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15.B. Les R.C. en France

15.B. Implications pour les régions conviviales (R.C.) en France :

L’intuition pour la France peut être présentée à partir du « scénario de l’inacceptable », Ce scénario, mis au point par la DATAR pour exprimer ce qu’il fallait éviter à tout prix, exprime toutes les tendance des territoires en France : il suffit donc de s’appuyer sur ces tendances pour favoriser l’émergence de régions conviviales et conforter celles qui existent. Le schéma fait apparaître :

– Pour l’Aquitaine : l’importance de Bordeaux comme centre de référence pour un territoire qui s’étend jusqu’à Bayonne au sud, et la marche de la Charente au Nord. Une coopération interrégionale avec la région Midi-Pyrénées existe déjà.

– Pour la Bourgogne : Dijon n’apparaît même pas, comme rayée de la carte dans une vision jacobine de la France. Pourtant de multiples indices lui donne la vocation de centre de référence pour un espace englobant la Franche-Comté et la Haute-Marne : MIADTT, Revue de l’Est,.

– Pour la Bretagne : Rennes apparaît comme centre de référence pour un territoire de la Bretagne qui pourrait dans son attractivité englober la Mayenne.

– Pour la Corse peut-on suggérer que Corte soit un centre de référence adéquat ?

– Pour la Loire : la forte dépendance de l’ensemble de la Loire d’Orléans à Nantes suggère qu’une ville bien située sur l’axe devienne centre de référence. Tours, à équidistance de Nantes, Orléans et Poitiers apparaît avoir les qualités pour jouer ce rôle. Créer un aéroport près de Tours ne serait-il pas préférable à l’actuel projet de le situer entre Nantes et Rennes ? Un aéroport à Tours semble une alternative intéressante à la création d’un troisième aéroport de Paris, grâce à la bonne liaison TGV Paris-Tours, pour développer simultanément la région Loire. D’autre part, l’option de conserver « la Loire sauvage » est-elle contradictoire avec la création d’un canal au gabarit européen reliant Le Havre au réseau Nord-Sud Marseille-Europe du Nord (via la Moselle ?)? La région proposée est à l’échelle des défis qu’elle doit relever.

– Pour Midi-Pyrénées : l’importance pour Midi-Pyrénées du débouché sur la mer Méditerranée est souligné, avec Toulouse pour centre de référence.

– Pour le Massif Central : trois pôles apparaissent : Limoges, Brives et Clermont-Ferrand. Trouver un équilibre entre les trois dans une même région appelle un nouveau centre de référence commun. Culturellement, une telle région est desservie par le même quotidien « La Montagne » : ce nom pourrait devenir celui de la région. La démarche actuelle du Comité de Massif va dans le sens d’une structuration globale de cet espace, avec le renforcement des infrastructures, la création d’un aéroport régional, et le renforcement des solidarités. Un appel à projet est lancé[1] pour trouver des réponses « sur au moins deux régions ». La configuration proposée semble minimale (le Massif dans son entier recouvre 15% du territoire national sur 5 régions) mais cohérente pour tenir compte de l’histoire, de la culture et des solidarités existantes. Le centre de référence proposé par William Twitchett [2] serait un pôle nouveau à l’ouest de Clermont, sur un site possible pour un aéroport avec une connexion ferroviaire et autoroutière existantes, près de St-Julien-Puy-Lavèze (Autoroute A89/E70, Gare de Laqueuille-Gare et aéroport possible à environ 3km au nord).

– Pour le territoire Nord, Pas-de-Calais-Picardie : aucune solution satisfaisante n’émerge simplement. Il n’y a que la solution « la moins mauvaise» compte tenu de la proximité de Bruxelles. Il semble toutefois qu’Arras puisse jouer de rôle de centre de référence de par son équidistance vis-à-vis de Bruxelles, Londres et Paris, et son positionnement central au sein de la nouvelle région, la rendant au mieux apte à fédérer l’ensemble de la nouvelle région. Cette proposition a été mûrie par William Twitchett [3] lors de nombreux ateliers de Terre & Cité entre 1995 et 2008.

– Pour la Normandie : l’identité d’une Normandie unifiée est d’abord due à l’histoire : l’Epte est la frontière depuis le Traité de St Clair sur Epte signé le 11 juillet 911 entre Charles III le Simple et Rollon, le chef Viking, visant à l’établissement des Normands en Neustrie. Un nouveau centre de référence pourrait être proposé, et Lisieux pourrait jouer ce rôle fédérateur.

– Pour la région Rhône-Alpes : Lyon apparaît clairement comme le pôle structurant de la région, et cette région peut être considérée de l’avis unanime des géographes comme région modèle, à l’égal des Länder allemands. C’est une région de programme des années 1960, qui en tant que telle semble être la plus armée en France pour devenir une référence dans une réflexion sur la région conviviale. On peut remarquer l’existence d’un réseau de voies d’eau efficace, notamment entre Lyon et la Méditerranée, un service multiple de TGV avec un réseau ferroviaire complémentaire et un réseau autoroutier performants. Du point de vue du cadre de vie, le chef-lieu, Lyon ainsi que les chefs-lieux des départements permet de donner un accès facile aux sites de loisirs de qualité mondiale.

– Pour la région Rhône-Méditerranée : elle s’étend de Béziers à l’Italie, et Aix occupe une place privilégiée dans la zone de polarisation.

Pour la région « Seine » : le schéma confirme la zone de polarisation détaillée au chapitre 14. Le centre de référence proposé est « Paris-Chessy », pour tenir compte de la saturation de Paris, et proposer en quelque sorte une « Défense II » qui attend une figure charismatique comme « Robert Auzelle » lors de la réalisation de la Défense I pour être mise en débat. Il convient de souligner que toutes les infrastructures existent déjà, puisque Chessy est la gare d’interconnexion de tous les TGV de France vers toutes les régions d’Europe. D’autre part, les promoteurs construisent des dizaines de milliers de m2 de bureaux, hôtels, logements pour la qualité de l’implantation. Il serait temps de prévoir les emprises publiques nécessaires pour créer les services publics correspondants. C’est la prise de conscience citoyenne et politique qui semble faire défaut ici, probablement du fait de la rivalité entre Paris-ville et l’actuelle région (Bonnefoy, 2007 [4]).

– Pour la région des Vosges aux Ardennes : son caractère transfrontalier centré sur « Louvigny-Vandières » apparaît pertinent dans la perspective européenne développée au chapitre 14. L’ensemble de ces propositions sont cohérentes avec la Carte des Territoires vécus : organisation territoriale de l’emploi et des services dans son édition de 2002. En effet, les frontières proposées correspondent aux aires urbaines et aires d’emploi de l’espace rural dans la définition nouvelle proposée (Zonage en Aires Urbaines et en Aires d’emploi de l’Espace Rural (ZAUER) [5]).Aucun nouveau périmètre ne coupe une aire urbaine au niveau du pôle urbain ou des communes périurbaine, même entre Paris et Orléans, sauf deux cas justifiés l’un par l’histoire, l’autre par une limite administrative qui pourrait être très légèrement ajustée sur quelques communes : il s’agit de la Normandie séparée de la région « Seine » par l’Epte (les villes de Gisors et de Gournay-en-Epte se développent de chaque côté) et de la limite entre Bar-le-Duc (région « Entre Vosges et Ardennes ») et St-Dizier (région « Seine »).

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Figure 15‑2 : Le scénario de l’inacceptable des années 1970, et l’esquisse de régions conviviales pour y faire face (Fond de plan, Territoires 2030 n°3 avec superposition des cercles de 32 000 km2)

Le schéma régional proposé pour la France à partir de ces remarques pourrait être le suivant :

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Figure 15‑3 : Proposition de réalisation de 13 régions conviviales en France métropolitaine (Fond : Atlas Ouest-France).

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Figure 15‑4 : La France des régions conviviales (RC) (Extrait du fichier « Europe des RC »)

Le tableau ci-dessus est extrait du travail de statistiques sur les NUTS 1 et 2 de l’Europe présenté dans la partie qui suit. Les chiffres de la région « Vosges-Ardennes » sont donnés pour l’ensemble de la région avec la partie belge, luxembourgeoise et allemande pour permettre les comparaisons. On observe que dans cette perspective, la région « Vosges-Ardennes » est la deuxième en population après Paris (respectivement 7,3 et 14,2 millions d’habitants) pour un territoire presque égal à celui de Seine/Paris-Chessy (respectivement 52 800 et 55 800 km2). Les cartes qui suivent indiquent les deux modifications de frontières de département proposées, internes à la France. Cette démarche contribue à une réflexion sur l’adaptation des régions françaises dans la perspective de « l’Europe des régions ». Elle n’a de sens que dans cette perspective, exposée ci-après.

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Figure 15‑5 : Proposition de périmètre pertinent pour la région Nord-Picardie (Fond INSEE, Géoflat 2007)

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Figure 15‑6 : Proposition de périmètre pertinent pour la région « Seine », entre Orléans et Paris  (Fond INSEE, Géoflat 2007)

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Notes :

[1] www.massif-central-diact.gouv.fr. Pour les informations, voir aussi www.adimat.com Les trois articles relatant la convention interrégionale 2007-2013 sont en annexe 12 à l’adresse suivante : Annexe\Annexe12-Region-Conviviale-Ville&Territoire\D2_Europe\D2-Montagne et suivants.
[2] Les croquis d’intention sont présentés dans l’annexe informatique n°04 à l’adresse suivante : Annexe\Annexe12-Region-Conviviale-Ville&Territoire\D2_Europe\D2-Montagne
[3] Voir le remarquable PowerPoint et fichier PDF de synthèse dans l’annexe informatique n°04 à l’adresse suivante : Annexe\Annexe04-Terre&Cite\TWITCHETT_ARRAS_Region-Conviviale_80pages.pdf
[4] Voir le document présenté au 43ème Congrès de l’AIU/ISoCaRP à Anvers en septembre 2007 par Edmond Bonnefoy. Le document se trouve dans l’annexe informatique n°04 à l’adresse suivante : Annexe\Annexe04-Terre&Cite\Bonnefoy-Edmond-Hildebrandt_a-Francais.pdf
[5] Carte des territoires vécus : Organisation territoriale de l’Emploi et des services, Édition 2002, INSEE, IGN, Cartographie et décision, 2002. Le travail est conjoint entre la DATAR, le Ministère de l’Agriculture, l’INRA, l’INSEE.