprises et des milieux d’affaires, il a annulé l’exposition.

8.B.2.5.2. La conscience :

Selon Whitehead, la conscience est tapie dans les formes subjectives des perceptions conscientes et des jugements intuitifs.La grande majorité des entités actuelles, y compris celles ayant des sentirs propositionnels, n’accomplit jamais cette quatrième étape et n’est donc jamais consciente. Quand la conscience est atteinte, cependant, elle émerge dans les formes subjectives des preceptions conscientes et des jugements intuitifs.

La conscience est le contraste entre la potentialité et l’actualité. Ce contraste est aussi appelé contraste entre le fait (les entités actuelles senties par le sentir indicatif) et la théorie (i.e. la proposition)[50]. Whitehead appelle cela aussi le contraste entre ce qui « est en fait » et ce qui « pourrait être »[51]. Avec les mots propres de Whitehead :

« La forme subjective du sentir propositionnel dépendra des circonstances, suivant la condition catégoriale VII. Elle peut impliquer ou non la conscience ; elle peut impliquer ou non le jugement. Elle impliquera l’aversion ou l’adversion, c’est-à-dire la décision. La forme subjective n’impliquera la conscience que si le contraste « affirmation-négation » s’y est introduit. Autrement dit, la conscience entre dans les formes subjectives des sentirs quand ces sentirs sont des composants d’un sentir intégrant dont le datum est le contraste entre un nexus qui est, et une proposition qui par sa nature nie la décision relative à sa vérité ou sa fausseté. Les sujets logiques de la proposition sont les entités actuelles du nexus. La conscience est la manière de sentir ce nexus réel particulier, en tant qu’il est en contraste avec la liberté imaginative à son sujet. La conscience peut conférer de l’importance à ce qu’est la chose réelle, ou à ce qu’est l’imagination, ou aux deux à la fois. »[52]

Cette longue citation trouve sa place ici, compte tenu de la profondeur de la remise en cause des notions habituelles sur la conscience (notions du noyau mou du sens commun).

Il existe pourtant un exemple très simple de la vie quotidienne, pour bien comprendre cette notion de conscience, comme émergence de la forme subjective du contraste de l’affirmation et de la négation. Cet exemple est fourni par Stephen T.Franklin. Compte tenu de son importance pédagogique, en voici la citation complète :

Peut-être peut-on exprimer moins techniquement ce que Whitehead a à l’esprit en affirmant que la conscience n’émergera que comme (une partie de) la forme subjective du contraste affirmation-négation. Quand je lis un livre, je peux le lire de deux façons. Je peux le lire sans poser de questions sur son contenu, sans raisonner avec lui, et sans réellement penser à son sujet ; en somme, je peux le lire comme une éponge s’imprègne d’eau. Ou bien je peux aborder ce livre avec certaines hypothèses à l’esprit. Je peux ensuite tester ces hypothèses au fur et à mesure de ma lecture, en les écartant ou les modifiant comme l’exige le texte ; dans ce mode de lecture, je questionne, je conteste, je suis d’accord ou je rejette ce que dit le texte. Or, pour moi personnellement, c’est un fait que, lorsque je lis suivant ce dernier mode, je suis plus vif, plus attentif, et j’extrais davantage de ce que je lis – bref, je suis plus conscient. Mais lorsque je lis comme une éponge qui absorbe l’eau, habituellement je m’endors, et souvent il m’est impossible de me souvenir de ce que j’ai lu sitôt après l’avoir lu. Même une bonne fiction, un bon récit de détective avant de se coucher, soutient mon intérêt en me faisant deviner « qui l’a fait », et une longue aventure intelligente soutient mon intérêt en projetant des habitudes, des styles de vie, et des façons d’agir autres que les miens. Bref, dans ce second mode de lecture, je suis plus conscient que dans le premier. Mais qu’est-ce donc que ce second mode de lecture si ce n’est la confrontation constante de l’actualité et de la potentialité ? L’affirmation de Whitehead que la conscience implique le contraste entre actualité et potentialité peut dont fort bien être confirmée simplement en faisant soigneusement attention à nos propres expériences.

Nota : Il peut être intéressant de noter que l’utilisation par Whitehead du mot « spéculer » est basée précisément sur ce point. Plusieurs fois Whitehead décrit la philosophie, la physique, la science et la pensée comme spéculatives. Mais ce qu’il entend par, disons, la physique spéculative n’est pas une physique qui lance des conjectures sauvages sur le monde ou des affirmations qu’elle est incapable d’établir. Ce que Whitehead a plutôt à l’esprit par « spéculative », c’est une physique qui procède par interrogation de la nature, par des investigations en elle, et en formant des hypothèses pour guider l’imagination du physicien. Whitehead accuse Bacon de penser que la nature fournira des modèles significatifs et des lois à de simples spectateurs (SMW 53b). C’est ce sens aussi que Whitehead défend quand il dit que la philosophie doit être spéculative. (Selon Whitehead, un escroc doit craindre le plus le policier spéculatif ; après tout, qu’était Sherlock Holmes sinon un spéculatif ?) Whitehead écrit : « J’appellerai une telle démonstration une « démonstration spéculati­ve’ » en rappelant l’utilisation du mot « spéculation » par Hamlet lorsque celui-ci dit : « Il n’y a aucune spéculation dans ces yeux-là » (CN 6c) » [53].

Capture d’écran 2016-04-17 à 13.25.34Capture d’écran 2016-04-17 à 13.23.52

Figure Chapitre 8.B‑14 : Exemple permettant de bien comprendre la notion organique de conscience : la lecture d’un livre (Source utilisée : Stephen T. Franklin, Parler depuis les profondeurs, 29b-c (p.51-53))

8.B.2.5.3. Exemples dans la pratique du géographe-inganieur-urbaniste-architecte :

De nombreux autres exemples pourraient être trouvés dans le vécu professionnel des urbanistes-architectes-ingénieurs-géographes. En effet, ceux-ci sont confrontés en permanence à un ensemble de faits parfois contradictoires les obligeant à « spéculer » pour tracer un récit le plus cohérent possible intégrant le maximum de données, dans des contrastes sophistiqués, en première ou deuxième intégration.

________________________________________________________
Notes  :

[1] Voir section 5 : Catégorie d’Existence (CX) ; Catégorie d’Explication (CE) et Catégorie d’Obligation (CO)
[2] Borie, Micheloni, Pinon, Forme et déformation, 2006, p.7
[3] Borie, 2006, p8. Voir aussi Riboulet, 11 leçon de composition urbaine, Presses ENPC, 1998.
[4] Panrai , Depaule, Demorgon, Analuse urbaine, p.119a. et 120d.
[5] Whitehead, Modes de pensée, Vrin, 2004. Voir en première partie,la première conférence sur « L’Importance », pages 25-42.
[6] Sous la direction de Jacques Levy et Michel Lussault, 2003, 1027 p.
[7] Une étude sur ce seul point pourrait être entreprise pour montrer la capacité explicative du procès. Mais pour cela, il est nécessaire au préalable de détailler le vocabulaire technique lié au procès lui-même.
[8] Thèse , Le site urbain : potentialités. Réflexion sur le développement responsable et équilibré des établissements humains à partir de 6 exemples français, égyptiens et australiens, 390 p. hors annexes, 1995.
[9] PR 261c.
[10] PR 186c
[11] PR 260c
[12] PR 184c.
[13] PR 263c.
[14] Franklin, PdlP, 13d
[15] PR 26g
[16] Franklin, , PdlP, 13f.
[17] Franklin, PdlP, 14a
[18] Voir l’exemple de Socrate, PR 264f-265a. Franklin donne également 2 exemple dans ses notes 22 et 23 de la page 14 (26-27).
[19] Franklin, PdlP, 15a. Il note que Whitehead ne précise jamais ceci explicitement. Mais c’est une thèse raisonnable si l’on se souvient que Whitehead montre que c’est au moyen de la transmutation qu’émerge nos perceptions d’éléments tels que les chevaux.
[20] Franklin, PdlP, 15c.
[21] Franklin, PldP, 26a.
[22] Franklin, PdlP, 26e.
[23] PR 276b
[24] PR 308d-309e, cité par Franklin, PdlP, 26e-27a.
[25] Voir le schéma des catégories d’existence ci-dessus.
[26] Franklin, PdlP, 27b.
[27] PR 184c185c, 259b, cité par Franklin, PdlP, 17c.
[28] PR 185e-186a.
[29] PR 186d.
[30] PR 185b.
[31] PR 185a.
[32] Edmond Bonnefoy, Les quatre techniques de l’Architecture, Le Moniteur, le 6 mai 1983. Ces quatre techniques sont la planification, l’urbanisme opérationnel, l’architecture/construction, le design.
[33] PR 62d-64a.
[34] Franklin, 1990, 9c
[35] PR 250-251.
[36] Alix Parmentier, PhW, 1968, 398.
[37] Pour bien faire comprendre cela, Franklin propose le même schéma avec des « tubes ».
[38] même si elle est refusée, rappelons le dans Di Méo, 2005, p.43c.
[39] Di Méo, 2005, 40d.
[40] PR 251c.
[41] Franklin, 1990, 8d.
[42] Une présentation de ces trois auteurs avec une courte biographie, leur vie, leur formation initiale et leurs principales œuvres se trouve en partie I, chapitre 3.
[43] La fragmentation page 106b.
[44] Panerai, Depaule, Demorgon, Analyse urbaine, 2005, p.120 à 133
[45] Franklin, PdlP, 27c.
[46] PR 268c-e.
[47] PR 271b-c.
[48] PR 187d.
[49] Castells, La société en réseaux, Fayard, 201, p.528-529.
[50] PR 188d.
[51] PR 267a, III, Ch.V, s.2.
[52] RP 261c.
[53] Stephen T. Franklin, Parler depuis les profondeurs, 29b-c (p.51-53)