〈475〉
Chapitre 15 : Implications pour les régions conviviales en France, en Europe et dans le monde
Si l’on prend au sérieux les différentes échelles des « coquilles de l’homme », et notamment l’échelle d’environ 32 000 km2 du « territoire le plus large où les hommes rassemblés vivent un sentiment d’appartenance », c’est-à-dire la région conviviale, il est important d’avoir une appréciation du nombre de régions conviviales et de leur répartition sur la planète. Cette appréciation se fait en étudiant les potentialités pures, les potentialités hybrides (ou propositions) et les potentialités réelles (nexus et sociétés).
Ce travail d’approche (et cela ne peut être qu’une première approche) ne pourra pas distinguer au niveau mondial les trois types de potentialités : cette distinction sera faite au niveau européen. Cette réflexion est menée depuis plusieurs années par William Twitchett au sein de l’association Terre & Cité, à Arras, et a fait l’objet de présentations dans les congrès de l’A.I.U., et dans des ateliers d’urbanisme au sein de l’association Terre&Cité. Cette intuition trouve son expression universitaire [1] dans les travaux de Klaus R.Kunzmann (Université de Dortmund) et de Michael Keating (University of Aberdeen, RU, et European University Institute in Florence, Italy) et son expression géographique et statistique dans les NUTS 2 de l’Union Européenne à 27 (UE 27). La présente thèse fait le lien entre ces trois démarches, et propose une expression aboutie de la pratique et connaissances du terrain (Twitchett) de l’intuition universitaire (Kunzmann, Keating), et des données géographique/statistiques de l’UE 27 (Eurostat). Le but est ici de mettre en œuvre l’intuition de la région (échelle indicative de 32 000 km2) aux échelles successives de la France, de l’Europe et du monde. Le thème de la région est abordé de plus en plus fréquemment, avec une grande confusion d’échelles. Il est proposé ci-après 21 sous-continents, à l’échelle de référence « E» [2] des 8 100 000 km2) et quelques 2100 entités à l’échelle régionale « C» des 32 000 km2. Un consensus général émerge pour reconnaître un rôle moindre des États dans la mise en place d’une 〈476〉 gouvernance mondiale (échelle « D » des 512 000 km2). « L’exercice d’une gouvernance pacifique suppose l’adhésion profonde des individus et des groupes à la manière dont ils sont dirigés » (6). Ce qui renvoie donc à la question de la légitimité de la gouvernance et à la question des échelles permettant de prendre en compte les interdépendances » (Calame) [3].La clarté sur la notion d’échelle régionale a donc des conséquences sur la sensation de légitimité du pouvoir et l’adhésion des citoyens. Assumer l’échelle de la région conviviale (32 000 km2) permet de bien faire le lien entre la vie ordinaire et les contraintes globales, voire mondiales : l’homme et la vie quotidienne (se loger, se nourrir, se mouvoir, se rencontrer en face à face, …[4]) reste la référence. La réalité administrative a à s’ajuster à la réalité du corps individuel et collectif de l’homme (Th. Paquot, 2005, 2006). Assumer la dimension régionale des quelques 8,1 M km2 (une vingtaine de sous-continents selon l’intuition et le vœux de Pierre Calame), c’est exercer la responsabilité humaine sur les ensembles macroécologiques où peuvent se développer les régions conviviales.
L’Europe tend à devenir une fédération de régions, sous l’impulsion initiale de l’ARE [5]. Proposer une organisation de la France en « grandes régions » (régions conviviales) « ne serait pensable que dans une Europe fédérale dont les États auraient disparu et où les régions seraient les unités de base » [6]. Si on s’oriente vers le fédéralisme, alors la taille et les compétences des régions sont un vrai débat. Les pages qui suivent se situent dans cette perspective. Le tracé d’un cercle sur une carte mobilise l’ensemble des notions des chapitres qui précèdent, sur l’exemple de la région « Entre Vosges et Ardennes ». Seuls les éléments saillants seront soulignés dans les commentaires.
Les publications d’appui sont les suivantes :
- Actes du Congrès AIU/ISOCaRP du Caire, 2002
- Actes du Congrès AIU/ISOCaRP de Genève, 2004
- Actes du Congrès AIU/ISOCaRP de Bilbao, 2005 〈477〉
- Jean-Marc Benoit, Philippe Benoit & Daniel Pucci, La France redécoupée. Enquête sur la quadrature de l’hexagone, Belin, 1998
- Pierre-Jean Thumerelle, Les populations du monde, Nathan Université, 1996
- Jean Brunhes, La géographie humaine, PUF, 1946 (1942).
- Fondation pour le Progrès de l’Homme, 12 notions clé (notamment, gouvernance, territoires et société durable) , http://www.fph.ch/fr/qui-sommes-nous/notions-cle.html. (les pages qui suivent esquissent des perspectives en réponse aux questions posées dans les notions clé).
Les atlas utilisés sont les suivants :
- Atlas Universalis, 1970. Page 280 est donnée la liste des aires métropolitaines de plus d’1 million d’habitants et surfaces/populations des États (annexes.I p.8 à 11)
- The international atlas, Philip, 1977, London 1977. Il contient en annexe I pages 9 à 12 la liste des surfaces et population des pays, avec strictement la même présentation que l’Atlas Universalis.
- Le grand atlas géographique et encyclopédique du monde, Éditions Atlas, Paris 2004,
- Le dessous des cartes de Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson & Frank Tétart, 2005
- Atlas du monde, Solar 2007 (2005). Pages 228 à 237 est présenté le monde en chiffres, par pays.
- La liste des États a été vérifiée avec S.Rosière (GPG, 2003, p.305 à 307) et actualisée avec le Maxi-atlas de François Beautier, First Édition 2006 (Présentation systématique par Pays).
Les cartes qui permettent des approfondissements sont les suivantes :
- Cartes aériennes internationales au 1 000 000ème et cartes aériennes au 1/500 000ème
Le trialogue s’applique à toutes ces échelles. Il peut être d’une fécondité particulière à l’échelle des 32 000 km2, c’est-à-dire la région conviviale. C’est le défi du XXIème siècle pour une gestion responsable de la planète.
15. A. Implication pour d’autres régions conviviales
Le tableau qui suit présente un aperçu sur les États de la taille d’une région conviviale. Les États sont classés par ordre de surface décroissante. Sur 193 pays inscrits à l’ONU (hors Kosovo), une quarantaine d’États ont la taille d’une région conviviale, soit un État sur cinq. Une quarantaine d’États sont plus petits qu’une région conviviale. 〈478〉
Figure 15‑1 : Tableau des 41 États de la taille d’une région conviviale, d’une moyenne de 37 000 km2 et 5,2 millions d’habitants.
〈479〉
_______________________________________________________
Notes :
[1] Pour une présentation des auteurs, voir dans l’annexe informatique 00b les documents classés par ordre alphabétique.
[2] Voir le chapitre 13.E.4, pp. 402-404.
[3] Notion clé n°2 de la Fondation pour le Progrès de l’Homme, accessible sur le site http://www.fph.ch/fr/qui-sommes-nous/notions-cle.html. Le texte est fourni dans l’annexe 02a/FPH-12fiches-cle
[4] Voir la liste des critères de la région conviviale au chapitre 13.D.5, pp.393-394.
[5] Association des Régions d’Europe.
[6] C’est l’avis de Roger Brunet, exprimé dans l’ouvrage suivant : Ò, page 84d.