3.B.2. La démarche du développement local, à travers la synthèse proposée par Bernard Vachon
Cette démarche est une dynamique. « Ni mode, ni modèle, le développement local est une dynamique qui met en évidence l’efficacité des relations non exclusivement marchandes entre les hommes pour valoriser les richesses dont ils disposent » exprime Bernard Pecqueur [1]. C’est aussi une stratégie.
Comme pour la FPH dans son cahier de proposition Le territoire, lieu des relations : vers une communauté de liens et de partage (2001), le point de départ est un refus [2]. Refus de la paupérisation, de l’exclusion, de la dépendance, et de la mise à l’écart de la croissance. Refus de la seule rentabilité, efficacité, rendement, spécialisation, modernisation, centralisation, modernisation [3] Sur la base de ce refus, une concertation devra permettre aux personnes de se connaître, de mener un effort de compréhension et de résoudre les conflits de relation [4].
Pour réagir, une adhésion des acteurs est nécessaire [5]. La réaction (ou proaction) est basée sur des valeurs de souplesse, d’adaptabilité, d’initiative, de leadership d’animation, d’esprit d’initiative, de rigueur et de souci de la qualité, de la rapidité de réaction, … [6]. L’enracinement dans l’identité collective, appuyé sur le sentiment d’appartenance à un territoire commun est important (culture basée sur les valeurs familiales, communautaires, professionnelles).
Ces valeurs sont mises en œuvre pour réaliser la finalité (ou vision) visant à mettre l’homme au cœur des finalités de la croissance, dans une approche microéconomique articulée sur l’approche macroéconomique [7]: la personne est le moteur du changement, et c’est son intelligence qui façonne les sociétés [8].
L’objectif visé est la reconquête d’une identité collective [9]. Ce n’est pas la ressource qui crée le projet, c’est le projet qui crée la ressource, et permettra l’autonomie locale et une force endogène [10]. L’intuition et la subjectivité sont importantes pour la mise en œuvre [11]. L’action réalisée devra faire l’objet d’une évaluation [12].
C’est un processus : toute une série d’événements et d’actions permettra d’atteindre ces objectifs [13]. Ce système a une logique, c’est à dire qu’il fonctionne selon des règles qui s’établissent dans une suite cohérente d’événements nécessaires à sa dynamique [14].
« Bien sûr, dans la réalité quotidienne, les actions de développement ne se déroulent pas de façon parfaitement linéaire : jamais il ne sera donné de voir des événements et des interventions se succéder les unes aux autres en parfaite conformité avec l’ordre planifié, dans une stratégie ou un plan d’action » [15].
Cette remarque rejoint celle de P.Braconnier, ainsi que la remarque préliminaire d’A.N. Whitehead en ce qui concerne la concrescence, à savoir qu’il s’agit de phases logiques, et non de phases successives.
Tous les éléments relevés ci-dessus sont intégrés dans la confrontation au schéma de questionnement. Les schémas de Bernard Vachon des pages 121 et 178 sont cohérents avec la formalisation présentée, avec une différence principale : les valeurs et attitudes n’apparaissent pas dans le schéma de la page 121 et ils apparaissent comme l’étape centrale des 5 étapes proposées sous la dénomination « Choix d’une démarche ou d’un modèle théorique servant de cadre de référence ». Nous suggérons que les valeurs et attitudes soient les vecteurs (les flèches) entre les différentes étapes, le premier vecteur se trouvant entre l’étape du refus et de la finalité (ou vision).
Figure 3‑4 : Schéma de l’approche de Bernard Vachon dans Le développement local : Théorie et pratique : Réintroduire l’humain dans la logique de développement, 1993.
On note la référence spontanée à la nécessité d’une « succession d’événements » pour enclencher la dynamique de changement.
[1] Vachon, 1993, p.91
[2] Vachon, 1993, p.49 à 67.
[3] Vachon, p.75.
[4] Vachon, 1993,p. 170 à 181
[5] Vachon, p.111.
[6] Vachon, 1993, p.83, p.117
[7] Vachon, 1993, p.74-77
[8] Vachon, 1993, p.86 à 89
[9] Vachon, 1993, p.188
[10] Vachon, 1993,p.95 à 97
[11] Vachon, 1993, p.188
[12] Vachon, 1993, p.182 à 202
[13] Vachon, 1993, p.188
[14] Vachon, 1993, p.74
[15] Vachon, 1993, p.110