〈63〉 2.H. Mise au point et critique du schéma de questionnement :
2.H.1. Mise au point du schéma de questionnement :
Le tableau de la figure 2.8 est présenté suivant le schéma organique structuré en cinq phases (figure 2.9). Cette figure reprend exactement les termes de l’étude, résumés selon les phases (ou réalités) a, b, c et d du même tableau.
Figure 2‑9 : Correspondance des 5 approches (J.Degermann, HFC, B.Vachon, P.Calame, A.N.Whitehead)
La contrainte de la schématisation est encore de rendre compte de « la dichotomie du matériel et de l’idéel » (Guy Di Meo & Pascal Buléon, Espace social), pour contribuer au fil des analyses à tracer le passage entre l’approche dualiste classique et une approche non dualiste, c’est-à-dire l’approche de terrain du géographe. Le géographe-architecte-urbaniste-ingénieur [1] est en permanence confronté au réel. Pour qualifier son expérience, la nommer, il ne peut plus se contenter d‘une ap-〈64〉-proche dichotomique. C’est pourquoi il a été rajouté sur le schéma qui précède un trait vertical pour distinguer ce qui n’existe pas encore (« l’idéel », à droite), et ce qui a été réalisé ou va être réalisé (« le matériel », à gauche). Ce trait ne fait pas partie de la schématisation de Donald W.Sherburne. Il est ajouté pour permettre dans la présente thèse de répondre au chapitre 10 à la question de Guy Di Méo sur « la dichotomie du matériel et de l’idéel ».
De ce précédent schéma, nous pouvons formuler une hypothèse de base du schéma de questionnement, en conservant que l’expression qui est commune à toutes les approches, et nous l’illustrons immédiatement avec l’exemple géographique de la Moselle-Est :
Figure 2‑10 : Proposition de schéma de questionnement de base
Aucun des éléments du tableau et des schémas n’apparaît séparables des autres. Or, dans la pratique professionnelle ordinaire, ils sont séparés : les élus s’occupent de la vision, les géographes-ingénieurs-urbanistes-aménageurs-architectes traitent des propositions qui en découlent, les entrepreneurs les réalisent, et les habitants « participent », « interagissent » de façon plus ou moins confuse -si on ne les oublie pas-. Pourtant le constat est régulièrement fait que seul un processus qui regroupe et tisse ces notions peut avoir une efficacité pour atteindre le but espéré. 〈65〉
〈66〉 L’association du schéma et de la carte montre comment le territoire est constitué des réalités d’expérience a, ab, b, c, d, associées étroitement entre elles. Dans le vécu ordinaire, elles sont simultanées, le plus souvent de façon inconsciente. Attirer l’attention sur leur expression, leur articulation, leur enchaînement, c’est se donner les moyens d’analyser l’expérience, et d’en rendre compte. C’est passer de l’inconscience à la conscience, c’est trouver sous les mots du quotidien l’explication sous-jacente, les présupposés. C’est faire un travail scientifique, non plus seulement de prédiction, mais d’explication. Cela n’exclut pas une efficacité: exprimer chacune des réalités permet d’atteindre une plus grande cohérence, harmonie, et intensité dans l’expérience. Une interprétation adéquate permet une meilleure applicabilité de celle-ci. C’est pourquoi, il sera intéressant de réaliser d’autres observations, afin de permettre en partie II une généralisation.
Cet exemple étant bien posé et assimilé, il est possible de proposer un schéma de questionnement plus affiné dans son expression. Pour permettre d’autres observations, le schéma précédent peut en effet être présenté sous forme de questions générales, afin de permettre dans les chapitres suivants d’interroger l’expérience professionnelle, et de montrer comment dans le quotidien professionnel ordinaire se conjuguent en permanence les réalités d’expérience.
Le schéma proposé est bâti à partir des correspondances établies ci-dessus et exprimées dans le tableau de synthèse. Il s’appuie sur les termes communs aux 5 approches considérées. 〈67〉
Figure 2‑11 : Schéma de questionnement de base sur l’expérience ordinaire.
Il est souhaitable d’apprendre à tisser les cinq « réalités d’expérience ». Les sections qui suivent tentent de repérer les liens les plus justes possible avec les auteurs, groupes ou démarches théoriques, dans le respect de leur identité, de leurs différences, mais dans une unité d’approche. L’enjeu de cette « unité dans la diversité » apparaît important. Le langage, avec des noms différents, recouvre bien souvent les mêmes réalités, et c’est ce regroupement autour de réalités communes d’expériences différentes qui est tentée. La polysémicité des mots clés de chaque question (chaque réalité) nous y aide.
A ce premier niveau de présentation du schéma, le dictionnaire Larousse suffit pour préciser le sens des mots, exprimer un premier commentaire et tracer les premières articulations, avant de décliner le schéma dans chaque cas. On ne retiendra du Larousse que les sens qui concernent la démarche, en gardant le numéro de la définition du dictionnaire. L’énumération qui suit et consiste à exposer, confronter les définitions est nécessaire pour bâtir la suite de la réflexion même si elle peut paraître fastidieuse. 〈68〉
- 〈68〉 Appréhension : sens n°2 : « PHILOS. Acte par lequel l’esprit saisit un objet de pensée, comprend qqch. » Le sens n°3 d’appréhender est « Litt. Comprendre, saisir intellectuellement. Appréhender un problème dans toute sa complexité ».
- Décision : sens 1 : « Acte par lequel qqn décide, se décide ; chose décidée, résolution prise » ; sens 2 : « Action de décider après délibération ; acte par lequel une autorité décide qqch après examen ».
- Détermination : sens 1 : « Action de déterminer, de définir, de préciser qqch. » ; sens 2 : « Décision, résolution qu’on prend après avoir hésité ».
Les mots décision ou détermination sont utilisés dans le présent travail au sens 2.
- Diagnostic [2]: sens 1 : « MED. Identification d’une maladie par ses symptômes. » et sens 2 : « Identification de la nature d’un dysfonctionnement, d’une difficulté ». L’utilisation géographique de ce terme ne figure pas au Larousse, ni au Dictionnaire géographique (DGES). La définition sera détaillée lors de l’analyse de l’approche de P.Braconnier.
- Évaluation : sens 1 « Action d’évaluer ». Évaluer est défini par « Déterminer la valeur, le prix, l’importance de. »
- Interactions : sens n°1 : « Influence réciproque de deux phénomènes, de deux personnes . » . Au cœur de la notion d’interaction est la question de la relation sujet/objet, sujet/sujet.
- Objectif : nom ; sens 1 : « But, cible que qqch ou qqn doit atteindre (…) ».
- Objectif : adjectif : sens 1 : « Qui existe indépendamment de la pensée (par oppos. à subjectif). » ; sens 2 : « Qui ne fait pas intervenir d’éléments affectifs ou personnels dans ses jugements ; impartial. » ; sens 3 : « Dont on ne peut pas contester le caractère scientifique. » Notons que l’adjectif « subjectif » est expliqué par : « Qui relève du sujet défini comme être pensant (par opposition à objectif) » au sens 1 et « Se dit de ce qui est individuel et est susceptible de varier en fonction de la personnalité de chacun. » au sens 2.
On remarque que la définition d’« objectif » en tant que nom n’a rien à voir avec sa définition en tant qu’adjectif. Dans la pratique, la distinction n’est pas si claire, et beaucoup de confusions peu-〈69〉-vent en naître. Il sera nécessaire en partie B de revenir sur ce point, et discuter les oppositions objectif/subjectif, objectif/affectif, sujet/objet, et leur place dans l’expérience.
- Proposition : sens 1 : « Action de proposer ; chose proposée pour qu’on en délibère. » ; sens 2 : « Condition qu’on propose pour arriver à un arrangement. » ; sens 4 : « LOG. Enoncé susceptible d’être vrai ou faux ».
- La définition de proposer est la suivante : sens 1 « Offrir au choix, à l’appréciation de qqn ; soumettre. »
On note que le sens 1 est large et ouvert par rapport au sens 4 binaire que le mot a en logique (vrai ou faux). C’est le sens 1 qui sera toujours considéré dans la suite de notre travail.
- Prospective : « Science portant sur l’évolution future de la société, et visant, par l’étude des diverses causalités en jeu, à favoriser la prise en compte de l’avenir dans les décisions du présent. (La prospective a été créée par le philosophe Gaston Berger ). »
- Politique : sens 1 : « Ensemble des options prises collectivement ou individuellement par le gouvernement d’un État ou d’une société dans les domaines relevant de son autorité. » ; sens 2 : « Manière d’exercer l’autorité dans un état ou une société. » ; sens 3 : « Manière concertée d’agir, de conduire une affaire ; stratégie. ». La politique est liée à l’autorité. On voit ici directement comment la politique introduit la stratégie.
- Stratégie : sens 1 : « Art de coordonner l’action de forces militaires, politiques, économiques et morales impliquées dans une guerre … » ; sens 2 : « Art de coordonner habilement des actions de manœuvre pour atteindre un but. ».
On note ici que la stratégie, aussi bien dans le sens 1 que dans le sens 2, est liée à la coordination. P.Braconnier a choisi de privilégier le terme de coordination, plus explicite que le mot stratégie dans le cadre d’alliance de personnes que d’un projet urbain … ou d’une guerre.
L’utilisation du mot stratégie dans ce sens est reprise par Jacques de Courson dans son dernier ouvrage L’appétit du futur, Éditions ECLM, 2005, 122 pages. En fait, le sens de ce mot est très simple : c’est d’après Le Petit Robert un « ensemble d’objectifs opérationnels choisis pour mettre en œuvre une politique préalablement définie ». Rien de plus. 〈70〉
- 〈70〉 Réalisation : sens 1 : « Action de réaliser quelque chose » ; sens 2 : « Ce qui a été réalisé ». Réaliser est défini par « Rendre réel et effectif ; concrétiser, accomplir » au sens 1, et par « Prendre conscience de la réalité d’un fait, se le représenter clairement dans tous ses détails » au sens 5.
C’est le sens 1 qui sera utilisé, sans autre précision. Le sens 5 sera discuté sur un point particulier de l’analyse du procès de concrescence en partie B.
- Valeurs : sens n°1 « ECON. Prix … » ; sens n°2 « Quantité … » ; sens n°4 « MUS. Durée … » ; sens n°5 : « PEINT. Degré de clarté … » ; sens n°6&7 : « 6.Litt. Courage. 7.Ce par quoi on est digne d’estime sur le plan moral intellectuel, physique, … » ; sens n°8 : « Importance, prix attaché à qqch » ; sens n°11 « Ce qui est posé comme vrai, beau et bien selon des critères personnels ou sociaux, et sert de référence, de principe moral. ». Selon le sens n°11, la valeur a un caractère particulier, spécifique à une personne ou à un groupe.
Whitehead de son côté prend la notion d’importance comme une notion globale, et y consacre tout un chapitre dans Modes de pensée. On rejoint alors le sens n°8, plus général.
- Vision : Sens n°3 « Manière de voir, de concevoir, de comprendre quelque chose. J’ai une autre vision que vous de ce problème » ; sens n°4 : « Perception imaginaire d’objets irréels : hallucinations. » ; sens n°5 : « Apparitions surnaturelles » ; puis « ENCYC. La vision comprend 4 fonctions : vision des formes …, distances …, mouvements …, couleurs …. ».
Le sens usuel du quotidien ne semble être que partiellement exprimé dans les sens 3 et 4. C’est pourquoi on lui ajoute souvent un qualificatif : vision politique du territoire, vision prospective… On parle de « vision du monde » d’une personne ou d’un organisme. Les termes de visée, finalités, enjeux, direction, cap, envisagement, appétition, « goût du futur » , … éclairent une facette du mot sans en couvrir tout le sens. Il reste donc irremplaçable. 〈71〉
〈71〉 2.H.2. Critique du schéma de questionnement :
Lors d’un séminaire des Chromatiques whiteheadiennes [3], ont été successivement présenté l’exemple concret qui a déclanché la réflexion (l’étude de préfiguration d’une agglomération transfrontalière Sarrebruck / Moselle-Est), le schéma des autres démarches de l’expérience et la nouvelle symbolisation en cercle du schéma de Sherburne. Ce schéma a été soumis à la critique des philosophes présents. Le fait que le schéma de questionnement concerne des faits macroscopiques alors que le schéma de concrescence concerne des faits microscopiques n’a pas soulevé de question. La raison est expliquée en partie II au chapitre 10. On peut la résumer en disant que Whitehead est parti de l’analyse de l’expérience ordinaire pour en déduire une analyse des faits microscopiques. « Chaque entité répète en microcosme ce que l’univers est en macrocosme » [4]. La démarche de la présente thèse est donc d’appliquer directement au domaine macroscopique les analyses microscopiques de Whitehead inspirée du réel ordinaire : elle fait le lien entre l’analyse microscopique et l’analyse macroscopique et par là s’inscrit aussi dans les logiques multiscalaires des géographes.
Lors du colloque, la discussion a aussi porté sur le danger d’utiliser cette démarche comme une « grille ». En même temps, il était confirmé que ce schéma n’était pas relatif [5], dans la mesure où il est applicable à toute expérience. En effet, si tel n’était pas le cas, l’expérience devrait amener à le modifier. La démarche rationnelle est adéquate s’il ne se trouve aucune expérience qui ne soit pas une application ou exemplification du schéma. Ainsi, elle est universelle: il n’y a rien à chercher « derrière », puisque aucun fait n’est écarté. C’est en ce sens qu’elle est pleinement rationnelle. Au nom de quelle rationalité écarter quelque fait que ce soit, y compris une éventuelle présence 〈72〉 divine ? [6] Le moyen d’écarter le danger est de rester à un niveau de généralité suffisant et de relative simplicité pour ne pas créer de problèmes artificiels, avec une « maille de grille trop petite » (J.C. Dumoncel). Même les schèmes de Hegel, de Peirce, … étaient simples. Ils sont composés de 3, 4 ou 5 éléments de base, rarement plus. On a parlé de la « triadomanie » de Peirce. Ainsi, les convergences que nous pourrons observer ne seront que l’heureuse confirmation de la pertinence du schème organique et de la définition du procès whiteheadien, et les divergences en seront des précisions.
Lors du même séminaire, une deuxième objection a porté sur la circularité du schéma. Chez Hegel, la synthèse s’ouvre sur d’autres synthèses. Dans Les visées de l’éducation [7], le cycle whiteheadien de l’éducation est composé de trois éléments : la romance, l’exactitude et la généralisation. Mais la généralisation est une ouverture. Cela correspond chez Hegel au second moment, celui de la rencontre : Whitehead le réserve pour la troisième rencontre, ce qui sort du schéma circulaire. Chez Hegel, ce serait plutôt une spirale ascensionnelle, comme chez Leibniz. Il conviendra de symboliser le fait que chaque cercle n’est qu’une « goutte d’expérience momentanée», qui saisit en entrée des gouttes d’expériences, et est donnée en sortie à d’autres gouttes d’expériences.
Une troisième objection a été faite par Jean-Claude Dumoncel [8] pour souligner l’importance du « but subjectif », c’est-à-dire de la motivation du regard porté par l’urbaniste. Chaque analyse a une finalité, ce que pourrait bien rendre la notion de fonction. Cette notion de but ou de visée (aim) doit apparaître très vite. La réponse apportée réside dans le fait que dès que la phase « a » est commencée, l’appréhension de la situation est indissociable d’une visée, d’un but. C’est le sens de l’analyse au niveau de l’homme en premier, avant l’analyse sociétale et territoriale. L’expérience de l’homme et la visée de ses actions sont la mesure de la démarche. Le schéma le signifie par la flèche de l’évaluation entre a et b, au début de l’analyse génétique. 〈73〉
〈73〉 2.I. Conclusion :
En conclusion, il est curieux de constater qu’un certain nombre de notions toutes articulées entre elles proposent en définitive une définition des notions d’expérience, d’observation (au sens C), de personne, de sujet. La perspective reste en général dualiste, avec des éclairages qui pourraient permettre le passage à des notions non dualistes à travers les notions d’actant [9] (ou entité actuelle [10]), d’agencement [11] (ou nexus [12]), de société. Mais il sera montré que ce passage ne pourra pas se faire sans l’abandon (pas total, mais radical) de la notion de substance qui imprègne toutes les notions dérivées d’espace et d’objet.
Le travail réalisé va permettre une confrontation, à partir du schéma de questionnement. S’il fallait une référence géographique pour appuyer la pertinence de ce schéma et de ses questions, citons Michel Godet. Celui-ci, dans sa préface à un ouvrage de Guy Loinger [13] introduit … cinq questions. Ses cinq questions attirent chacune l’attention (une fois de plus) sur les cinq réalités d’expérience. Ces cinq questions sont les suivantes :
Figure 2‑12 : Les cinq questions de Michel Godet (Loinger, 2004, p.12 [14])
〈74〉 Il explique que cette formulation en cinq questions résulte d’une réflexion commune avec Hughes de Jouvenel et Jacques Lesourne en septembre 1997, à l’occasion de la préparation de son manuel de prospective stratégique. Il avait appelé la première question Q0 « parce qu’ils l’avaient oubliée dans une première réunion, ce qui montre que le tropisme pour Q1 et les scénarios n’épargnent personne ». En faisant le lien entre Q5 et les valeurs (la « manière de faire »), il pourrait être posé une question Q6 « Qu’ai-je fait ? » tant il est vérifié dans le concret l’écart entre ce que « je veux faire », et ce que « j’ai fait ». La question Q6 correspondrait alors à la phase e dite « de transition », qui sera expliquée en partie II. Ces questions peuvent aussi faire penser aux 3 questions fondamentales de Kant : que puis-je connaître ? Que m’est-il permis d’espérer ? Que dois-je faire ? [15] La première correspond à Q0, la deuxième à Q1 et Q2, la troisième à Q3 et Q4.
En aucun cas il n’est question de « tout ramener au procès ». La rigueur est ici de rendre compte des convergences, mais aussi des différences. La question n’est pas de « tirer les faits » dans telle ou telle direction. La question est d’en rendre compte et de trouver leur place dans un « schéma de réalités expérientielles » avec leurs expressions propres et leurs nuances spécifiques : plus l’analyse sera nuancée, meilleure sera la qualité des liens tracés. Il ne s’agit pas non plus « de remplir toutes les cases », car un vide sur telle ou telle réalité est également « parlant ».
Nous avons montré qu’il y a convergence des approches de Jacques Degermann, HFC, Bernard Vachon, Pierre Calame et la FPH et peut-être A.N. Whitehead. Le schéma de base proposé n’est pas un moule, une grille arbitraire : il est l’articulation de questions de base dans le langage de tous les jours. L’articulation proposée est celle la plus souvent retenue « dans la pratique » (la « pratique » révèle les présupposés). Ce schéma de questionnement n’est pas celui des auteurs, des groupes et des démarches présentées. Il appartient à la présente thèse. C’est le croisement fait au moment de la rédaction définitive de toutes les réflexions, avec les mots de tous les jours.
Entrons maintenant dans la confrontation avec des expériences au niveau de l’homme, de la société et des territoires. 〈75〉
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Note :
[1] L’utilisation de ce groupe de mots sera commentée en partie II, car il existe des distinctions entre les approches, même s’ils travaillent tous sur les même territoires. L’intérêt de la schématisation sera justement de permettre les distinctions tout en soulignant les liens, et donc les apports des uns aux autres.
[2] Minot, Didier (éd.) ; Rochas, J.P. (collab.) ; Bregeot, G. (collab.) ; Pellerin, S. (collab.) ; Calça, M.D. (collab.), Le projet de territoire : élaboration et conduite partagées d’un projet de territoire, Rambouillet : École des Territoires, Bergerie nationale, 2001, 177 p.
[3] Séminaire du Samedi 15 octobre 2007 à la Sorbonne.
[4] Voir PR 215 :
« Chaque entité actuelle, bien qu’elle soit complète en ce qui concerne son procès microscopique, est cependant incomplète en raison de ce qu’elle inclut objectivement le procès macroscopique » (PR 215).
Sur les rapports du microscopique et du macroscopique en fonction de la notion d’organisme, voir PR 128 ; en fonction des notions combinées d’organisme et de procès : PR 215.
[5] Mais les nexus urbains qui seront caractérisés dans l’approche de Rodrigo-Vidal-Rojas, vue plus loin, sont eux relatifs, dans le sens qu’ils peuvent évoluer, changer, intégrer de nouveaux faits, … Le fait concret qui ne change pas et qui n’est pas relatif est par exemple « d’ être plaqué au rugby ». (exemple de Whitehead). Un urbaniste pourra prendre l’exemple de « planter une tour » dans le triangle de la folie à La Défense.
[6] Cette remarque vaut aussi pour Dieu, comme cela est expliqué en partie II-2 : il sera montré comment on évite l’arbitraire de faire appel à Dieu quand plus aucune explication ne semble possible, comme l’a fait Descartes, ou même Leibniz, repris par Kant. C’est à ce prix que l’approche est pleinement rationnelle .
[7] Whitehead Alfred North, Les Visées de l’Éducation et autres essais, Articles de 1912 à 1928, traduction Jean-Marie.Breuvard, 1994.
[8] Auteur de nombreux ouvrages sur Whitehead, dont Les 7 mots de Whitehead ou l’Aventure de l’être (Créativité, Processus, Evénement, Objet, Organisme, Enjoyment, Aventure) : une explication de Processus & Réalité, Cahiers de l’Unebévue, EPEL, Avril 1998.
[9] Michel Lussault (2007) et Bruno Latour (2000)
[10] Whitehead. Voir l’explication en partie II, chap. 9 & 10.
[11] Michel Lussault (2003 & 2007).
[12] Whitehead. Voir l’explication en partie II, chap. 9 & 10.
[13] Guy Loinger, Directeur d’ouvrage, La prospective régionale, de chemins en desseins, Éditions de l’Aube, DATAR, bibliothèque des territoires, Paris, 2004, 278 p.
[14] « Q1 : Que peut-il advenir ? Cette question prospective naturelle conduit généralement les territoires comme les entreprises à refaire le monde pour mieux oublier de se poser la question essentielle des projets en partant de son identité, de son histoire, de ses forces, de ses faiblesses et finalement du fameux « Connais-toi toi même » des Grecs anciens. La question Q1 doit être précédée par la question Q0 : « Qui suis-je » ? Cette question préalable impose un retour aux sources sur des racines de compétences, des leçons des échecs et succès passés du territoire.
La prospective est généralement centrée sur le « Que peut-il advenir ? (Q1) Elle devient stratégique quand une organisation s’interroge sur le « Que puis-je faire ? « (Q2) pour s’en poser deux autres « Que vais-je faire ? » (Q3) et « Comment le faire ? » (Q4). D’où le chevauchement entre la prospective et la stratégie » Ibid, p.12
Guy Loinger fait le lien direct entre les cinq questions et les cinq types de prospective. Jacques de Courson développe trois des cinq questions et les prospectives correspondantes (voir les textes complémentaires en annexe).
[15] Voir le site « Mémo » à l’adresse suivante : http://www.memo.fr/article.asp?ID=PER_MOD_027, fourni en texte complémentaire en annexe informatique à l’adresse suivante : 00_Annexes\Annexe00_Textes-Complementaires\01_PartieI_KANT-Les-trois-questions.doc