〈Introduction〉 (…) Page précédente (…) 〈3〉 Page suivante
〈1〉 Les territoires de transition, flous, situés entre urbain et rural sont en pleine transformation. On peut y observer que la dynamique de changement s’articule autour de 5 réalités indissociables et simultanées : la vision, les objectifs, les valeurs, les interactions, les structures.
Cette dynamique territoriale et de changement de société est vécue au quotidien dans les expérimentations de développement local. L’approche organique enrichit et développe l’expression des cinq réalités de la dynamique et de leurs relations mutuelles. Elle fournit une base à la fois scientifique et philosophique à l’interprétation de l’expérience personnelle, du vécu ordinaire.
Cette dynamique, ainsi enrichie par une pensée organique, se retrouve dans les trois dimensions des activités naturelles, humaines et économiques, dans leurs interactions, à différentes échelles de l’espace et du temps et dans nos réseaux sociaux. Les couples interne/externe, privé/public, individu/société, personne/communauté, bottom up/top-down, etc … ne sont plus des oppositions (séparations, cloisonnements, fragmentation, …) mais des tensions créatrices (des contrastes, une dialogique). Mais comment tout cela « tient-il ensemble » ? Nous verrons comment ces contrastes permettent l’unité dans la diversité au sein du procès organique.
Découvrons comment cette dynamique a un lien avec l’analyse génétique du réel, au sein des réalités ultimes. La dynamique s’intègre au « schème organique » qui est à ce jour la seule synthèse intégrant à la fois les récents acquis scientifiques et les éléments de sens commun vérifiables par chacun dans son expérience ordinaire. Cette réalité ultime, – l’ensemble des « gouttes d’expériences » – compose notre vécu ordinaire, non dualiste, unité dans la diversité. En ce sens, la dynamique contribue, par la recherche qu’elle induit, à préciser le schème organique dans le domaine de la géographie. Dans la saisie ((ap)préhension, sensation) de cette fécondation réciproque apparaît la nouvelle mutation organique de l’urbanisme (ch.12).
〈2〉 Cela amène à abandonner d’anciennes habitudes de pensée, pour en adopter de nouvelles, logiques, cohérentes et adéquates pour l’interprétation de l’expérience vécue. Les notions de matière, d’objet, de substance, d’espace et de temps, … sont reliées entre elles et aux observations ou gouttes d’expériences de la vie ordinaire, dans un langage souhaité redevenu simple et dégagé du piège qui consiste à prendre l’abstraction pour le réel (le concret mal placé, source de bifurcation).
Cette dynamique peut être qualifiée de conviviale, en ce sens qu’elle montre l’unité et la solidarité des éléments de la nature, et l’équilibre entre le territoire, ses acteurs, ses organisations, les potentialités de chacun d’eux et leur coopération vers plus d’harmonie. Cet équilibre dialectique entre potentialités et actualités peut enrichir la pensée du développement durable, le lien entre le rural et l’urbain, et permet de caractériser l’évolution (l’avancée créatrice ou encore transformation créatrice) des sociétés sur leur territoire.
Le lien entre le rural et l’urbain s’éclaire alors d’un sens nouveau par l’emboîtement de ces deux dimensions. Au lieu d’être exclusives, la ruralité et l’urbanité se conjuguent, en particulier dans la convivialité et la connivence. Les formes de métropolisation en cours vont dans ce sens, confortant la notion de tiers espace. Cette notion prend ici le nom de « région morphologique basée sur l’appartenance et symbolisée par son contour et son centre de référence », ou région conviviale.
Les acteurs du territoire peuvent permettre ce passage de la séparation/exclusion à l’emboîtement/convivialité du rural et de l’urbain, de l’échelon local à l’échelon régional. Ils sont à l’articulation entre démocratie ascendante et descendante (on pourrait dire aussi entre la démocratie de représentation et la démocratie de participation). Ils contribuent ainsi de façon décisive à la prise en compte du rural dans l’expansion urbaine (métropolisation) et à l’équilibre entre les deux. Et ils contribuent à faire entendre la parole du citoyen de base.
Il se dégage pour le Grand-Est une figure de la région conviviale qui rend compte de l’équilibre entre le territoire et ses acteurs, du rural à l’urbain. Cette figure peut être un exemple pour d’autres régions d’Europe, voire du monde. 〈3〉