10.C. Géographie non dualiste ?

10.C Conclusion :

Nous sommes arrivé au terme de l’analyse scientifique et philosophique des notions nécessaires pour répondre aux questions posées par le schéma de questionnement de la partie I. Ces questions étaient de caractériser les 5 invariants rencontrés dans la pratique, et de comprendre comment ces cinq invariants fonctionnent ensemble. L’exposé de la pensée organique a permis de tracer le lien entre l’analyse des entités ultimes et l’analyse de l’expérience ordinaire. Le schéma qui suit résume et illustre la démarche intellectuelle qui a permis de proposer la pensée organique comme une réponse à la question de Guy Di Méo et Pascal Buléon sur le dépassement de la dichotomie entre le matériel et l’idéel dans L’espace social (2005).

Capture d’écran 2016-04-17 à 14.33.48

Figure 10‑4 : schéma du lien proposé entre la philosophie et la géographie

La nouveauté des idées scientifiques et philosophiques de Procès et réalité (1995), et la nécessité d’en proposer un exposé pédagogique dans la présente thèse n’a pas permis de développer l’approche plus sociologique d’Aventure d’idées (1993). Ce développement est apparu prématuré ici. Il pourra être fait dans le prolongement de la thèse avec la prise en compte également des travaux d’application à l’urbanisme et à l’environnement de Joseph Grange (1997 et 1999, non encore traduits de l’américain). Un prolongement possible serait également le rapprochement du schéma de questionnement avec la schématisation de Jean-Claude Dumoncel (1998, p.212) et la schématisation de la thèse de Pierre-Jean Borey (2007). Nous avons abordé de manière détaillée la notion de préhension et de procès (processus interne et externe), mais l’approche détaillée de la notion d’immédiateté présentationelle et de lieu de tension est nécessaire pour aller plus loin. Cela ne nous semble pas nuire ici à l’approfondissement du schéma de questionnement en terme de pensée organique.

Le tableau qui suit est la confrontation du schéma de questionnement de la partie I avec le fruit de l’exposé de la partie II. Il montre comment l’analyse génétique au niveau microscopique pourrait permettre d’esquisser une analyse génétique au niveau macroscopique. Les termes des notions impliquées sont tous des termes du langage courant, ce qui semble bien montrer, dans le droit fil de nos démonstrations, la pertinence de cette explication, et l’adéquation de l’explication des faits concrets de l’expérience ordinaire. L’approche organique donne une explication aux trois niveaux d’interprétation de l’expérience décrits par la FPH (P.Calame) dans le Cahier de propositions : Le territoire, lieu des relations : vers une communauté de liens et de partage de septembre 2001 (voir chap 3.B.3. p.87). L’approche organique a des liens forts avec les 14 autres approches présentées en partie I, chapitre 3 (PRH, HFC, B.Vachon, W.Twitchett, AIU, P.Braconnier, G.Di Méo, R.Vidal-Rojas, J.De Courson, P.Destattes &MC Malhomme, P.Sansot, E.Dardel, A.Berque, AITF). Elle est donc bien un langage commun à l’ensemble de ces démarches.

La grande différence entre cette démarche et l’approche traditionnelle réside dans l’articulation des notions au sein du procès. Dans l’approche traditionnelle, ces notions sont disjointes à la base à cause d’une conception de la matière comme substance inerte et sans spontanéité. Dans la pensée organique la démarche est inverse : les notions sont unies à la base, dans le réel ; on ne trouve pas, dans la nature comme dans la société, de substance inerte mais des entités actuelles qui sont des procès de devenir. La disjonction est uniquement le résultat d’une bifurcation (PR 289-290) qui ne correspond pas à l’expérience quotidienne ordinaire. La principale bifurcation est le dualisme cartésien qui entraîne l’erreur du concret mal placé  (prendre l’abstraction pour le réel) et la référence implicite ultime à une notion de substance inerte et sans spontanéité. La pensée organique répond donc au souhait de dépassement de « la dichotomie du matériel et de l’idéel » souhaité par Guy Di Méo et Pascal Buléon.

Il est récapitulé dans le schéma qui suit l’ensemble des acquis des parties I et II. Le schéma de la concrescence et de la transition présenté aux chapitres 7 et 8 s’enrichit ici de l’analyse de la dualité entre le pôle physique et le pôle mental qui est à la source de tous les dualismes apparents. Ce schéma se réfère au concret, au réel lui-même. Il n’est pas un modèle, une théorie, mais l’expression imagée du schème organique qui interprète l’expérience. Ce schème restera toujours à affiner en fonction de nos observations, de nos analyses, de nos « gouttes d’expérience ».

Capture d’écran 2016-04-17 à 14.35.57Capture d’écran 2016-04-17 à 14.36.32

Figure 10‑5 : Schéma de synthèse: la structure de l’expérience

Assurés maintenant de l’intérêt de la pensée organique, nous pouvons sans plus attendre la mettre en œuvre pour la définition des objets géographiques en cette fin de partie II. Ces définitions permettront des applications géographiques en partie III.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.