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3.C.7. P.Destatte & M.C.Malhomme

3.C.7. Confrontation avec p. Destatte & M.C. Malhomme :

Philippe Destatte est directeur de l’Institut Jules Destrée, il joue un rôle de premier dans l’écriture de l’histoire wallonne. Il est également chargé d’enseignement aux Universités de Paris Diderot – Paris 7, de Clermont Ferrand et de Reims. Il collabore également comme directeur scientifique à la Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires de la France (la DIACT, anciennement la DATAR).

Philippe Destatte présente dans l’ouvrage de géographie porspective Évaluation, prospective et développement régional [1] un schéma général de la prospective (figure 3-15). Ce schéma peut être représenté suivant le schéma de questionnement synthétisé dans la figure suivante:

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Figure 3‑15 : Schéma de la démarche de prospective selon Philippe Destatte , 2001 ; confrontation au schéma de questionnement.

La principale difficulté pour réaliser cette transposition d’un mode de schéma à l’autre relève du positionnement de l’évaluation. Celle-ci se positionne entre deux temps de l’expérience, et non sur la phase d. D’autre part, la figure 3.16 tient compte des critiques émises avec le commentaire du schéma [2]. En effet, l’ajustement aux phases techniques du procès organique y apporte naturellement une réponse. Nous entrerons dans cette discussion en partie II au moment où sera détaillé le vocabulaire technique du procès de transformation des territoires. La démarche de Marie-Claude Malhomme [3] entre aussi exemplaire par l’articulation de l’évaluation et de la prospective. Elle est exemplaire par l’articulation de l’évaluation et de la prospective.

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Notes :

[1] Philippe Destatte dir.) Évaluation, prospective et développement régional, Institut Jules-Destrée, Charleroi-Wallonie, 2001, 399 p. schéma page 347.
[2] Destatte, pp. 346 à 350
[3] Marie Claude Malhomme, Aliette Delamarre, La Prospective, Territoires en mouvement, Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR) – DIACT, 2002, 112 p.

3.C.5-6. R. Vidal Rojas & J. de Courson

3.C.5. Confrontation avec la démarche de RodrigoVidal-Rojas

Rodrigo Vidal Rojas est Architecte, DES en Études du Développement, DES en Urbanisme et Aménagement du Territoire, Docteur ès Lettres mention Géographie. Professeur et chercheur à l’École d’Architecture de l’Universidad de Santiago de Chile.

Une première lecture de Rodrigo Vidal -Rojas permet de trouver les éléments de réponse à chacune des interrogations du schéma de questionnement. L’ouvrage est très technique, et beaucoup de termes sont proches de ceux employés dans la pensée organique. Seul un approfondissement après la définition des termes de la pensée organique sera possible. Ce travail sera fait au chapitre 8.

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Figure 3‑13 : Schéma de l’approche de Rodrigo Vidal-Rojas dans Fragmentation de la ville et nouveaux modes de composition urbaine (p.106-107)

Il est néanmoins possible dès maintenant de constater la convergence avec les autres approches, avec une grande richesse d’exemples du praticien de l’aménagement, architecte ou urbaniste. L’intérêt de cette analyse est renforcé par la qualité et l’érudition de la synthèse proposée par Rodrigo Vidal-Rojas . Il propose en effet une synthèse [1] de plus de 37 ouvrages clés, de Bernard Tsumi à Steven Holl.

3.C.6. Confrontation avec la démarche de Jacques de Courson :

Jacques de Courson, docteur ès sciences économiques et ancien élève de l’Institut d’urbanisme de Pans, est consultant et enseignant. Il est l’auteur de Le projet de ville (1993), Les élus locaux (2000), Brésil des villes (2003) et L’appétit du futur : voyage au cœur de la prospective (2005). Il a créé l’association Urbanistes du monde.

Le premier livre de Jacques de Courson porte sur Le projet de ville. Ce livre est pour beaucoup dans ma façon de « plonger » dans le vécu de la ville de Soissons, alors que j’étais en poste dans cette ville (1990 et 1995), et dans la mise au point d’une approche de la ville qui a ensuite été appliquée à la ville de Lunéville (Voir Lunéville à travers les plans de 1265 à 2000 en annexe 01).

Le quatrième ouvrage de Jacques de Courson, L’appétit du futur, voyage au cœur de la prospective [2], porte sur la géographie prospective. L’intérêt de sa démarche est ici sa façon d’expliquer la prospective à partir du quotidien du vécu d’une famille. Cette démarche pourrait être faite dans le vécu ordinaire des collectivités territoriale en ce qui concerne l’aménagement du territoire, et dans le vécu professionnel ordinaire : c’est ce qui est tenté dans les chapitres 4 & 5 qui suivent. « La démarche de prospective ne constitue qu’un exercice et non une décision. On lui donne parfois une importance qu’elle n’a pas. La démarche de prospective ne vise qu’à explorer l’avenir: cela n’a rien à voir avec un système de décision qui déclenche des actes sur le terrain. Tous les prospectivistes sérieux sont des gens modestes, qui cherchent à éclairer le décideur sans prendre de décisions à sa place. Il me paraît également important de revenir sur la distinction entre prévision et prospective. Les prévisionnistes sont des scientifiques qui ont une conception assez étroite de leur discipline et qui cherchent à déterminer ce qui va advenir. Le prospectiviste étudie au contraire l’environnement de façon très large, dans toutes ses dimensions, afin de déterminer ce qui pourrait advenir. » [3]

Dans cet extrait, on retrouve la distinction entre prévision et prospective (qui nécessite un « saut de l’imagination »), notion déjà imaginée par de William Twitchett et Patrice Braconnier.

En déclarant que la prospective n’a rien à voir avez un système de décision, F. de Courson semble seulement indiquer que cette phase a une spécificité en soi : cela est en cohérence avec le statut ontologique que donne Whitehead à cette phase, au même titre que les autre réalités/phases de l’expérience. Ce propos est conforté par un ouvrage ultérieur publié sur la prospective, où celle-ci s’insère bien dans un processus de décision. Par contre, la prospective n’a pas « rien à voir avec la décision » : elle tisse des liens étroits avec le système de décision si l’on recherche une évaluation, une efficacité, une pertinence, une intensité et une harmonie plus grande (c’est à dire la mise en jeu du maximum de catégories d’obligation, comme il sera montré en partie II, ch. 2).

D’autre part, il est étonnant de constater que dans la « Loi des 7 P » proposée par Jacques de Courson, il ne manque guère que le mythe au-dessus de la prophétie pour pouvoir retrouver toutes les notions qui caractérisent l’évolution de la géographie analysée par Eric Dardel : la géographie mythique, puis la géographie de la Terre dans l’interprétation prophétique … jusqu’à la géographie scientifique. On constate qu’il s’agit d’une seule et même réalité existentielle (pour reprendre un mot d’Éric Dardel en référence à Emmanuel Lévinas).

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Figure 3‑14 : La loi des 7 « P » ou de l’imagination à l’action et le schéma de confrontation (Jacques de Courson dans L’appétit du futur, 2005, et séminaire DIV 2006)

« C’est le rêve de tous les commanditaires des exercices de prospective territoriale : passer commande d’une étude qui permette de déboucher sur une feuille de route directement applicable. Hélas, le territoire le plus souvent résiste … » (2006, p.70) Ce propos introduit à la nécessité de n’occulter aucune des phases logiques a, b, c et d du schéma de questionnement.

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Notes :

[1] Rodrigo Vidal-Rojas, Fragmentation de la ville et nouveau modes de composition urbaine, tableau 1 « Synthèse des contributions des textes et des projets à la compréhension du tout et des parties » (p.49 à 54)
[2] Jacques de Courson, L’appétit du futur, voyage au cœur de la prospective, Éditions Charles Léopold Mayer, 2005. Voir les schémas des pages 29 et 38.
[3] Rencontres des acteurs de la ville Les éditions de la DIV Séminaire 1er décembre 2006 Colloque «Villes, prospective et cohésion sociale» Séminaire du 1er décembre 2006 Rencontres villes, prospectives et cohésion sociale Délégation interministérielle à la ville 194, avenue du Président Wilson 93217 Saint-Denis La Plaine Tél : 0149174646 – Site internet : http:/www.ville.gouv.fr. Citation de la page 27.

3.C.3. Patrice BRACONNIER

3.C.3. Confrontation avec la démarche de la thèse de Patrice Braconnier

La thèse d’économie de Patrice Braconnier [1] propose un processus de connaissance et d’action pour une gouvernance dans le sens du développement territorial. L’approche se réfère autant à l’économie (Amartya Sen, 2000) qu’à la psychanalyse à travers l’œuvre de Carl Gustav Jung.

Cette approche est originale par l’insistance portée sur le diagnostic [2], avec une ouverture à la prospective basée sur l’intuition [3] et une approche de la coordination [4]. En effet, il s’agit d’une thèse de « recherche action » portant sur le cas d’une jeune organisation, le C.C.R.E.F.P. (Comité de Coordination Régional de l’Emploi et de la Formation Professionnelle). La thèse analyse l’état de la démarche en 2005, et formule des propositions pour l’avenir. La prospective en est donc à ses débuts, et pour la phase de coordination « Le CCREFP de Poitou-Charente ne s’est pas encore engagé dans cette phase » [5].

L’objet de la mise en œuvre relève du schéma du processus présenté. sont les alliances d’entreprises et les engagements personnels pour favoriser ces alliances. D’autre part, il y est précisé que les valeurs sont incluses dans toutes les phases. Ainsi, concertation et diagnostic seraient la réalité des interactions. L’intérêt de souligner le diagnostic réside dans le fait qu’il existe dans toutes les méthodologies professionnelles relatives aux problèmes de transport, d’analyse territoriale, de programmation d’équipements, de chartes d’environnement, d’agenda 21 … Le diagnostic est donc incontournable en milieu professionnel. Le « processus de connaissance et d’action pour une gouvernance dans le sens du développement territorial » (titre de la thèse) est le suivant :

  • 1/ Concertation (concertation sur la base du quadripartisme)
  • 2/ Diagnostic (Élaboration d’un diagnostic partagé sur la situation régionale)
  • 3/ Prospective (Réflexion prospective sur l’avenir du territoire régional
  • 4/ Coordination (Coordination des politiques d’emploi et professionnelles).

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Figure 3‑10 : Schéma du processus de connaissance et d’action. P.Braconnier (2005) p.246

La prospective correspond à la deuxième réalité. Elle réclame un « saut de l’imagination ». Ce saut est plus facile hors d’une institution administrative. Sur la figure 3.10, on remarque qu’il n’y a pas de flèche entre 1 et 3, alors que ce lien figure explicitement dans le schéma de base. Cela peut expliquer et renforcer la difficulté de développer la créativité dans l’exercice de prospective : le diagnostic peut étouffer les intuitions. La présente thèse insiste sur l’importance du lien direct entre les acteurs et la prospective, sans détour obligatoire par le diagnostic qui ne peut jamais être partial s‘il s’agit de préparer l’avenir. Le passage par les valeurs et l’intuition est un passage incontournable, mais il convient de ne pas surestimer le diagnostic. Un changement de point de vue peut infléchir les données du diagnostic (voir le cas du diagnostic de la gare de Vandières entre Nancy et Metz selon l’adoption du point de vue parisien ou européen sur l’axe Londres-Munich).

Le processus n’est pas circulaire, tant dans la thèse de P. Braconnier que dans le schéma de base (flèche inversée entre 1 et 4). Cela montre qu’il s’agit d’un processus d’unification en train de se faire. C’est la concrescence de la pensée organique que nous détaillerons en partie II.

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Figure 3‑11 : Schéma du questionnement de l’expérience géographique à travers l’approche de Patrice Braconnier, 2005.

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Notes :

[1] Patrice Braconnier, Un processus de connaissance et d’action pour une gouvernance dans le sens du développement territorial : application au C.C.R.E.F.P. en Poitou Charente, sous la direction de Bernard Guesnier, Université de Poitiers, 2005.
[2] Braconnier, p.284 à 302
[3] Braconnier, p. 302 à 312
[4] Braconnier, p.312 & applications p 328, 331, 334, 336, 338, 342, 345
[5] Braconnier, p.312