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4.C.4. La politique des quartiers développée à partir de 1995 :
Le premier rendez-vous de quartier conduit à la modeste mais rapide réalisation d’un ralentisseur souhaité par les habitants dans la rue de Méhon. Il est toujours en place en 2008. C’est le départ d’un processus de transformation des quartiers, par passage progressif d’une attitude revendicatrice à une attitude co-gestionnaire de la part de la population. Les actions ponctuelles ont été remplacées en 1998 par un véritable service des quartiers,
(a. Lancement de la démarche ) Le déclenchement d’une relation de « construction de la ville » entre l’équipe municipale et la population se fait à l’issue d’une réunion de quartier au « Quartier de Méhon ». L’équipe municipale s’expose à toutes les questions.
(b. La vision du dialogue entre élus et habitants) Le but est de susciter et créer un dialogue permanent entre la population et les élus pour établir les bases solides d’un projet partagé.
(c. Les propositions) Instaurer la confiance est le préalable à toute conduite d’action ascendante. Ici, ce fut la mise en place d’un ralentisseur créé au bas de la colline de Méhon, non pas un ralentisseur qui fait tressauter la voiture, mais un étranglement qui oblige les véhicules à adapter leur vitesse, en laissant passer latéralement les vélos.
(d. Réalisations) La mise en œuvre s’est faite rapidement. La presse s’en est fait l’écho.
Ainsi commence à s’instaurer un climat de confiance entre la population et l’équipe municipale : la parole est entendue, suivie d’effet. Au fil des réunions de quartiers et des années, la population est passée d’une attitude revendicatrice et individualiste à une attitude de co-gestion du quartier et des humeurs de ses habitants. Les « râleurs » sont remis en place par d’autres personnes du quartier.
Quelques années plus tard a été créé un « service des quartiers » afin d’organiser le suivi des demandes des habitants. Ce service était la courroie de dialogue et de mise en place des actions entre les élus et la population. Ce service a eu beaucoup de succès, et a consacré l’entrée dans la phase de co-gestion des quartiers avec la population.
C’est dans cet esprit de concertation qu’on été menées toutes les actions qui suivent. On constate l’ordre de succession des quatre phases du schéma de questionnement du chapitre 2. 〈135〉
4.C.5. CAP 54 : reconquête d’un espace commercial abandonné.
Phase a : l’appréhension globale. Une galerie commerciale, réalisée à la fin des années 1980, a très vite donné des signes d’abandon, de manque de fréquentation. En définitive, une décision d’abandon tombe vers 1995. La démolition du site est décidée, sa réalisation est confiée à l’EPF Lorraine. Le projet était tout simplement de transformer cet espace en aire de stationnement, avec un accès arrière sécurisé vers l’école Notre-Dame.
Phase b : la vision. Deux visions ont été alors développées : une vision portée par les techniciens, et une vision portée par l’ingénieur de la ville, à la demande des élus. La première était technique, avec le déploiement de procédés éprouvés : des bandes d’espaces verts protégés de solides bordures. La seconde prenait en compte les usages des piétons, les accès des riverains, la convivialité de l’accès à l’école privée Notre-Dame, et le caractère qualitatif d’un espace public proche de l’Ecole Hubert Monnais située de l’autre côté de la rue.
Phase c : la proposition. Lors de la présentation des deux projets, le technicien de la voirie a développé sur cet espace triangulaire un quadrillage rigoureux pour situer les stationnements, avec 4,5 km de bordure pour que les roues des voitures buttent et ne puissent pas abîmer les espaces verts disposés en bandes. L’autre solution développait des stationnements sur chaque côté du triangle, puis un quadrillage à partir du centre. Cela déterminait un espace vert aléatoire entre les deux types de stationnement, ce qui permettait de planter des arbres et de faire passer le cheminement vers l’école. Les arbres délimitaient ainsi une « clairière » au centre : les bordures étaient minimisées, le caractère paysager plus prononcé que dans le premier cas de figure, et le mode d’assainissement optimisait l’existant. En outre, ce projet offrait plus de stationnement que le précédent. Au final, au lieu de 5,4 MF TTC, ce second projet ne coûtait que 3,5 MF TTC. Les élus ont donc choisi ce projet, et le service de voirie a eu la mission de le réaliser. L’appel d’offre a donné le prix de 3, 504 MF TTC.
Phase d : la réalisation. Le projet a donné satisfaction aux utilisateurs.
A la suite de l’exemple du château d’eau, cet exemple montre l’importance de la vision pour intégrer les contraintes techniques dans une réflexion globale sur les usages futur du site. 〈136〉
4.C.3. Aménagement du centre-ville :
(Phase a : le déclic, l’effet déclenchant, la question posée) La place du château : un matin, la ville s’éveille avec les bulldozers sur la place du château : après la stupeur, c’est le lancement de la concertation pour la transformation du château et de ses abords. Les services techniques n’avaient pas prévenu la population. Pour eux, cela faisait partie d’un plan pluriannuel d’assainissement, voté par les élus, donc réalisable au fur et à mesure, sans plus de façon. Le déclenchement du chantier est une procédure administrative : l’ordre de service est lancé depuis un bureau de la mairie. Quel contraste avec la ville de St Dié où une personne à plein temps s’occupe de prévenir la population par une information distribuée à chaque domicile ! La réaction de mécontentement de la population et des élus fut le point de départ d’une réflexion globale sur « la cour du château », tant dans sa partie urbaine que dans sa partie « privative ».
(Phase b : la vision) Le projet est de replacer le château dans son écrin urbain : la place du château doit être celle où chaque passant, chaque visiteur, chaque touriste doit pouvoir s’asseoir à la terrasse, et contempler la perspective principale dessinée et construite par l’architecte Boffrand. Tout à la fois, cette terrasse n’est qu’une étape dans un parcours entre la place des Carmes et la porte de l’Hôpital. M.Thierry Algrin, ACMH (Architecte en Chef des Monuments Historiques) est invité à participer à la réflexion. C’est au café de Marie-Jeanne qu’on lieu un certain nombre de réunions programmées ou informelles pour mûrir cette vision collective entre les habitants, les élus, les techniciens, …
(Phase c : la construction du projet) Et le projet se construit ainsi : ce sera une terrasse pavée, qui permettra une extension des 3 cafés de la place, situés juste en face du château …
(Phase d : la mise en œuvre) Après ce travail de concertation large, la mise en œuvre est organisée administrativement et techniquement dans les services (mission de maîtrise d’œuvre à lancer), avant de revenir à la population pour présenter les esquisses et débattre du parti d’aménagement, participer au choix des matériaux, écouter les remarques des habitants et des commerçants sur le projet. C’est ainsi qu’ont débuté les opérations sur le château de Lunéville. 〈137〉
4.C.7. Le théâtre de Lunéville ( travaux en 1996-97) :
Ce théâtre à l’italienne date des années 1930, et n’a jamais fait l’objet de travaux depuis.
(Phase a : le point de départ) La municipalité souhaite le réhabiliter. Mais le chiffrage des travaux s’élève à 11MF : cette somme est beaucoup plus que ce qu’elle peut engager. La municipalité convoque l’ingénieur et lui dit « Il faudra que vous fassiez le projet pour 3,7 MF TTC, que ce soit fini pour juillet 1997 … ».
(Phase b : la vision) La situation était difficile, et il fallait réagir vite. La finalité étant la capacité d’accueil de spectacles dans de bonnes conditions pour les spectateurs. En concertation avec l’équipe de régie et le service culturel, le consensus s’est porté sur l’étude de l’ensemble salle-scène, et la rénovation des organes techniques majeurs (machinerie, salle, création d’une régie technique, …). L’opération a bénéficié de l’expérience de la rénovation de l’opéra-théatre de Nancy qui venait de se terminer sous la direction de l’ACMH Thierry Algrin.
Phase c : la proposition) Le prix de 3,7 MF TTC correspondait à l’ensemble de l’intérieur du théâtre : scène, machinerie, salle -parterre et balcons-. Les couloirs, galerie, entrées et extérieurs seraient à réaliser ultérieurement. Les élus ont accepté la proposition. Ce qui compte n’est-il pas l’événement culturel à vivre ensemble ? La cohérence nécessaire de l’événement théâtral a été le guide de la cohérence du projet.
(Phase d : la réalisation du projet) Le projet s’est mis en place, sous le regard attentif des élus d’un côté, mais aussi des équipes de menuisiers, serruriers des services techniques. Ils ont émis le souhait de participer à cette nouvelle œuvre. Les travaux de remise en place de la machinerie ont été beaucoup plus importants que prévus, car le spectacle des « Lumiscénies » avait nécessité de sacrifier l’étage bas de la machinerie : tous les câbles étaient désormais trop courts, et devaient être tous repris. Cette reprise fut faite en régie, grâce à l’exceptionnelle compétence des services. Parmi les autres découvertes du chantier, il fut montré que les peintures étaient à l’or fin 100%. Cela justifiait le nettoyage des peintures au tamponnage à l’huile de lin, à l’instar du théâtre de Nancy.
Cet outil a permis à la ville de Lunéville de lancer et crédibiliser une politique culturelle ambitieuse. 〈138〉