2.G.2. La Chênaie de Mambré

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〈53〉 (…)

2.G.2. La dynamique de l’atelier de formation à la citoyenneté « Hommes, Femmes dans la Cité » autour de Geneviève Vial :

Cette école de citoyenneté créé en 1983 autour de Geneviève Vial fait partie de ce que Josée Landrieu appelle « groupe d’expérimentation en temps réel d’un vivre et agir différent » [1]. Ce type de groupe remplace de fait les corps intermédiaires de la société qui s’effritent, s’amenuisent, voire disparaissent progressivement. Ils inventent une nouvelle manière de « vivre ensemble », de passer 〈53〉 du « je » au « nous » et du « nous » à la création. Les pages qui suivent relèvent de ma transcription n’engagent en rien l’association. Il s’agit d’une tentative de formulation générale qui veut rendre compte de l’expérience, du vécu, tout en traçant progressivement les liens aux autres approches.

L’expérience collective/communautaire [2] (et personnelle de chacun des participants) est la suivante : des hommes, des femmes, réunis pour apprendre à « vivre ensemble » autour de l’aménagement en fonction du projet pédagogique, génèrent des interactions harmonieuses et … moins harmonieuses. Seules les valeurs communes (dialogue, écoute de l’autre, empathie, relation, transparence, ouverture, communauté, …) sont assez fortes pour passer sur les dissensions. Tendus vers la vision (« vivre ensemble »), des objectifs concrets se dessinent progressivement, et l’adhésion commune émerge. Ces objectifs sont mis en œuvre immédiatement pour apporter du neuf dans l’avancée collective. C’est ainsi, et dans cet ordre, qu’au fil des mois et des années s’est forgé un outil très spécifique d’évolution du groupe : une dynamique a été déchiffrée pas à pas, sur la base de la réalité des interactions et des valeurs autour d’une vision commune, puis des objectifs aboutissant à une mise en œuvre (une structure), le tout dans le quotidien le plus ordinaire.

On retrouve dans un ordre différent les cinq « directions » des géographes précédents. Les « directions » sont ici des « réalités ». Au lieu de l’ordre valeurs/interactions/représen­tation/objectifs/gouvernance, on observe l’ordre vision/objectifs/valeurs/interactions/mise en œuvre. Pendant toute l’étape 2 de la recherche, de juin 1998 à décembre 2001, ce sont les réalités de la dynamique HFC qui ont été numérotées de R1 à R5, pour fixer un ordre de départ permettant des comparaisons. Cet ordre a été retenu en première approche, car il est le même que celui retenu par Bernard Vachon dans la description du développement local.

Progressivement, au cours de la recherche, la numérotation R1 à R5 a été remplacée par la dénomination des phases a, b, c, d, e de la concrescence de la pensée organique présentée ci-après. Ces phases sont devenues la référence d’exposition du travail, notamment dans l’index des notions. 〈54〉 Toute la thèse montre en quoi les phases sont en quelque sorte le langage commun à toutes les approches.

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Figure 2‑4 : Schéma de la dynamique indicative des ateliers de la Fondation « Hommes Femmes dans la Cité »

L’histoire de ce passage progressif de l’expérience des réalités R1 à R5 aux cinq « réalités d’expérience » puis aux phases de concrescence du procès organique est détaillé au chapitre 5. Il est le fruit de nombreux dialogues, de nombreuses rencontres, notamment une rencontre décisive avec Léo Aronica en novembre 2007. Léo Aronica a souligné le « saut de l’imagination » nécessaire pour faire ce passage d’une expérience précise à une abstraction utile qui interprète l’expérience. C’est le passage du particulier au général, du singulier à l’universel, l’un n’étant pertinent que par rapport à l’autre (ils ne peuvent jamais être séparés, sous peine de commettre l’erreur du concret mal placé, et d’instaurer une dichotomie stérile). 〈55〉

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Notes :

[1] Voir en introduction de la partie A les références précises (revue Urbanisme 334 & le Colloque de Cerisy Des « nous » et des « je » qui inventent la cité, ainsi que la citation complète.
[2] Le terme de communauté demande à être précisé. Ce travail sera présenté en partie II, chapitre 11, dans la discussion des différences entre individu, acteur, actant, sujet, personne et communauté.