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4.C.4-7 Politique des quartiers

4.C.4. La politique des quartiers développée à partir de 1995 :

Le premier rendez-vous de quartier conduit à la modeste mais rapide réalisation d’un ralentisseur souhaité par les habitants dans la rue de Méhon. Il est toujours en place en 2008. C’est le départ d’un processus de transformation des quartiers, par passage progressif d’une attitude revendicatrice à une attitude co-gestionnaire de la part de la population. Les actions ponctuelles ont été remplacées en 1998 par un véritable service des quartiers,

(a. Lancement de la démarche ) Le déclenchement d’une relation de « construction de la ville » entre l’équipe municipale et la population se fait à l’issue d’une réunion de quartier au « Quartier de Méhon ». L’équipe municipale s’expose à toutes les questions.

(b. La vision du dialogue entre élus et habitants) Le but est de susciter et créer un dialogue permanent entre la population et les élus pour établir les bases solides d’un projet partagé.

(c. Les propositions) Instaurer la confiance est le préalable à toute conduite d’action ascendante. Ici, ce fut la mise en place d’un ralentisseur créé au bas de la colline de Méhon, non pas un ralentisseur qui fait tressauter la voiture, mais un étranglement qui oblige les véhicules à adapter leur vitesse, en laissant passer latéralement les vélos.

(d. Réalisations) La mise en œuvre s’est faite rapidement. La presse s’en est fait l’écho.

Ainsi commence à s’instaurer un climat de confiance entre la population et l’équipe muni­cipale : la parole est entendue, suivie d’effet. Au fil des réunions de quartiers et des années, la population est passée d’une attitude revendicatrice et individualiste à une attitude de co-gestion du quartier et des humeurs de ses habitants. Les « râleurs » sont remis en place par d’autres personnes du quartier.

Quelques années plus tard a été créé un « service des quartiers » afin d’organiser le suivi des demandes des habitants. Ce service était la courroie de dialogue et de mise en place des actions entre les élus et la population. Ce service a eu beaucoup de succès, et a consacré l’entrée dans la phase de co-gestion des quartiers avec la population.

C’est dans cet esprit de concertation qu’on été menées toutes les actions qui suivent. On constate l’ordre de succession des quatre phases du schéma de questionnement du chapitre 2

4.C.5. CAP 54 : reconquête d’un espace commercial abandonné.

Phase a : l’appréhension globale. Une galerie commerciale, réalisée à la fin des années 1980, a très vite donné des signes d’abandon, de manque de fréquentation. En définitive, une décision d’abandon tombe vers 1995. La démolition du site est décidée, sa réalisation est confiée à l’EPF Lorraine. Le projet était tout simplement de transformer cet espace en aire de stationnement, avec un accès arrière sécurisé vers l’école Notre-Dame.

Phase b : la vision. Deux visions ont été alors développées : une vision portée par les techniciens, et une vision portée par l’ingénieur de la ville, à la demande des élus. La première était tech­nique, avec le déploiement de procédés éprouvés : des bandes d’espaces verts protégés de solides bordures. La seconde prenait en compte les usages des piétons, les accès des riverains, la convivialité de l’accès à l’école privée Notre-Dame, et le caractère qualitatif d’un espace public proche de l’Ecole Hubert Monnais située de l’autre côté de la rue.

Phase c : la proposition. Lors de la présentation des deux projets, le technicien de la voirie a déve­loppé sur cet espace triangulaire un quadrillage rigoureux pour situer les stationnements, avec 4,5 km de bordure pour que les roues des voitures buttent et ne puissent pas abîmer les espaces verts disposés en bandes. L’autre solution développait des stationnements sur chaque côté du triangle, puis un quadrillage à partir du centre. Cela déterminait un espace vert aléatoire entre les deux types de station­nement, ce qui permettait de planter des arbres et de faire passer le cheminement vers l’école. Les arbres délimitaient ainsi une « clairière » au centre : les bordures étaient minimisées, le caractère paysager plus prononcé que dans le premier cas de figure, et le mode d’assainissement optimisait l’existant. En outre, ce projet offrait plus de stationnement que le précédent. Au final, au lieu de 5,4 MF TTC, ce second projet ne coûtait que 3,5 MF TTC. Les élus ont donc choisi ce projet, et le service de voirie a eu la mission de le réaliser. L’appel d’offre a donné le prix de 3, 504 MF TTC.

Phase d : la réalisation. Le projet a donné satisfaction aux utilisateurs.

A la suite de l’exemple du château d’eau, cet exemple montre l’importance de la vision pour intégrer les contraintes techniques dans une réflexion globale sur les usages futur du site.

4.C.3. Aménagement du centre-ville :

(Phase a : le déclic, l’effet déclenchant, la question posée) La place du château : un matin, la ville s’éveille avec les bulldozers sur la place du château : après la stupeur, c’est le lancement de la concertation pour la transformation du château et de ses abords. Les services techniques n’avaient pas prévenu la population. Pour eux, cela faisait partie d’un plan pluriannuel d’assainissement, voté par les élus, donc réalisable au fur et à mesure, sans plus de façon. Le déclenchement du chantier est une procédure administrative : l’ordre de service est lancé depuis un bureau de la mairie. Quel contraste avec la ville de St Dié où une personne à plein temps s’occupe de prévenir la population par une information distribuée à chaque domicile ! La réaction de mécontentement de la population et des élus fut le point de départ d’une réflexion globale sur « la cour du château », tant dans sa partie urbaine que dans sa partie « privative ».

(Phase b : la vision) Le projet est de replacer le château dans son écrin urbain : la place du château doit être celle où chaque passant, chaque visiteur, chaque touriste doit pouvoir s’asseoir à la terrasse, et contempler la perspective principale dessinée et construite par l’architecte Boffrand. Tout à la fois, cette terrasse n’est qu’une étape dans un parcours entre la place des Carmes et la porte de l’Hôpital. M.Thierry Algrin, ACMH (Architecte en Chef des Monuments Historiques) est invité à participer à la réflexion. C’est au café de Marie-Jeanne qu’on lieu un certain nombre de réunions programmées ou informelles pour mûrir cette vision collective entre les habitants, les élus, les tech­niciens, …

(Phase c : la construction du projet) Et le projet se construit ainsi : ce sera une terrasse pavée, qui permettra une extension des 3 cafés de la place, situés juste en face du château …

(Phase d : la mise en œuvre) Après ce travail de concertation large, la mise en œuvre est organisée administrativement et techniquement dans les services (mission de maîtrise d’œuvre à lancer), avant de revenir à la population pour présenter les esquisses et débattre du parti d’aménagement, parti­ciper au choix des matériaux, écouter les remarques des habitants et des commerçants sur le projet. C’est ainsi qu’ont débuté les opérations sur le château de Lunéville.

4.C.7. Le théâtre de Lunéville ( travaux en 1996-97) :

Ce théâtre à l’italienne date des années 1930, et n’a jamais fait l’objet de travaux depuis.

(Phase a : le point de départ) La municipalité souhaite le réhabiliter. Mais le chiffrage des travaux s’élève à 11MF : cette somme est beaucoup plus que ce qu’elle peut engager. La municipalité convoque l’ingénieur et lui dit « Il faudra que vous fassiez le projet pour 3,7 MF TTC, que ce soit fini pour juillet 1997 … ».

(Phase b : la vision) La situation était difficile, et il fallait réagir vite. La finalité étant la capacité d’accueil de spectacles dans de bonnes conditions pour les spectateurs. En concertation avec l’équipe de régie et le service culturel, le consensus s’est porté sur l’étude de l’ensemble salle-scène, et la rénovation des organes techniques majeurs (machinerie, salle, création d’une régie technique, …). L’opération a bénéficié de l’expérience de la rénovation de l’opéra-théatre de Nancy qui venait de se terminer sous la direction de l’ACMH Thierry Algrin.

Phase c : la proposition) Le prix de 3,7 MF TTC correspondait à l’ensemble de l’intérieur du théâtre : scène, machinerie, salle -parterre et balcons-. Les couloirs, galerie, entrées et extérieurs seraient à réaliser ultérieurement. Les élus ont accepté la proposition. Ce qui compte n’est-il pas l’événement culturel à vivre ensemble ? La cohérence nécessaire de l’événement théâtral a été le guide de la cohérence du projet.

(Phase d : la réalisation du projet) Le projet s’est mis en place, sous le regard attentif des élus d’un côté, mais aussi des équipes de menuisiers, serruriers des services techniques. Ils ont émis le souhait de participer à cette nouvelle œuvre. Les travaux de remise en place de la machinerie ont été beaucoup plus importants que prévus, car le spectacle des « Lumiscénies » avait nécessité de sacrifier l’étage bas de la machinerie : tous les câbles étaient désormais trop courts, et devaient être tous repris. Cette reprise fut faite en régie, grâce à l’exceptionnelle compétence des services. Parmi les autres découvertes du chantier, il fut montré que les peintures étaient à l’or fin 100%. Cela justifiait le nettoyage des peintures au tamponnage à l’huile de lin, à l’instar du théâtre de Nancy.

Cet outil a permis à la ville de Lunéville de lancer et crédibiliser une politique culturelle ambitieuse.

4.C-1-2 Concrescence de Lunéville

4.C. Phase a : Présentation de la ville et des quartiers:

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Figure 4‑1 : Les quartiers de Lunéville en 2000. (Source : P.Vaillant, logiciel Autocad)

Le découpage politique des sept quartiers de Lunéville correspond pratiquement à la typologie des quartiers : quartiers nord (saumon foncé), quartier Villers-Sainte-Anne (vert), quartier de Ménil (saumon clair), quartier sud (violet), quartier Dahommey-Jeanne d’Arc (bleu), quartier du Champ de Mars (jaune) et quartier du centre ville (rouge et blanc). La vieille ville est hachurée en rouge : une partie se trouve dans les quartiers nord (place des Carmes et rues adjacentes), et un ensemble d’îlots se situe dans le quartier de Ménil (actuelle Institution St Pierre Fourier et rues adjacentes).

Le travail mené sur les plans de la ville depuis sa charte de franchise en 1265 avec un « comité des sages » a montré la capacité de renouvellement de la ville à travers les siècles. Il a conduit à la publication d’un ouvrage collectif en 2000 intitulé Histoire urbaine de Lunéville de 1265 à 2000 (LtP), suivie d’une exposition. L’analyse progressive et systématique de plus de 30 plans a permis en fin d’ouvrage de dresser une synthèse globale La ville s’est distinguée tous les cinquante ans environ depuis 1702 dans un domaine différent. Ville Princière de 1702 à 1766 avec l’installation du Duc Léopold puis l’arrivée en 1737 du roi Stanislas avant de devenir une ville dans la misère la plus profonde jusqu’en 1816. Elle devient la « Cité cavalière » de 1816 à 1871, avec l’installation du camp de Lunéville, et d’une garnison de cavalerie. Jusqu’en 1871, Lunéville est une ville endormie qui se distingue par ses performances en matière de maraîchage et de vignes. Devenue « ville frontière » en 1871 lors de la partition de l’Alsace-Lorraine, l’industrie se développe à l’initiative d’industriels alsaciens qui voulaient rester en France : production de wagons à l’usine Trailor -30 000 wagons de 1871 à 1945 [1]– parmi une floraison d’industries. La ville double sa population : elle passe de 12 000 habitants en 1871 à 23 000 en 1901 (LtP, p.99) quasiment sans construction supplémentaire. La ville ne résout son problème de surpopulation et de manque de confort qu’après la seconde guerre mondiale : elle construit au nord et sur les terrains de maraîchage du sud de la ville. Elle double de surface bâtie de 1945 à 1995, et la vieille ville commence à se transformer avec le contrat des villes moyennes affiché à partir des années 1970. En 1995, l’arrivée des socialistes à la tête de la mairie marque un tournant, celui de l’orientation de la ville vers une économie touristique et culturelle, ce que l’incendie du château en 2002, paradoxalement, ne dément pas.

La ville a changé d’identité tous les 50 ans, et cela pendant près de trois siècles [2]. Elle est caractérisée par ses édiles successifs comme étant une ville endormie, léthargique, en perpétuelle récession. C’est en fait une ville de passage, une ville de « flux » qui donne à ses habitants, malgré son dynamisme réel, l’impression de plus subir les évènements que d’en être le moteur. La nouveauté est presque toujours venue de l’extérieur (le roi Stanislas en 1737, le Prince Hohenlohe en 1816, les industriels alsaciens en 1870, le Conseil Général propriétaire du château en 2001…). Et la ville a toujours fait preuve de dynamisme de fait. Pourquoi n’apprendrait-elle pas à se projeter dans l’avenir avec plus d’audace, par exemple en imaginant de devenir une ville d’économie touristique, dont le château ne serait qu’une seule des pièces ? Analysons la situation de départ, avant d’analyser les potentialités.

La vieille ville fortifiée du Moyen-Age:      

Vers 1265, les bourgeois obtinrent du duc Ferri III des franchises et libertés sur le modèle de la loi de Beaumont [3]. Un premier rempart fut construit début XIIème siècle. Il fut augmenté à l’ouest (au delà du boulevard de la République) en 1340 [4]. L’enceinte est globalement carrée (400 m de côté) flanquée de 4 tours dont une reste encore aujourd’hui (la Tour Blanche). La ville couvre donc 16 ha environ, soit 1/100ème du ban communal. Cette enceinte est complétée après 1591 par une nouvelle enceinte composée de 7 bastions en terre reliés par autant de courtines et protégés par des fossés que les eaux de la Vezouze doivent inonder (en fait, ils seront toujours secs …)

Avant 1702, et le retour du Duc Léopold en Lorraine (1698), la ville ressemblait à Toul, avec ses murailles, ses bastions d’angles . Lors de l’exposition de 2 000, les habitants ont pu s’étonner de l’existence de cette première ville militaire. Il faut aujourd’hui un réel effort d’imagination pour se la représenter. Il n’en reste que quelques faibles vestiges (La Tour Blanche, la Tour de l’’Octroi, des restes de muraille rue du Rempart, rue de la Brèche, … à la place de ces remparts, Léopold construit ce que l’on pourrait appeler la Ville Neuve de Lunéville, ou la Ville Résidentielle du Prince.

La « Ville Neuve » ou la « Ville des Lumières » :

Le parti urbanistique est très différent de ce que fit Charles III à Nancy. Il avait construit hors des remparts la Ville Neuve de Nancy adossée à la ville médiévale, laissant à Stanislas l’opportunité de réaliser ultérieurement le magnifique ensemble de la place qui porte son nom, entre la « Ville de Charles III » et la Vieille Ville. La solution mise en œuvre à Lunéville est tout autre. Léopold utilise la même clé de développement que beaucoup d’autres princes en France, comme par exemple Richelieu pour la ville qui porte son nom dans le Poitou, et Louis XIV à Versailles [5]: une place royale (l’actuelle place des Carmes), et des constructions à programme (Place des Carmes, Rue Banaudon, Place Léopold, …).

Pour donner immédiatement forme à sa Ville et à sa Place Royale, Léopold utilise ses propres besoins en bâtiments militaires, casernement et écuries. Le programme d’ensemble est défini et contrôlé par Christophe André, nommé intendant des bâtiments de Lorraine et inspecteur général des Pont et Chaussées [6]. Il construit la Caserne des Cadets sur les terrains marécageux formant « L’île Saint-André ». Une rue nouvelle est tracée et de grandes demeures sont élevées (actuelle rue Chanzy) sous sa direction. En septembre 1707, trois d’entre elles (côté pair actuel) sont achetées par le Duc pour y installer les Suisses de sa Garde d’Honneur, et les pages. Puis en février 1709, le Duc achète 4 grandes maisons dans la rue (côté impair) pour l’Académie d’exercices, au delà du second pont sur la Vezouze, reconstruit en pierre en 1709. Par un Édit daté du 31 octobre 1710 Léopold autorise le projet de Ville Neuve : il accorde l’exemption de « toute tailles, subsides et impositions » aux particuliers qui auront dessein de construire. André achète en Avril 1712 dix mille toises de terrain et établit la Place Royale, l’ancienne Place Léopold, actuelle Place des Carmes, pour l’usage du public. La caserne des Carmes est bâtie sur le côté Ouest (nommée à partir de 1887 caserne La Barollière). Une Communauté des Carmes s’installe sur le côté Est et y construit une église. Des particuliers complètent l’ensemble et devaient respecter des règles de construction strictes : une place à programme avec une statue en son centre, avec des perspectives rectilignes, alignement de façades, constructions aux allures régulières, toutes semblables jusqu’aux linteaux, aux corniches et aux encadrements de fenêtres qui sont dessinés à l’identique. L’architecture donne forme à l’espace urbain. André meurt le 30 Avril 1712. Paul HERE, père du futur architecte de Stanislas, devient à son tour intendant des bâtiments. Il construit à lotir la rue qui porte son nom.

L’axe formé par la place des Carmes, la rue Chanzy se prolonge de l’autre côté de la Vieille Ville jusqu’à la ruelle d’accès à l’ancienne porte de l’Hôpital (toujours en place) et le centre du cloître de l’Hôpital de façon mathématique. Intrigué par ce fait, un groupe de chercheurs et érudits de Lunéville [7] en ont déduit la volonté du Prince de réaligner l’actuelle Rue de La République pour parfaire le nouvel ensemble urbain, comme le faisaient beaucoup de princes d’Occident à cet époque (Michel Ragon, 1995). Mais la densité du peuplement de la vieille ville n’a pas permis la réalisation de ce rêve, et il faut aujourd’hui réinventer autrement la cohérence que le Duc avait souhaitée.

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Figure 4‑2 : L’axe de la place des Carmes (Place royale) à l’hôpital : croisement de la Ville Neuve au nord et au sud avec la ville du Moyen Age [8]. Cartographie P.Vaillant

D’après le plan des axes de développement de la « Ville Neuve » ou « Ville des Lumières » de Léopold, les axes Nord/Sud et l’axe Ouest/Est passent tous deux par le centre du cloître de l’Hôpital.

La rue de la République n’a pas pu être réalignée, Léopold ayant probablement sous-estimé la complexité d’une « opération tiroir » pour déplacer les nombreuses familles et commerces qui se trouvaient sur place.

Cette présentation rapide n’a été possible qu’en réalisant un travail collectif sur l’histoire et la géographie de la ville, c’est à dire son développement dans le temps et dans l’espace. Jusque-là, aucun livre n’abordait les problèmes sous cet angle. Certains faits majeurs étaient même occultés dans les informations officielles [9]. Par exemple, l’ouvrage du docteur Bichat, fils du Maire du même nom au début du siècle, relatait la création par son père d’une société de logements bon marché pour résoudre le problème de la surpopulation des familles ouvrières. Le résultat a été … la création de 27 logements avant la première guerre mondiale, alors que la surpopulation concernait près de 5 000 ouvriers (LtP, p.69).

Les faits majeurs occultés sont détaillés dans un remarquable rapport d’enquête du Conseil Supérieur des Habitations à Bon Marché (HBM) de 1896 [10], primé parmi trois au niveau national pour sa qualité (avec Briey et Rennes). Celui-ci notait « La lamentable situation de l’ouvrier de Lunéville : ces nombreuses familles ouvrières entassées à raison de 3,4 à 6 personnes par pièces, dans des taudis où la lumière manque à l’âme et l’air aux poumons » [11]. A côté, les « admirables résultats obtenus par nos industriels industriels » vantés par le Sous-Préfet ne concernaient que 229 logements des usines, et 119 logements vendus à des ouvriers. Le rapport HBM montre comment « Le propriétaire a un intérêt évident, à morceler, à découper l’espace dont il dispose, à faire une chambre de tout local susceptible d’être plus ou moins éclairé, à créer en définitive beaucoup de petits logements ; C’est ainsi que nous trouvons 12, 14, 20 logements ouvriers dans une même maison que rien, dans les prévisions de son constructeur n’a destiné à cette affectation » [12]. La situation a perdurée pendant un demi-siècle, puisque l’enquête INSEE de 1954 révèle que 85,5 % des logements restent encore sans installations sanitaires. Ce n’est seulement qu’entre 1960 à 1978 que la question du logement est véritablement résolue, avec la création dans le seul secteur social de 1427 logements loués nouveaux, 62 individuels et 1365 collectifs. (LtP, p.80-81).

Cet exemple montre l’intérêt d’un travail collectif de mémoire sur sa ville et son territoire d’habitation, son territoire d’« ancrage sur la Terre » (Eric Dardel). Le regard sur le passé en rapport au présent permet de porter un regard sur l’avenir.

4.B. Phase b et c  : prospective et propositions sur la ville de Lunéville.

Ce travail a permis en matière d’élaborer une prospective de la ville issue de la compréhension profonde de son histoire. Citons quatre éléments prospectifs, qui resteront d’actualité pendant encore plusieurs décennies :

  • b1- Le développement de la ville touristique
  • b2- La transformation de l’hôpital
  • b3- La reconquête de la Ville Neuve perçue comme un espace urbain minéral dans un écrin de verdure.
  • b4- Un exemple de mise en valeur de la mémoire de la ville.

4.B.1- Développement de la ville touristique : retrouver la Ville Neuve des Princes du XVIIIème :

Analysons les potentialités de retrouver la Ville Neuve du XVIIIème siècle, dans la visée de réaliser la cité d’économie touristique dont Michel Closse a rêvé à maintes reprises depuis qu’il a gagné les municipales en 1995.

La Ville princière du XVIIIème siècle est conservée à 90% sous les crépis modernes : on peut estimer que 2000 logements datent du XVIIIème siècle, soit 25 % des logements actuels (LtP, p.87). Une analyse soignée des éléments statistiques et des plans confirme cette donnée. Le tracé de cette ville a été précisé grâce à plusieurs documents pris à l’appui. Ces derniers proposent ainsi un nouveau périmètre d’étude pour rapprocher les aménageurs, les historiens, les services d’architecture, d’inventaire des bâtiments de France (Plan de synthèse dans LtP pages 19 et 96, et plan détaillé tiré à part format A0). La Ville Neuve correspond aux anciennes rues commerçantes, aux commerces aujourd’hui en grande partie vacants, mais toujours visibles, et en attente d’une politique commerciale à la hauteur des enjeux de développement du Château. La Ville Neuve est l’écrin du Château. Elle est à la taille de l’importance que ce site peut acquérir.

Or toute l’attention des édiles et érudits locaux se porte encore sur le site inscrit de la ville médiévale cerné par la première enceinte. Le site inscrit dans sa configuration actuelle ne prend donc pas en compte l’élargissement opéré par Léopold. N’est-ce pas désormais la Ville du Prince le site inscrit pertinent pour mettre en valeur le passé et préparer l’avenir ?. Ce nouveau périmètre n’est pas encore entré dans la conscience de la population, de l’équipe municipale et des services de l’État. Or le développement du Château est indissolublement lié à cette Ville Neuve, et une opportunité est à saisir (LtP, p.99). La pauvreté de la ville de Lunéville aura paradoxalement offert la possibilité (potentialité) de retrouver la Ville Neuve qui n’a pas été démolie, ni remplacée : un travail spécifique sur les façades pourrait permettre de retrouver le caractère architectural et urbain du XVIIIème siècle.

4.B.2- La transformation de l’hôpital :

Les travaux effectués montrent comment au fil des décennies et des projets, l’hôpital a progressivement tourné le dos à la ville. Initialement, dans la conception d’origine du Duc Léopold, l’entrée était du côté de la ville, exactement dans l’axe de la place des Carmes qui passe devant le château. Ce fait explique le trajet sinueux pour arriver à la mairie en venant du sud. Une volonté politique forte en matière urbaine est nécessaire pour replacer l’hôpital dans son ensemble urbain. On en parle moins que du château, mais il s’agit d’un équipement majeur de la ville, d’occupation au sol assez similaire à celle du château.

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Figure 4‑3 : Périmètre de la Ville Neuve (Source : P.Vaillant sur le parcellaire numérisé. Mise au point vectorielle sur Autocad)

4.B.3- La reconquête de la Ville Neuve vécue comme un espace urbain minéral dans un écrin de verdure :

Ce fait, montré par les cartes et l’analyse urbaine (LtP, p. 98) pourrait servir à initier une charte des espaces publics pour permettre de différencier progressivement la Ville Neuve des entrées de villes, de ses extensions récentes, et par là même de renforcer l’intérêt touristique de chacune des parties, et notamment le potentiel offert par la ville.

Ce travail illustre une manière d’aménager la ville qui conjugue la compréhension de l’héritage du passé, la saisie des potentialités d’évolution, la mise en forme de propositions réalisables, et la mise en cohérence des actions plus ponctuelles [13]. Ces remarques trouvent naturellement leur place dans les quatre phases du schéma de questionnement. Les même phases seront observées au niveau des actions plus ponctuelles.

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Figure 4‑4 : Confrontation au schéma de questionnement : le procès de transformation des territoires au service de l’aménagement de la ville

b4. Un exemple d’action ponctuelle possible : la mise en valeur de la mémoire de la ville et de l’architecture civile liée aux chevaux:

A la fin du siècle, on notait 90 écuries privées totalisant de environ 300 chevaux (Baumont). L’importance des écuries en ville est indiquée par le nombre de portes cochères : les écuries sont situées en arrière-cour, selon une typologie inscrite dans le parcellaire et visible sur les plans informatisés de la ville. Certaines écuries existent encore : Rue Carnot, Rue de la République, Rue de la résistance, (réhabilitation de l’OPAC au n°10), …Un inventaire complet de ce patrimoine serait utile pour le sauvegarder et compléter les visites des bâtiments remarquables.

Conclusion de l’analyse de certaines potentialités de la ville:

Ce qui frappe dans l’étude de l’évolution de ces quartiers est la rapidité de leur transformation. Cette capacité de renouvellement tous les 60 ans environ fait partie de l’identité de la ville. La ville résidentielle du Prince prospère entre 1702 et 1766. Elle fait place à la ville dans la misère (1766 à 1816), puis à la Cité Cavalière et agricole (jusqu’en 1870). Sur ces trois générations de ville se superpose et se rajoute ensuite la Cité industrielle (1870 à 1940) . Puis c’est la ville intermédiaire qui annonce dès 1995 le début de la Cité touristique : la « Ville des Lumières » mérite d’être remise en valeur, et d’être au cœur d’un nouveau projet de ville. C’est une transformation de fait, qui se produit alors même que les habitants de Lunéville n’y croient pas. Ce dynamisme de fait est dû à sa position sur un carrefour d’importantes voies de communication vers Nancy, Saint-Dié et Strasbourg. La clé de réussite et d’accélération de la prochaine transformation de Lunéville en Cité touristique est probablement de devancer ce mouvement plutôt que simplement le constater et de l’accompagner.

Après avoir présenté la ville dans son ensemble, il faut désormais étudier les gouttes d’expérience, allant de la plus modeste à la plus large, globalement dans l’ordre chronologique où elles se sont déroulées entre 1995 et 2002.

4.C. Phase d : les réalisations :

Au niveau de la ville, chaque réalisation est une nouvelle opération qui invite à recommencer toutes les phases à la nouvelle échelle considérée. Cette remarque introduit à la notion d’échelles indicatives de référence, et de subsidiarité active * entre ces échelles de référence (une illustration complète et pédagogique est proposée au chapitre 13.I, p.400-401, notamment figure 13-12 pour la région « Entre Vosges et Ardennes » aux échelles indicatives des 32 000 km2, 2 000 km2 et 125 km2). Le passage d’échelle se fait ici entre la ville (échelle indicative des 780 ha -env.8 km2, rayon de 1,6 km-) et le quartier (échelle indicative de 50 ha (rayon de 400 m) voire 3 ha (rayon de 100 m) et 2 000 m2 (rayon de 25 m pour un bâtiment précis). Chaque échelle génère un nouveau processus, articulé sur le processus général, et à l’échelle supérieure. La vie professionnelle ordinaire n’échappe pas à cette règle de subsidiarité de fait. C’est pourquoi chacune des réalisations est décrite selon les quatre phases du schéma de questionnement de base. L’entraînement à ainsi décrire les opérations est un entraînement à rédiger des fiches d’expérience, à les rendre transmissibles, à les mutualiser. L’enjeu est la capitalisation de l’expérience au sein des réseaux professionnels.

Les réalisations présentées concernent toutes Lunéville et sont en liaison avec la presentation qui vient d’être faite de cette cité : le Centre de Métrologie Lorraine, l’aménagement du quartier de La Barollière, le château d’eau, CAP 54 et la reconquête d’un espace commercial abandonné, enfin de l’aménagement du centre-ville.

4.C.1. Le Centre de Métrologie Lorraine : une prouesse technique et financière pour l’IUT de métrologie.

Phase a : le problème posé et la situation existante :

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Figure 4‑5 : Plan HERE de 1752 ; Plan de 1875 ; Plan de 1911 (inchangé en 1920) (Sources : Plans d’archives municipales scannés à l’échelle 1)

Le quartier de l’Orangerie n’était pas à l’origine un quartier de cavalerie. Sur le plan HERE de 1752, il prend l’aspect d’un jardin. Après la mort de Stanislas en 1766, le site fût transformé en caserne pour accueillir les Gendarmes Rouges. En 1770 et en 1787, il y fût ajouté plusieurs bâtiments érigés le long de l’actuelle rue de Lorraine. Le plan de ville de 1816 fait apparaître l’ensemble des bâtiments en fond de parcelle et le long de la rue des Bosquets. En 1825 et 1826, on fit l’acquisition de terrains à la ville pour bâtir une écurie et une forge. En 1855, une nouvelle écurie ainsi qu’un nouveau manège furent bâtis, puis 3 nouvelle écuries dans l’année qui suivit. En 1836, le quartier comptait 5 corps de bâtiments contenant 90 chambres dont 2 étaient affectés au logement d’un capitaine, 26 aux sous-officiers du petit état major. Les 62 chambres restantes pouvaient accueillir 857 lits. Les 15 écuries pouvaient abriter 848 chevaux barrés par ordinaires de 3 et occupant 1,10 m de râtelier chacun.

D’autres constructions (ateliers …) furent construites entre les deux guerres sur de nouveaux terrains expropriés par utilité publique sur les habitants. Une impasse, (la future rue Leroux) fut percée pour lotir quelques terrains. Depuis 1970 était implantée une compagnie de soutien du matériel, dont la mission consistait jusqu’alors à soutenir le 30ème GC et le 3ème RC. La cinquantaine d’hommes de la 2ème Compagnie du 7ème Bataillon du Matériel de Division Blindée (2Cie/7ème BMDB) occupait donc 4,5 ha de garages et d’ateliers. (Vargeneau)

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Figure 4‑6 : Plan de 1936 ; Plan en 1960 ; Plan en 2000 (Sources : archives municipales)

Phase b : la vision du quartier, démolition et réappropriation :

Le quartier Clarenthal avait vocation à redevenir un quartier civil, intégré au centre-ville. Cette intégration, aujourd’hui achevée a plusieurs étapes. D’abord, en 1990, l’Atelier du Rempart (dirigé par les architectes-urbanistes André Collin et Claude Michely) réalise pour la ville un schéma directeur afin de relier ce quartier aux voies communales environnantes, une fois les murs d’enceinte abattus. De ce schéma ont été réalisés le raccordement à la rue Lebrun, l’ouverture vers la rue des Bosquets, la construction de l’école Hubert Monnais en 1991, la deuxième tranche de 30 logements S.N.I. (Société Nationale Immobilière qui travaille pour l’Armée) en 1992, le Commissariat de Police dans un bâtiment existant (1993), la Médiathèque dans l’ancien manège (1995), l’I.U.T. de Métrologie en 1996 (coût de 24 MF pour une réalisation livrée en 1997) puis le Pôle de Ressources Technologiques (13,5 MF, livré en janvier 2001) ainsi que des logements étudiants par la C.C.L (2001) et une SCI privée (2001).

Phase c : la proposition.

Le projet de Pôle de Ressources Technologiques était associé à une forte contrainte financière. Il fallait réaliser le projet avec 6300 F H.T. du M2 tout en disposant d’équipements techniques très sophistiqués, comme par exemple un chauffage qui devait pouvoir garantir une différence de 0,5° de température maximum en continu. Un programme très détaillé a été nécessaire pour pouvoir tenir les prix jusqu’au bout de la réalisation. A titre d’exemple, les logements réalisés par la CCL ont coûté plus de 10 000 F/HT du M2, dans un mode de production et un type de suivi différent.

Phase d : la réalisation.

La réalisation s’est déroulée comme prévu, avec la nécessité de coordonner les accès avec les logements attenants. Seul l’espace central est resté en espace vert. Fallait-il le transformer en lotissement ? y construire un équipement? ou le laisser ainsi ? La question se pose encore aujourd’hui. Le procès de transformation du quartier qui précède, et du quartier qui suit, confronté au schéma de questionnement, conduit à la figure suivante :

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Figure 4‑7 : Confrontation au schéma de questionnement: le procès de transformation des quartiers de l’Orangerie et de la Barollière.

4.C.2. Aménagement du quartier de La Barollière :

La transformation du quartier de la Barollière peut être décrit suivant les mêmes phases logiques que la transformation du quartier de l’orangerie.

Phase a. -Appréhension globale du quartier :

Présentation du quartier de la Barollière à travers les plans, et expression du problème posé à la municipalité :

La suite des plans permet d’observer l’extension progressive de la caserne, par ajout de bâtiments autour d’une cour fermée par deux fois, entre 1783 et 1816. À la veille de la première guerre mondiale, cinq bâtiments supplémentaires ont été édifiés le long de la rue Delorme.

L’un des 23 bâtiments de la Barollière entreposait encore du matériel de mobilisation lorsque ce quartier de 3,8 ha fût définitivement désaffecté le 31 Juillet 1985. Le Groupe d’Instruction du 30ème G.C. fût la dernière compagnie à l’occuper. (Vargenau).

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Figure 4‑8 : 1752 ;   1793 (plan réalisé par la municipalité) 1816 (le patrimoine militaire à l’arrivée du Prince Hohenlohe) (Sources : Plans d’archives)

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Figure 4‑9 : 1839                                         1875                           1911
(Le patrimoine militaire à la veille de la 1ère guerre mondiale) (Sources archives municipales)

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Figure 4‑10 : 1936                     1960                                       2000
(Sources : Plans d’archives municipales scannés à l’échelle 1)

La ville a usé de son droit de préemption pour s’assurer de la propriété de cet ensemble immobilier de 3,7 ha., pour un montant de 2,8 MF. Ont été aussitôt démolis les murs d’enceintes et les bâtiments les plus insalubres. Puis le site fût laissée en attente, l’effort de la ville se portant d’abord sur le quartier Clarenthal.

La municipalité de Michel CLOSSE a voulu fermement aménager l’ensemble du quartier dés l’installation en Juillet 1998 de l’Hôtel des Finances dans un des deux casernements de la rue de la Barollière. La ville a été aidée par l’EPF Lorraine pour 900 kF et les crédits KONVER de reconversion de casernes. Entre la ville et ce quartier, plusieurs rues et espaces délaissés sont à aménager. L’accès à cette zone avait un caractère d’abandon, de vétusté. Un carrefour neuf, décoré de 3 fresques de cavalier, très bien réalisé, renforçait paradoxalement cette sensation de chantier commencé non poursuivi. Le cœur d’îlot était encore fortement planté, d’arbres parvenant à maturité, avec des essences diversifiées : 6 tilleuls, 7 marronniers, 6 platanes, 2 robiniers « pseudo-acacia », 3 érables, 2 cerisiers et 4 autre arbres malades, à couper. Une dizaine d’arbres sont manquants. Les arbres sont disposés en trois rangées parallèles. Une allée côté Est est constituée de pavés bien visibles sous l’herbe. La rangée d’arbre centrale étant parallèle à la façade d’entrée du Gymnase, cette allée est nettement visible de tout point lorsque l’on vient du Centre-Ville à pied par la rue du Gendarme Rouge, et se trouve ainsi dans le prolongement naturel du parvis d’entrée de cet équipement.

Phase b :le parti urbanistique.

Dés lors le parti urbanistique visé a été de conserver cette intéressante disposition d’urbanisme et de le renforcer pour créer un axe facteur d’unité et de clarté d’organisation de toute la zone. Cet axe se prolongeait au delà par le chemin du cimetière jusqu’au sommet de la colline de Méhon. Ainsi conçu, cet ensemble avait vocation de créer le lien entre l’arrivée par le pont, la place des Carmes et le début de la rue du Général de Gaulle, et la colline de Méhon en longeant le cimetière. La colline de Méhon est un des plus beaux points de vue sur la ville, comme en atteste de nombreuses photos, gravures ou peintures prises depuis le sommet de la colline. Tout un ensemble de chemins se trouvent ainsi reliés entre eux, en créant une cohérence. Ces chemins étaient bien connus des militaires, puisque l’on dit que c’était leur lieu de sorties nocturne dans quelques cabanes perdues dans les jardins, lieu de rendez-vous … Ce parti d’ensemble des espaces extérieurs a été validé en Comité de Pilotage d’élus du mercredi 6 janvier 1999, et inscrit au Projet de programme de Renouvellement Urbain de Février 2000.

Phase c : le projet présenté aux élus.

La cohérence proposée aux élus est ainsi venue d’un ensemble de projets qui se complétaient les uns les autres :

  • 1 – Transfert du centre des impôts depuis l’aile droite du château (qui ne pouvait plus supporter le poids des alignements d’armoires de 650 kg chacune) vers un des bâtiments de La Barollière
  • 2 – Réalisation des espaces extérieurs de La Barollière
  • 3- Réalisation d’un Château d’Eau au sommet de la colline de Méhon, point culminant du parcours et d’aboutissement (ou début) d’une promenade : espace privilégié pour localiser un belvédère, une vue panoramique, une placette, un départ de promenade, ..)
  • 4 – Réhabilitation du gymnase car aucun équipement sportif n’existait encore dans le secteur Nord-Ouest de la ville.
  • 5 – Un Foyer d’Accueil Spécialisé : il s’agit d’un établissement (Établissement Public de Rosière) pouvant accueillir jusqu’à 60 adultes légèrement handicapés, qui logent sur place. (travaux réalisés de janvier à décembre 1999).
  • 6 – Le bâtiment militaire Nord est utilisé comme bâtiment de stockage de matériel pour la ville.
  • 7 – Le deuxième bâtiment de casernement a été vendu à un promoteur immobilier créatif, pour le revendre en lots de12 maisons de ville avec leur jardin avant. Le promoteur aménage 100 m², et laisse accessible plus du double de la surface dans les étages … l’opération s’est faite très rapidement en 2001.
  1. La réalisation :

Les réalisations quasi simultanées ont été coordonnées dans un emboîtement des phases de chacune des opérations, suivant la figure 4-10 ci-dessus. Le procès de transformation du territoire se vérifie également, sur l’exemple qui suit, pour la réalisation d’un château d’eau.

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Notes :

[1] « Ces wagons, accrochés les uns derrière les autres, formeraient un train dont la tête serait près de Paris quand la queue quitterait Nancy ».
[2] Lunéville à travers les plans (LtP), Tableau de synthèse de 1265 à aujourd’hui, aux pages 120 &121.
[3] Henri Baumont, Histoire de Lunéville. Préface de Ch. Pfister. Lunéville, E. Bastien, libraire-éditeur, 1900. In-8 broché, couverture illustrée, (XIII+768pp). L 8°-301, page 9.
[4] Martine Tronquart, Le patrimoine civil de Lunéville, Coll. Images du patrimoine n°140, Inventaire général des Monuments et des richesses artistiques de la France, 39 pages, 1994. A noter : l’exposé d’urbanisme général p.3 à 15, le plan de la vieille enceinte de 1598 de C.MARCHAL (p.11), de la ville fin XVIIIème (p.11), des quartiers militaires en 1824 (p.8), du manège de La Barollière (p.37).
[5] Georges DUBY, Histoire de la France Urbaine, Tome III page 115 et Michel RAGON L’Homme et les Villes, Albin Michel, 215 p., 1995, page 156
[6] Martine TRONQUART, op. cit. et Hervé THIRION, diplôme d’architecture 2000.
[7] Ouvrage collectif coordonné par Philippe VAILLANT Histoire de Lunéville de 1265 à 2000, 129p. format A3, 30 plans, schémas et synthèses, nov 2000, avec des apports notamment de Jean-Pierre CARCIOFI, Henri MACOIN, Bernard JACQUOT, Myriam RABAGLIA.
[8] Idem, « Lunéville à travers les plans de 1265 à 2000 »
[9] Ce silence sur les sources écrites rejoint certaines conclusions de la thèse de Nicolas Poirier (2007)
[10] Sur lequel a attiré notre attention M.Laurent Schmidt, conservateur de la médiathèque de Lunéville en 1999
[11] p.52 du rapport HBM et LtP p.69
[12] p.46 du rapport
[13] Ce travail rejoint la construction identitaire de l’urbanité d’une petite ville, dans les termes de la thèse de Samuel Périgois (2006).