En guise d’introduction, une sorte de maxime pour inviter à réfléchir :
« Il était une fois un vieux Bédouin qui, sentant sa mort venir, réunit ses trois fils et leur signifia ses volontés dernières. A l’aîné, il légua la moitié de son héritage, au deuxième le quart, et au plus jeune le sixième. Ce disant, il mourut, laissant ses fils perplexes car l’héritage en question se composait de onze chameaux.
Comment respecter la volonté du vieil homme ? Fallait-il tuer ceux des chameaux dont la division semblait prescrite, et s’en partager la viande ? Était-ce là la fidélité filiale requise ? Leur père voulait-il vraiment qu’ils prouvent leur amour en acceptant cette perte ? (…) comment diviser ? Qui emporterait le reste de la division ? Il y avait là tous les ingrédients pour une guerre fratricide. Les trois frères décidèrent pourtant de tenter d’éviter la guerre, c’est-à-dire de faire le pari qu’une solution pouvait exister. Ce qui signifie qu’ils allèrent voir le vieux sage qui intervient si souvent dans de telles histoires. Ce vieux sage, en l’occurrence, leur dit qu’il ne pouvait rien pour eux, sauf leur offrir ce qui les aiderait : son vieux chameau, malingre et à moitié aveugle. L’héritage comptait désormais douze chameaux, l’aîné en prit six, le deuxième trois, le plus jeune deux, et le vieux chameau fut rendu au vieux sage ». (Cité par Isabelle Stengers, 2002, p.27-28)
Introduction
La Première Partie a montré à l’évidence :
- l’intrication (l’entrelacement) des choix et décisions tissés par les secteurs public et privé : cela s’est confirmé à travers les acteurs individuels, institutionnels, privés et semi-publics ;
- l’importance des modes de gouvernance, et la « mise en phase des cartes mentales » pour permettre une transformation de l’espace qui soit efficace ;
- que l’espace est avant tout un espace vécu dans lequel la politique est le vecteur de transformation, sur fond de propositions qui émergent des acteurs si possible par ascendance ;
- que l’espace n’a de valeur que par rapport aux enjeux ;
- que la sensation est le processus psychomoteur qui est à la source de la transformation du comportement humain.
Il a été observé que l’expérience est au cœur de la matière (et pas l’inverse), et qu’entre les rochers, les plantes et les hommes, il n’y a qu’une différence de niveau, pas de nature : les plantes ont une mémoire, une expérience. Elles « s’adaptent », « s’épanouissent » ou non, se transforment en liaison avec milieu, évoluent en fonction du milieu… Les animaux ont une expérience : une part d’instinct et une part de liberté. Ainsi, pour réaliser l’aménagement de la Vallée de la Rosselle, l’Agence de l’Eau avait pour critère que la Vallée puisse ensuite se défendre toute seule, rentrer à nouveau dans un processus d’aggradation.
Le projet, l’idée, peut être plus stable que les hommes qui passent … (La restauration de la Vallée de la Rosselle est une idée …). L’idée fédère … et devient réalité (dans ce sens là).
- Comment rendre compte de tout cela ? Par quel modèle de pensée peut-on rendre compte de l’expérience et des observations de la pratique ? Comment généraliser à partir de ce que l’on fait et pense « en pratique ») ?
- Quels sont en effet les présupposés de la pratique ?
La pensée organique peut porter sa contribution à tisser une réponse à ces questions.
TABLE DES MATIÈRES DÉTAILLÉE
PARTIE II
Chapitre 6 : La philosophie organique au service de la géographie : 171
6.A. De quelle géographie parler ? : 172
6.B. Quels sont les obstacles rencontrés ? : 174
6.C. En quoi la philosophie organique peut-elle contribuer à dépasser les obstacles pour la géographie ? : 175
6.C.1. Premier approfondissement: les gouttes d’expériences ou les res verae de Descartes : 175
6.C.2. Deuxième approfondissement: remise en cause de la notion de « substance fermée » au profit de notions relationnelles : 176
6.C.3. Troisième approfondissement: la notion de procès et l’unité dialectique des opposés analysables : 181
6.C.4. Quatrième approfondissement : 183
6.C.5. Conclusion du chapitre 6 : vers une géographie non-dualiste : 183
Chapitre 7 : Au cœur ultime de l’expérience ; le noyau dur du sens commun, les entités actuelles, la préhension : 1857.A. Les principes régulateurs formels et non formels, et le noyau dur du sens commun : 185
7.B. Les entités actuelles : 189
7.C. L’utilisation courante de la notion d’(ap)préhension dans la vie quotidienne : 191
7.C.1. Utilisation courante du verbe appréhender ; la préhension, 1ère catégorie d’existence : 192
7.C.1.1. L’(ap)préhension chez les géographes : 194
7.C.1.2. La préhension chez Whitehead : 196
7.C.2. Élargissement de l’approche aux autres catégories d’existence: 197
7.C.3. Importance pour le géographe-architecte-urbaniste-ingénieur : 198
7.C.4. La dimension vectorielle de la préhension ; le continuum extensif ; lien à Descartes, Vidal-Rojas, Dardel et aux prospectivistes : 199
7.C.4.1. Première conséquence : la causalité efficiente et causalité finale : 204
7.C.4.2. La deuxième conséquence : l’expérience caractérise tout élément de la réalité : 205
7.C.4.3. La troisième conséquence : remise en cause de la théorie de la représentation : 206
7.C.4.4. Quatrième conséquence : le dépassement de la dichotomie matériel/idéel : 206
7.D. L’utilisation courante de la notion de processus dans la vie quotidienne : 207
7.D.1. Pourquoi le procès ? : 210
7.D.2. Présentation technique du procès organique : 213
7.E. Place de la spiritualité dans l’approche organique : importance pour la géographie : 217
7.E.1. Présentation de l’approche organique de Dieu : 217
7.E.2. Importance pour la géographie, notamment dans la « géographie de l’expérience » d’Eric Dardel…… 219
7.E.3. Vers une place ajustée de la spiritualité dans une société transmoderne : sur les traces d’Eric Dardel. Intuition d’une géographie des sociétés unifiée, de la nature à l’homme : 225
7.F. Synthèse et conclusion du chapitre 7 : 226
Chapitre 8 : Qu’est-ce que la concrescence ? Les catégories d’existence et les obligations catégoriales ; l’intérêt pour la géographie : 229
8.A. Introduction : 229
8.B. La concrescence : 231
8.B.1. Les cinq phases de la concrescence : 233
8.C. Le lien aux réalités d’expérience de la partie I ; Application à la géographie : 240
8.C.1. Le lien aux réalités d’expérience de la partie I : 240
8.C.2. Le lien à l’approche d’Alain Reynaud dans Justice Socio-Spatiale ; notion de région conviviale ; le procès territorial 242
8.C.3. L’approche de Rodrigo Vidal-Rojas dans Fragmentation de la ville et nouveaux modes de composition urbaine : 246
8.C.3.1. Liens entre la pensée de Rodrigo Vidal-Rojas et le procès organique : fragments et concrescence : 246
8.C.3.2. Présentation de quelques dimensions des territoires : 249
8.C.3.3. Typologie des nexus urbains : 250
8.D. La démarche d’Augustin Berque : 257
8.D.1. La spécificité de l’approche d’Augustin Berque : 257
8.D.2. Mise en lien des concepts d’Augustin Berque et d’A.N. Whitehead : 258
8.D.3. « Réaliser le rêve de Descartes … » Valeur pédagogique de l’approche whiteheadienne : 261
8.E. Résumé des chapitres 7 & 8 sur la concrescence (les gouttes d’expérience) ; lien au schéma de questionnement de la partie I 262
8.F. les implications du mode de pensée organique : 265
Chapitre 9 : Le procès : présentation générale. Analyse morphologique & analyse génétique. La structure de l’expérience : 271
9.A. Caractérisation des faits de la nature présents sur tous les territoires : les actualisations. Introduction aux catégories d’existence. 271
9.B. La notion d’importance (les valeurs). Introduction aux catégories d’obligation 275
9.B.1. Présentation des catégories d’obligation (l’unité/diversité, l’identité, les valeurs, l’harmonie, …) : 275
9.B.2. Pourquoi une distinction entre catégories d’existence et catégories d’obligation ? : 277
9.C. La présentation générale des catégories organiques : 279
9.D. Intérêt du statut ontologique des réalités d’expérience pour la géographie : 288
9.E. Conclusion : 292
Chapitre 10 : La sortie de la dichotomie matériel/idéel ; Vers une dimension de transcendance non dualiste en géographie : 293
10.A. Le schéma de synthèse de la structure de l’expérience, du microcosme au macrocosme. Positionnement de l’axe de dichotomie, et piste de travail dans l’enquête pour le dépassement de « la dichotomie entre le matériel et l’idéel » : 293
10.A.1. Les deux temps du procès : microcosme et macrocosme : 293
10.B. Sortie de la « dichotomie du matériel et de l’idéel » (Di Meo). Unité dialectique des opposés analysables : 297
10.B.1. L’approche de Jean-Marie Breuvart : 301
10.B.2. L’approche d’Anne Fairchid-Pomeroy. L’unité dialectique des opposés analysable : 304
10.B.3. Un langage commun à différentes approches : 305
10.B.4. En synthèse, l’approche géographique d’Eric Dardel : 307
10.C. Conclusion : 308
Chapitre 11 : Que sont les « objets géographiques » ? : 313
11.A. L’apport de la pensée organique ; donner un statut ontologique aux réalités d’expérience : 313
11.B. La notion générale organique d’objets : occasions d’expérience objectivées, nexus (potentialité réelle), propositions (potentialité hybride) et objets éternels (potentialités pures) : 314
11.B.1. Les objets géographiques ; la potentialité réelle: les nexùs et les sociétés : 329
11.B.1.1. La concrescence : 333
11.B.1.2. La pluralité disjonctive : 333
11.B.1.3. L’événement ou « être-ensemble » ou nexus : 333
11.B.1.4. Les nexùs avec un ordre social : les sociétés : 336
11.B.1.5. Les sociétés structurées : 337
11.B.1.6. Les sociétés personnelles : 338
11.B.1.7. Les sociétés corpusculaires : corps physiques et les sociétés vivantes : 340
11.B.1.8. Les sociétés vivantes personnelles : 341
11.B.1.9. Les sociétés subordonnées au sein de sociétés structurées : 341
11.B.1.10. Le tableau de synthèse des nexùs et des sociétés : 343
11.B.2. Conclusion :mondialisme et mondialisation : 347
Chapitre 12 : Passages de la société hypermoderne vers la société transmoderne 349
12.A. La description des passages : 350
12.B. Conclusion générale de la partie II : 360